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Oppermann, Charles A. [Hrsg.]
Album pratique de l'art industriel et des beaux-arts — 4.1860

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No 3 (Mai-Juin 1860)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26966#0019
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21

L’ART INDUSTRIEL. — A' ANNEE.

MAI-JUIN 1860.

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lm.30 de diamètre, et supporte une statue représentant une femme
demi-nue soutenant un vase d'où jaillit l'eau qui alimente la fontaine.

Ce petit monument exécuté par M. Barbezat, maître de forges à
Paris, pèse 2.660 kil. et est revenu, sans être bronzé, à 3,500 fr.

Poteaux indicateurs du Bois de Boulogne.

On a placé dans le Bois de Boulogne, pour les prescriptions à faire
connaître au public, des poteaux en fonte d’ornement, aux armes de la
Ville de Paris, portant une plaque d’inscription à double face, dont le
centre est à une hauteur de 2m.65 au dessus du sol.

Les planches d’inscription sont en zinc fondu, très-minces et rappor-
tées sur chaque face dans des tables renfoncées, réservées à cet effet
dans la plaque en fonte, où elles sont maintenues au moyen de deux
boulons, dont les têtes et les écrous figurent de petites rosaces en
saillie.

Ces poteaux ont été préservés de l’oxydation en les revêtant d’une
couche de cuivre par le procédé Oudry; on obtient ainsi, sans peinture,
l’aspect du bronze qui se maintient sans entretien.

Les lettres pour l’inscription sont bronzées par le même procédé sur
fond imitant l’émail blanc.

Chacun de ces poteaux, tout compris, revient à 198 fr. 50.

Statues des poètes et écrivains français.

En France, la gloire des Lettres a toujours marché de pair avec la
gloire militaire. Les statues élevées aux poètes et aux littérateurs qui
ont acquis un grand renom sont donc presque aussi nombreuses que
celles élevées aux guerriers. On accuse notre époque d’indifférence et
notre nation de légèreté, c’est à tort; et, dans cette espèce de galerie
nationale qu’offrent les places publiques de nos villes de province, les
illustrations éclatantes et populaires, comme les gloires les plus mo-
destes, ont de nombreux représentants. Si la Ferté-Milou et Rouen
ont élevé des statues de marbre et de bronze à nos deux grands poètes
tragiques, Corneille et Racine, et, s’ils ont choisi M. David pour les
exécuter, le Havre a voulu honorer le disciple de ces grands poètes et
a voté une statue à Casimir Delavigne, chargeant également M. David
de son exécution. Le statuaire a représenté le poète debout, la main
droite appuyée sur le manuscrit des Messéniennes, qui est posé sur
l’autel de la patrie. A ses pieds sont un aigle foudroyé et un sabre brisé.
Château-Thierry, de son côté, s’est souvenu que la Fontaine était né
dans ses murs, et a décidé qu’une statue du bon fabuliste décorerait sa
principale place. L’austère Malherbe lui-même, le poète de la forme
abstraite et précise, a été, de là part de sa ville natale, l’objet d’une
glorieuse ovation. Caen a confié à M. Dantan aîné l’exécution de la
statue du rigoureux versificateur qui fixa la langue. Cette statue figure
avec celle de l’illustre auteur de la Mécanique céleste, Laplace, en avant
et des deux côtés du péristyle des bâtiments de son université. M. Barre
fils a exécuté cette dernière statue.

Nos moralistes et nos grands prosateurs ne sont pas oubliés. Périgueux
et Bordeaux ont voté toutes deux des statues à Montaigne. La statue de
Périgueux, coulée en bronze, sort de l’atelier de M. Lanno. Le même ar-
tiste a terminé, pour cette même ville, la statue de Fénelon, également
en bronze. Bordeaux, de son côté, a voulu placer auprès de la statue de
Montaigne celle de Montesquieu. Montbard rend à Buffon un hom-
mage de même nature; sa statue en bronze, œuvre de M. Dumont,s’élève
sur l’une de ses places. Montbelliard s’est piqué d’honneur, Montbelliard
la patrie de Georges Cuvier; cette ville a décidé qu’une statue en
bronze serait élevée à ce génie encyclopédique, qui apporta à pénétrer
les mystères de la nature, et au classement de ses œuvres, celte vigueur
d’esprit et celte méthode que Buffon avait mises à les décrire.

Un des amis de Cuvier, et son rival dans la science, Fourier, le
principal collaborateur du grand ouvrage sur l’Égypte, a reçu, dans
Auxerre, sa ville natale, un semblable hommage. Sa statue en bronze,
exécutée par M. Faillot, figure sur l’une des places de cette ville.
Étampes, de son côté, a élevé à Geoffroy Saint-Hilaire une statue en
marbre, œuvre de M. Élias Robert. Enfin Tours et Digne se sont rap-
pelé que deux philosophes, deux illustres savants étaient nés dans leur
voisinage : Tours a voté une statue à Descartes, et Digne une statue à
Gassendi. La statue de Descartes, inaugurée en 1852, est l’un des meil-
leurs ouvrages de M. le comte de Nieuwerkerke. La statue de Gas-
sendi a été exécutée par M. Ramus.

La nation, en glorifiant ses poètes, ses moralistes et ses savants, ne
pouvait oublier les hommes dont les travaux et les découvertes ont con-
tribué à faciliter l’élude des Lettres anciennes et à populariser les pro-
ductions du génie en les reproduisant à l’infini. Ducange, le savant au-
teur du Glossaire de la basse latinité, Guttemberg, l’inventeur de
l’imprimerie, avaient droit tous deux à un hommage public et dura-
ble. La statue en bronze de Ducange, érigée à l’instigation de la So-

ciété des Antiquaires de Picardie, et que M. Caudron a été chargé d’exé-
cuter, décore l’une des places publiques d’Amiens, sa ville natale, depuis
1851. Le même honneur avait été antérieurement rendu à Guttem-
berg, en 18A0, lors du quatrième anniversaire séculaire de l’invention
de l’imprimerie ; sa statue en bronze, l’un des plus remarquables ou-
vrages de M. David d’Angers, a été inaugurée à Strasbourg.

Indépendamment de Ducange, Amiens s’était rappelé un de nos
poètes les plus charmants du dernier siècle, Gresset, et elle avait inau-
guré, dans la bibliothèque de la ville, sa statue en marbre, œuvre de
M. Forceville-Duvette. Aujourd'hui elle veut encore honorer le pro-
fessorat dans la personne de l’un de ses membres les plus utiles et les
plus populaires, le vertueux Lhomond, originaire aussi du Département
de la Somme. Sa statue en bronze, œuvre de M. Forceville-Duvette,
doit être placée dans la cour du collège d’Amiens.

On a souvent répété que la France n’avait pas eu un seul grand his-
torien. Serait-ce là le motif de la singulière indifférence du pays pour
les hommes qui ont écrit son histoire, les Mézerai, les de Thou, les
Daniel? Après tout, cette indifférence n’est-elle pas justement moti-
vée? Quel monument, en effet, ont laissé ces hommes? A notre
avis, l’instinct du pays est plus sûr qu’on ne le suppose; il soulèvera,
au besoin, le pesant amas des siècles pour remetlre en lumière des
gloires plus modestes, mais plus réelles. C’est ainsi que Valenciennes
rendra à Froissart, notre grand chroniqueur, et peut-être notre meil-
leur historien, l’hommage refusé à des noms plus retentissants, et lui
fera élever une statue dans ses murs ; c’est ainsi que Jacques Amyot,
le savant traducteur de Plutarque, s'étonnera tout naïvement de se
voir l’objet d’un pareil honneur, qui lui sera rendu par Melun, sa ville
natale.

Un homme qui fut à la fois savant légiste, magistrat intègre, poète
ingénieux et historien distingué, Guy-Coquille, l’une des célébrités des
Lettres et du Barreau de son temps, et que ses contemporains, frappés
de sa haute capacité, envoyèrent trois fois comme Député aux Etats-Gé-
néraux de Blois et d’Orléans, n’a pas été oublié par Decize, où il avait
pris naissance. Cette ville lui a voté une statue en bronze, que M. Ro-
chet a exécutée avec le talent qui le distingue.

§tatracs des artistes

Peintres, Sculpteurs, Compositeurs.

Les grands compositeurs ont-ils droit aux mêmes honneurs posthu-
mes que les poètes, les littérateurs, les savants, les philosophes? Nous
devons le croire en voyant les monuments et les statues qui leur sont
consacrés. Au commencement du siècle, on avait dressé dans Paris
même une statue à Grétry, et l’on avait élevé à Givet un monument
à Méhul, monument qui vient d’être renouvelé. Rouen a voulu que
la statue de Boïeldieu fût placée à côté de celle de Corneille, et c’est
M. Dantan aîné, l’auteur de Duquesne, qu’elle a chargé de son exécu-
tion. Abbeville, de son côté, a décidé qu’un pareil hommage serait
rendu à Lesueur, qui naquit dans ses murs, et que Napoléon voulut
décorer de sa main sur le théâtre même de ses succès. Celte statue,
œuvre de M. Louis Rochet, a été inaugurée le 10 Août 1852. Enfin,
et nous mentionnons ce fait par exception, l’un de nos premiers sculp-
teurs, M. Étex, a exécuté une statue en marbre de Rossini, que les
admirateurs de l’illustre maestro ont placée sous le péristyle de l’Aca-
démie de Musique.

La musique, comme on voit, n’a pas sujet de se plaindre de la recon-
naissance nationale. Les arts du dessin sont moins favorisés, sans être
pour cela moins populaires. On admire l’œuvre, mais on oublie l’au-
teur. Parmi nos peintres et nos sculpteurs nationaux, bien peu ont
échappé à l’indifférence des contemporains. Jacques Sarrazin et Pu-
get pour les sculpteurs, Nicolas Poussin, Eustache Lesueur, Claude
le Lorrain et de la Tour pour les peintres sont les seuls artistes dont,
jusqu’à ce jour, la Statuaire monumentale ait consacré le souvenir.
M. Malknecht a été chargé, par la ville de Noyon, d’exécuter la statue
de Jacques Sarrazin. Un buste en marbre de Puget décore, à Marseille,
la fontaine placée devant la maison où naquit l’énergique sculpteur, et
M. Ramus vient d’achever sa statue en marbre pour la même localité.

Par les soins d’un comité de souscription, à la tête duquel s’était
placé un digne appréciateur de toutes les gloires et de tous les genres
de mérite, M. le duc de Broglie, une statue a été élevée, il y a quel-
ques années, aux Andelys, au peintre du Déluge et du Testament d’Eu-
damidas.

La Société libre des Beaux-Arts a eu l'heureuse idée d’élever à Le-
sueur une statue sur l’emplacement même de l’ancien cloître des Char-
treux, près du jardin du Luxembourg, que ses immortelles peintures de
la vie de saint Bruno avaient décoré, et M. Husson a été chargé de
son exécution. La ville de Saint-Quentin a inauguré la statue en bronze
de De la Tour, l’habile portraitiste que ses pastels ont rendu célèbre.
 
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