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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0089
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ALLERHEILIGEN.

Combien de capitales seraient heureuses de boire l'eau des ruisseaux d'Achern !

Les jardins se mêlent aux maisons; le houblon et la vigne vierge grimpent le long des murs
et font des rideaux verdoyants aux fenêtres, et le tout ensemble a un air frais et souriant qui
plaît aux yeux. Un monument de pierre rouge, situé sur la grande place, témoigne de la recon-
naissance de la ville envers le grand-duc Léopold, qui l'a embellie. On y voit sa statue couronnée
par un génie.

Maintenant on n'a plus qu'à demander au maître de l'hôtel, où un excellent déjeuner vous a été
servi, la voiture que vous voulez pour cette promenade de quelques heures : omnibus, calèches, chars
à bancs, cabriolets, sont à votre disposition. Mais quel que soit le véhicule que vous adoptiez, le
postillon jaune du pays badois montera sur le siège en compagnie de son cor.

Un postillon badois abandonnerait plutôt son fouet, ses bottes et ses chevaux que son cor. Le cor et
le postillon ne font qu'un : ils sont unis par des liens indissolubles représentés par une fourragère ornée
de glands énormes que le postillon porte en écharpe.

Après que le postillon est sur son siège, regardez bien le pays où la voiture s'engage. Il est fait tout
exprès pour qu'on le regrette aussitôt qu'on l'a quitté. La route côtoie un torrent, traverse des ponts
de bois supportés par deux poutres, coupe des villages coquettement assis dans des prairies ou sur la
lisière des bois. Ce ne sont partout que ruisseaux qui babillent sur les pierres, passerelles rustiques
que le pied d'un enfant fait trembler, chalets posés sur des collines vertes, troupeaux errants dans la
solitude, pauvres églises aux toits aigus et tapissés de mousse, ravins où l'eau bouillonne, cascatelles
qui font crier la roue d'un moulin, forêts profondes où la brume du matin promène ses vapeurs légères
pareilles à des robes de fées en voyage, vallons arrondis où se cache une maisonnette, jeunes fdles
en corset rouge qui passent une gerbe sur la tète, rochers à pic où frissonnent la ronce et le houx,
hères montagnes qui s'étagent jusqu'à l'horizon, humbles jardins que la ruche parfume, vergers tout
remplis d'herbes et qu'égayé le vol des ramiers, hameaux que révèle le son d'une cloche, longues
vallées que pressent les sapins.

Allez toujours, les surprises ne vous manqueront pas.

La route qui va d'Achern aux montagnes derrière lesquelles se cache Allerheiligen traverse d'abord
une longue suite de campagnes coupées de prairies et de bouquets d'arbres. On atteint bientôt Ober-
Achern, situé presque à l'entrée du Kapplerthal; on laisse à gauche les hauteurs escarpées de la
Hornisgrinde, et l'on n'est plus bien loin de Kappel-Unterrodeck.

L'Acher, qui commence au confluent de l'Untcr-Wasser et du Seebach, a tout à fait l'allure d'une
rivière qui a donné des rendez-vous dans la plaine et qui craint toujours d'arriver trop tard. Elle saute
par-dessus les rochers et court au grand galop avec un fracas terrible. Elle n'a pas toujours deux pieds
de profondeur et fait plus de bruit que le Rhône

Quand la voiture commence à grimper la pente du Solhberg, le paysage prend de la grandeur. Les
villages ont disparu; plus de hameaux ; à peine de loin en loin, sur le flanc d'un rocher, une cabane
que trahit un brin de fumée. La grande chaîne des montagnes s'abaisse derrière vous. On n'entend
plus, dans le creux des vallées, que le bruit de la cognée qui frappe les vieux arbres. Quelquefois les
nuées que pousse le vent se déchirent en flocons aux cimes des montagnes. Quand on regarde derrière
soi, on voit fuir jusqu'à la plaine les croupes vertes de la forêt, et tout au fond, comme un fil d'argent
dans un rideau de gaze, le Rhin aux longs détours.

Des paysans vêtus de grandes bottes qui montent jusqu'au genou, de longues redingotes bleues ou
grises, de gilets d'écarlate à boutons d'argent, et de larges chapeaux retroussés par un côté, descendent
des hauteurs inconnues de la forêt Noire et poussent devant eux de lourds chariots chargés de bois.
Ils fument à côté de leurs bœufs et saluent les voyageurs gravement.

Un escalier qui aboutit à un banc circulaire a été ménagé sur le flanc d'une montagne d'où la vue
s'étend jusqu'aux Vosges. Les cimes qui s'abaissent vers la plaine forment comme les degrés gigan-
 
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