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Coignet, Jules [Hrsg.]; Achard, Amédée [Hrsg.]
Bade et ses environs — Paris, 1858

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https://doi.org/10.11588/diglit.11216#0091
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ALLERHEILIGEN.

Auprès des ruines éparses du monastère derrière lequel court un torrent furieux, on peut trouver
l'hospitalité dans la maison d'un garde forestier. Cette maison est toute blanche avec un toit rouge.
Au premier étage, une longue salle partagée au milieu par une longue table attend les voyageurs.
Quelques oiseaux empaillés, placés au sommet de l'escalier de bois qui conduit à cette salle, offrent
un échantillon des richesses ornithologiques de la forêt.

Mais il n'y .a pas que des ruines à Allerheiligen. Un guide se présente, petit garçon de quinze à
seize ans, à la mine tranquille et douce; suivez-le. Bientôt vous laisserez derrière vous ces balustrades
décorées de lichens, qui marquent encore l'enceinte du vieux jardin de l'abbaye, et vous pénétrerez
sous de grands arbres chargés de mousse qui ombragent un sentier vert.

L'enfant et le sentier vous conduiront aux Sept-Cuves, — Sieben-Butten. Les Sept Cuves portent
ordinairement le nom des Sept Cascades.

Il n'y en a pas sept, il y en a neuf ou dix. Chose étrange! l'étiquette n'exagère pas, elle
diminue.

Le sentier dans lequel on s'engage rampe sur le flanc droit de la gorge profonde dans laquelle
court et se précipite le Grundenbach ou Lierbach, entre deux parois de la montagne coupée à pic.
Il file comme une couleuvre au travers des arbres et des rochers jetés pêle-mêle au milieu des
escarpements de la montagne. Ce sentier monte et descend, se tord et fuit; une racine l'embarrasse,
un quartier de roc l'interrompt, des buissons l'obstruent, mais il se fraye un passage parmi tous les
obstacles et poursuit sa course.

Çà et là, par la pointe extrême d'une arête, on peut voir jusqu'au fond de l'abime ; le torrent apparaît
alors comme un mince ruban d'argent. Il a l'éclat et l'immobilité luisante d'une lame d'acier sur
laquelle tomberait un rayon de soleil. L'œil ne perçoit plus la fugitive agitation de l'eau qui bouillonne;
mais partout, sur les murailles de rochers escarpés qui l'enserrent, pendent la chevelure tremblante
des bouleaux et le noir feuillage des sapins. Le torrent se montre par intervalles; on dirait les écailles
d'un serpent monstrueux. Une poussière blanche voile parfois les profondeurs du ravin : c'est l'écume
des cascades que le vent disperse.

Aussi loin que le regard puisse aller, il se perd dans un océan de montagnes qu'abritent de ver-
doyantes forêts. Des oiseaux de proie planent dans l'espace, tandis que le grondement sourd du torrent
retentit sous vos pieds.

De la hauteur où l'on marche on ne voit qu'un gouffre au-dessus duquel se hérissent des sapins et
des chênes. La pente est roide et semée de blocs de rocs énormes dont les angles nus saillent dans
l'espace.

Quand on s'arrête sur la pointe décharnée de quelqu'un de ces rochers, la vue s'envoie de cime eu
cime jusqu'à l'horizon où d'autres montagnes profilent leurs silhouettes bleues. Ce sont des cimes par
delà des cimes, des forêts plus loin que des forêts : un abîme à vos pieds et le ciel par-dessus. Si le
ciel est voilé de quelque brunie, la lumière, tamisée çà et là par les nuages, donne à ce paysage
grandiose un caractère et des harmonies que nul pinceau ne peut rendre. Des pans entiers de mon-
tagnes restent dans l'ombre ; d'autres sont couverts d'une clarté blonde. De grands rochers rouge
de sang, frappés par le soleil ou lavés par la pluie, coupent la verdure profonde du ravin où gronde
le torrent.

On ne peut voir ces beaux lieux si sauvages, si poétiques clans leur solitude, sans se rappeler la grande
Chartreuse de Grenoble. C'est le même éloignement des villes, la même recherche des retraites
abandonnées des hommes.

Cependant, après une marche de trois quarts d'heure, le sentier pénètre au plus profond de la
vallée; un dernier pas vous rapproche du lit même du torrent, tout au creux de cette brèche qui
porte le nom de Buttenschrofen. Si vous levez les yeux, vous verrez tout en haut, perdus dans
la lumière et pareils à des herbes, ces sapins énormes que tout à l'heure vous touchiez de la main;
 
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