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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0083
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MONUMENTS, ETC.

LXXIII

incroyables éclos dans les déserts et les solitudes de l'Egypte par des circonstances
purement extérieures, par des visions fruit de cerveaux malades ou peu nourris.
Sans nier l'influence des conditions physiques où se trouve l'individu sur la pensée
humaine, je ne crois pas qu'il suffise de parler de jeûnes immodérés, de chaleur
excessive pour expliquer la manière d'écrire des auteurs coptes à l'époque chré-
tienne. Pour moi, j'y vois un véritable genre littéraire cultivé à dessein comme il
avait été reçu des ancêtres. Ces vies, ces panégyriques ne sont que des hymnes
épiques en l'honneur du personnage que l'on veut célébrer. Et de plus il faudrait
bien se garder d'appeler imposture et imposteurs une telle manière d'écrire et ceux
qui s'en servent : l'auteur copte n'a envie de tromper personne, c'est un très honnête
homme qui cherche avant tout sa satisfaction personnelle et celle des auditeurs ou
lecteurs qui sont dans les dispositions voulues pour être admis à ce festin délicat,
très heureux et très fier des ingénieux moyens qu'il a trouvés pour se procurer
cette délectation intellectuelle, peu inquiet des objections qu'ils peuvent soulever,
prêtant de lui-même le flanc à la critique et fournissant, avec la plus grande naïveté,
des armes à ceux qui voudraient l'attaquer et le convaincre d'imposture. Peu à
peu, il se grise lui-même de ses propres récits, il arrive à les croire, et ses lecteurs
les ont crus avec lui, doué ainsi de cette faculté intense qui fait que le créateur
d'une œuvre littéraire vit lui-môme dans son œuvre et croit à la réalité de ses
fictions. J'imagine que les grands poètes épiques, les troubadours et les trouvères
de notre beau moyen âge firent de même, crurent en leurs œuvres. Mais va-t-on
demander à Torquato Tasso compte de son merveilleux et l'accuse-t-on d'impos-
ture parce qu'il a su charmer ses lecteurs par des récits dont il est impossible d'ad-
mettre la réalité? Personne n'y pense. Je crois qu'on doit faire de même pour les
auteurs coptes, pour ces chantres du monachisme ou des martyres. Que si l'on
m'objecte que cette manière de voir est nouvelle, je ne le nierai pas; mais je ré-
pondrai qu'elle est basée sur des faits minutieusement étudiés et sévèrement ana-
lysés; et pour apporter une preuve de plus je dois dire que l'Egypte actuelle foi-
sonne de personnages regardés comme saints, et que sur leur compte courent des
récits aussi merveilleux que ceux dont Visa composa jadis son panégyrique en
l'honneur de Schnoudi. Je demande la permission d'en citer quelques-uns, ceux
d'abord qui sont de date plus éloignée, les faits que l'on m'a racontés et ceux dont
j'ai été moi-même le témoin.
 
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