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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0016
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BADE.

Vous avez vu la ville de la terrasse où le nouveau château assoit le pavillon de Dagobert; vous
pouvez la voir sous un autre aspect de la cabane de Socrate.

La cabane de Socrate, remplacée maintenant par une large table de pierre autour de laquelle on a
disposé des sièges rustiques, est située derrière le palais de la Conversation, au sommet d'une colline sur
laquelle on arrive par des pentes douces. Tout à l'heure Bade fuyait sous vos pieds, maintenant la
ville s'élève en amphithéâtre devant vous.

Au premier plan, ce sont des maisons groupées d'où saillent les toits des hôtels et les cimes vertes
des arbres; plus haut, l'église et le clocher, le château et ses beaux ombrages couronnent la ville, et
derrière, comme fond de tableau, la montagne chargée de sapins, où surgissent les ruines du vieux
château (alte Schloss), antique résidence des margraves de Bade.

Tout au bord de l'Oosbaeh, sur la rive droite, le premier regard rencontre la résidence fleurie de
la princesse Stéphanie de Bade. C'est moins un palais qu'une villa pleine d'enchantements. De légers
grillages, où les fleurs s'enlacent, en protègent les berceaux et les corbeilles. La bienfaisance y
demeure avec la royauté.

Au soleil couchant, quand la lumière enflammée éclaire la cime des arbres et dessine les vives arêtes
de l'église, la grâce et l'harmonie de ce paysage saisissent le regard et l'éblouissent. Les grands
rochers qui couronnent la montagne s'illuminent; l'ombre monte de la vallée, et çà et là une poussière
d'or voile à demi les profondeurs de la forêt. La ville rayonne un instant, piquée çà et là d'étincelles;
une dernière flamme couleur de sang rougit le faite du vieux château perdu dans la sombre verdure,
puis la nuit tombe, et tout s'efface dans la brume. On ne voit plus au loin que de blanches vapeurs
errantes parmi les sapins.

C'est l'heure où l'on se promène sur la terrasse, l'heure où les élégantes baigneuses, rentrées des
excursions qui leur ont fait voir la Favorite, le Fremersberg ou la tour d'Yburg, viennent étaler les
modes nouvelles arrivées le matin même de Paris. C'est le boulevard des Italiens et les Champs-
Elysées du pays de Bade. On se rencontre, on se reconnaît, on s'assoit sous les orangers qui prodiguent
leurs parfums, et mille conversations s'engagent sous les tièdes haleines du soir.

Tous les royaumes de la terre ont là leurs représentants : voilà un Portugais, un Russe, un Espagnol,
un Suédois, un Italien, un Valaque, un nabab. Cette jeune fille aux yeux bleus arrive d'Ecosse; cette
femme aux cheveux noirs, de Madrid. C'est un congrès où toutes les grâces sont assemblées. L'artiste
y coudoie le diplomate, le poète le financier.

Chaque jour, et trois fois par jour, la musique réveille les échos de la colline : le matin, à sept
heures; l'après-midi, à trois heures; le soir, à sept. La musique militaire des régiments autrichiens en
garnison à Rastadt y joue chaque semaine, le mardi; et le mardi est devenu le jour à la mode.
Malheur aux toilettes qui ne seraient pas de la bonne faiseuse ce jour-là!

La musique militaire de l'infanterie badoise a son tour chaque semaine, le vendredi. Elle rivalise
d'harmonie et d'habileté avec la musique autrichienne, et le public d'élite qui les écoute et les applau-
dit y prend un plaisir délicat, toujours nouveau et toujours charmant.

Au palais de la Conversation il y a bal ou concert à peu près tous les jours. Le dimanche, concert
public dans la grande salle; lundi et mercredi, bal dans le Salon des fleurs; tous les quinze jours, bal
encore dans les nouveaux appartements, et puis au hasard, une ou deux fois par semaine, de magni-
fiques concerts où les plus fameux artistes du monde se font entendre tour à tour. Est-il besoin de
citer Allard, Sivori, Hermann, Roger, Servais, Faure, Alexandre Batta, Vivier, Jacquard, Wieniawski,
Botesini, Emile Prudent, Rubinstein, Vieuxtemps, mademoiselle Lefebvre, mademoiselle Caroline
Duprez, madame Miolan-Carvalho, madame Pleyel, madame Cabel, madame Viarclot, madame Massart,
et tant d'autres que j'oublie.

L'entrée de ces concerts n'est permise qu'aux personnes munies de lettres d'invitation. Le salon de
Bade est alors semblable aux meilleurs salons de Paris.

D'autres fois encore, vers la fin du mois d'août, des représentations dramatiques égayent la soirée.
 
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