546
L E T T E R E
l) E L c O N T E
ALGAROTTI
VII.
à Venise ce 24 de Avrîl 1755.
Vus étes charmant de commencer vôtre
ministere par tenir parole. Vôtre mémoi-
re ro' a fait un plaisir infxni ; il m’ est pré-
cieux comme un gage de vôtre amitié, et
comme un écrit où la saine raison et V
ésprit le plus fin se trouyent dans une par-
faite alliance. Les Italiens devroient vous
lire et se corriger s’ ils peuvent. Le plus
grand mal pour la pauyre Italie, comme
nous r avons dit souvent ensemble, c’ est
qu’ elle n’ a ni capitale ni cour ; c’ est qu’
elle est partagée et esclave. La gloire des
lettres est ordinairement jointe à celle des
armes ; et rarement 1T on estime îa pluine
d’ une nation dont on ne craint point l’ é-
pée. Vous étes bien heureux,
Fran-
L E T T E R E
l) E L c O N T E
ALGAROTTI
VII.
à Venise ce 24 de Avrîl 1755.
Vus étes charmant de commencer vôtre
ministere par tenir parole. Vôtre mémoi-
re ro' a fait un plaisir infxni ; il m’ est pré-
cieux comme un gage de vôtre amitié, et
comme un écrit où la saine raison et V
ésprit le plus fin se trouyent dans une par-
faite alliance. Les Italiens devroient vous
lire et se corriger s’ ils peuvent. Le plus
grand mal pour la pauyre Italie, comme
nous r avons dit souvent ensemble, c’ est
qu’ elle n’ a ni capitale ni cour ; c’ est qu’
elle est partagée et esclave. La gloire des
lettres est ordinairement jointe à celle des
armes ; et rarement 1T on estime îa pluine
d’ une nation dont on ne craint point l’ é-
pée. Vous étes bien heureux,
Fran-