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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0086
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LXXVI

E. AMÉLINEAU.

Un autre qui vit encore a fait le vœu de ne jamais s'asseoir et de courir toujours
dans la région déserte et inculte qui s'étend entre Zagazig et Tanis. L'autorité
musulmane l'ayant poursuivi parce qu'il devenait dangereux aux voyageurs, il a
dû quitter le théâtre de ses exploits. L'avenir lui réserve sans doute sa récompense :
on lui bâtira une mosquée.

Mais ce sont là des faits anodins; le scheikh Soliman que la terre a encore le
bonheur de posséder a donné de bien autres exemples. Ce scheikh habite la mou-
dirieh de Benisouef et le petit village de Bellifyeh. J'ai eu le bonheur de fouler de
mes pas profanes le sol sacré, témoin des merveilles de ce nouveau thaumaturge.
Né à Abousir de parents riches, il a reçu une éducation soignée et chacun croyait
en son âme et conscience qu'il serait un bon musulman et accroîtrait selon son
pouvoir le nombre des enfants du prophète. Mais les joies de la terre furent dé-
daignées par lui, les grossiers plaisirs de la chair ne furent jamais l'objet de sa con-
voitise. Sa vertu commença de se manifester un jour qu'il marchait sur la voie
ferrée de la Haute-Egypte : comme cette voie est la meilleure route, chacun y
marche à l'aise, ayant soin de s'écarter quand le char de feu s'annonce. Soliman
y marchait donc un jour comme les simples mortels, mais quand arriva le monstre
vomissant le feu et la flamme, fendant l'espace dans une course haletante, le thau-
maturge nouveau resta fièrement planté au milieu des rails, et la locomotive pieuse,
refusant d'écraser un si saint personnage, s'arrêta net à deux pas de lui, au grand
étonnement des voyageurs meurtris. De ce jour la sainteté de Soliman fut reconnue :
tout le monde le vénéra sans qu'on perdît cependant l'espoir de lui faire épouser
quelque belle personne qui le rendrait père de beaux enfants. Gomme rien n'y
faisait, on prit un moyen radical. On choisit une jeune fille qui voulait bien con-
sentir à devenir l'épouse du saint jeune homme, on l'introduisit dans une maison
destinée à abriter les amours des nouveaux conjoints, et, le soir venu, la fille bien
instruite, on fit entrer Soliman qui n'était au courant de rien. Les maisons des vil-
lages égyptiens n'ont que des fenêtres étroites par lesquelles il n'est guère possible
qu'un homme puisse passer, et l'on ferma solidement la porte que gardèrent des
gens déterminés. On croyait être sûr du résultat. Vaine prudence des humains, tu
n'as jamais pu, par tes calculs les plus compliqués et tes batteries les mieux dressées,
mettre en faute la providence divine! Le lendemain matin, alors que le village
entier s'apprêtait à féliciter l'heureux Soliman, on le vit venir du côté du désert,
 
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