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Albertini, Eugène
L ' Afrique romaine — Algier, 1937

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https://doi.org/10.11588/diglit.19140#0099
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— 69 —

moyens matériels de la civilisation antique, ayant en outre assez
souvent le tort de s'en tenir à une politique timide, à courte vue,
ils ont commis la faute de ne pas s'avancer assez loin en Afrique.
Ils n'ont pas tenu le Sahara, à peine en ont-ils reconnu les abords.
Dans la région correspondant aux départements d'Alger et d'Oran,
ils n'ont occupé vraiment qu'une bande littorale assez étroite. C'était
rendre précaire la possession du Tell, que de le laisser en bordure
d'un hinterland inconnu, inexploré, plein de menaces ;; et encore les
Romains toléraient à l'intérieur du Tell des cantons mal pénétrés
et peu soumis. La masse territoriale des possessions romaines en
Afrique était insuffisamment lourde, et pas assez compacte.

En second lieu, une faiblesse venait du fait que j'ai signalé, le
manque d'éléments immigrés. Les Berbères avaient été romanisés
de l'extérieur, par des instructeurs ; mais ils étaient restés Berbères
et entre Berbères ; très peu d'unions s'étaient faites entre Ber-
bères et non Berbères. Il n'y avait pas eu ce mélange, ce brassage
d'éléments hétérogènes qui est nécessaire peut-être pour qu'une
civilisation soit vigoureuse et tenace. La romanisation a conservé
un peu, en Berbérie, le caractère d'un enduit superficiel. Elle n'a
pas pu résister à la poussée du vieux fond autochtone, le jour où
la coupure des liens politiques a forcé la Berbérie à vivre indépen-
damment de Rome. Et nous constatons ici un effet local du phé-
nomène qui est la grande faiblesse de la Rome impériale, la dépo-
pulation, la disparition des éléments proprement romains et ita-
liens.

En troisième lieu, dans l'effondrement de la culture romaine
en Afrique, la crise économique a une grande part. Cette crise
économique, à partir du milieu du 111° siècle, a été générale dans le
monde romain : partout la production et les échanges ont été
troublés et ralentis ; il n'y a, pour en avoir le signe tangible, qu'à
suivre l'altération progressive des monnaies, pièces d'or dont le
titre et le poids diminuent de façon constante, pièces d'argent d'où
l'argent finit par être complètement absent. En Afrique, la crise
est particulièrement grave, parce qu'elle rend intolérable l'existence
de toute une catégorie de gens, les colons, les travailleurs attachés
à un sol dont ils ne sont pas propriétaires. Ruinés par les corvées,
par la mévente, par les manœuvres des gros propriétaires dont ils
dépendent, ils veulent sortir d'une société où ils sont misérables.
La voie tout indiquée, c'est le retour à la société indigène d'où la
 
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