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tait" confiné dans quelques groupes d'origine orientale. Des Africains
ont traduit en latin les livres sacrés. Dès la fin du IIe siècle, les
chrétiens d'Afrique ont un grand écrivain, l'apologiste Tertullien,
de Carthage, et de nombreuses cités dans l'Afrique proconsulaire, en
Numidie et même en Maurétanie, possèdent un groupe chrétien
dirigé par un évêque. Les persécutions, qui commencent en 1 80, sous
le règne de Commode, n'arrêteront pas le zèle des apôtres et ne
diminueront pas le nombre des fidèles. Au milieu du IIIe siècle,
l'église de Carthage, avec saint Cyprien pour évêque, ne tient guère
moins de place dans l'ensemble de la vie chrétienne que celle de
Rome.

Il n'est pas douteux que les progrès du christianisme mettaient
en question tous les principes du monde antique, rendaient caduc
tout l'édifice de la société organisée par Rome. On s'explique ainsi
que, malgré leur tolérance habituelle à l'égard des cultes nouveaux,
les empereurs aient aperçu dans celui-ci une menace, un danger,
et qu'ils aient voulu le supprimer. Mais le mouvement spontané des
choses est plus fort que n'importe quelle résistance humaine. Le
christianisme avait, dans l'Empire, trop de chances de son côté
pour qu'on pût le réduire par des mesures législatives. A propre-
ment parler, s'il y a eu coïncidence entre les progrès du christia-
nisme et la décadence de l'Empire, ce n'est pas qu'il y ait, du premier
fait au second, une relation de cause à effet ; c'est que le succès du
christianisme et la désagrégation de l'Empire sont deux phénomènes
préparés par les mêmes causes, deux résultats du même état d'esprit
général, qu'on peut résumer en quelques mots : l'esprit romain
disparaît ; les populations perdent le sens de la solidarité romaine,
de la coopération ; on se désintéresse du bien commun. La société
romaine du IIIe siècle se disloque ; dans ce désarroi qu'il n'a pas
créé, le chritianisme prépare les conceptions qui détermineront une
reconstruction sur un plan nouveau.

*

* *

Ainsi l'Afrique a reflété fidèlement le mouvement général de
l'histoire romaine, dans la phase d'ordre et d'organisation comme
dans la phase de trouble et de destruction. Il est resté, dans sa phy-
sionomie, des traits propres, qui la distinguent des autres provinces
de l'Empire : par-dessus tout, semble-t-il, un tour d'esprit réaliste
 
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