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Amélineau, Emile
Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction (Band 1): Monuments pour servir à l'histoire de l'Egypte chrétienne aux IVe et Ve siècles: textes et traduction — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.14320#0087
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MONUMENTS, ETC.

LXXVII

et chacun s'enfuit rempli d'effroi. Il venait, en effet, monté sur un lion, le roi du
désert, et le guidant comme un cheval docile au moyen d'un immense dragon
qui lui servait de frein. Les projets grossiers de ses parents furent alors abandonnés :
le scheikh Soliman, depuis ce jour, put vivre dans sa maison solitaire, adonné à
tout les exercices de la plus fervente piété. Un jour, il se trouvait dans un village
voisin, nommé Bahah, car il ne réserve pas la vue et les bénéfices de sa sainteté
au seul lieu de sa naissance; il était allé demander l'hospitalité à l'un de ses amis.
J'ai eu moi-même l'honneur et le plaisir de trouver bon gîte et bon couvert dans
la même maison. Par hasard, l'arrivée de Soliman chez son ami coïncida avec la
présence dans le village d'une sainte femme, native d'Ellahoun et nommée scheikha
Zénab. Il ne paraîtra surprenant à personne que ces deux amis de Dieu, se sachant
au même village, aient eu le désir de se voir pour se communiquer les faveurs
respectives que la bonté d'Allah leur accordait : jadis en Occident, une fois par an,
Scholastique recevait la visite de son frère Benoit et réchauffait son âme en des
colloques spirituels. La conversation de Soliman et de scheikha Zénab fut pieuse
en toute manière ; elle se serait continuée longtemps, si l'une des propositions avan-
cées par Soliman n'eût choqué les oreilles et le cœur de son interlocutrice. La
dame se leva furieuse, et d'une main vigoureuse elle appliqua un soufflet retentis-
sant sur la joue étonnée de Soliman ; puis elle s'en alla sans lui adresser ni un
regard, ni une parole. La stupéfaction des assistants fut grande, on fit des représen-
tations au souffleté; mais lui, voyant plus loin que les simples profanes qui l'en-
touraient : «Amis, dit-il, ne soyez point surpris et louez Dieu : cette femme est
plus avancée que moi dans les voies du Seigneur!»

Le village de Bahah où se passa cette scène de sainte colère et d'humble rési-
gnation semble un lieu favorisé du ciel, et ici je dis ce que mes yeux ont vu et mes
oreilles entendu. Pendant le séjour que j'y ai fait, dans la maison même où avait
eu lieu le colloque interrompu de Soliman et de Zénab, j'appris que des actes
extraordinaires se passaient à quelques pas de moi. Un dévot personnage, nommé
Bereqa (ce qui signifie petit voile), en était le héros, et chez lui la sainteté n'avait pas
attendu le nombre des années, car à peine âgé de vingt-deux ou vingt-trois ans il
était déjà vénéré comme l'eût été un vieillard blanchi sous le harnois de la sainteté.
Cependant jusque vers sa vingtième année, rien n'avait semblé le prédestiner à
la haute vocation qui devait être la sienne; il était jeune d'idées et de désirs comme
 
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