PRÉFACE. xxTii
Chalcédoine fut fatale à l'Egypte. Non que le gouvernement grec
se désintéressât tout à fait de l'Egypte : il avait trop d'intérêts
attachés à cette province pour la perdre; mais les controverses
tliéologïques et la faiblesse des empereurs grecs, les perpétuelles
révolutions du palais impérial à Constanlinople empêchaient
les efforts d'un gouvernement bien suivi. Puis les gouverneurs
allaient en Egypte pour faire avant tout leur fortune, ils cher-
chaient à faire rendre à ce pays le plus d'impôts possible, et,
dans toute la hiérarchie des fonctionnaires, depuis le préfet
augustal d'Alexandrie jusqu'au plus simple soldat, chacun
agissait de même: on pressurait celui que nous nommons à
présentie Copte, on l'humiliait le plus qu'on pouvait. Il est vrai
que souvent le Copte se révoltait, et, quand il ne se révoltait
pas, il faisait porter au fellah le plus lourd poids des redevances
à payer au fisc grec. A chaque instant l'Egypte était en révolte:
on peut lire les récits partiaux, de ces rébellions dans l'ouvrage
nommé Chronique de Jean de Nikiou. L'Egypte a toujours été un
pays aimant les révolutions politiques : à peine avait-elle changé
de maître qu'elle ne pouvait plus supporter le nouveau qu'elle
venait de se donner. Le clergé se mêlait à ces soulèvements : les
archevêques d'Alexandrie avaient trop bien stylé les moines
contre les païens et les Juifs, pour que ces mêmes moines et les
membres inférieurs du clergé restassent tranquilles en face de
leurs despotes grecs.
Tout se réunissait donc pour faire de l'Egypte un siège per-
pétuel d'anarchie. Il faut ajouter à cela les Barbares, Blemmyes,
Begas ou autres, toujours en éveil, toujours à rôder sur les fron-
tières, pour saisir l'occasion de tomber sur l'Egypte, la piller
et disparaître quand apparaissaient les troupes romaines ou
grecques. Dès le temps des plus anciens Pharaons, il en était
ainsi. Les princes des dynasties les plus reculées avaient à courir
Chalcédoine fut fatale à l'Egypte. Non que le gouvernement grec
se désintéressât tout à fait de l'Egypte : il avait trop d'intérêts
attachés à cette province pour la perdre; mais les controverses
tliéologïques et la faiblesse des empereurs grecs, les perpétuelles
révolutions du palais impérial à Constanlinople empêchaient
les efforts d'un gouvernement bien suivi. Puis les gouverneurs
allaient en Egypte pour faire avant tout leur fortune, ils cher-
chaient à faire rendre à ce pays le plus d'impôts possible, et,
dans toute la hiérarchie des fonctionnaires, depuis le préfet
augustal d'Alexandrie jusqu'au plus simple soldat, chacun
agissait de même: on pressurait celui que nous nommons à
présentie Copte, on l'humiliait le plus qu'on pouvait. Il est vrai
que souvent le Copte se révoltait, et, quand il ne se révoltait
pas, il faisait porter au fellah le plus lourd poids des redevances
à payer au fisc grec. A chaque instant l'Egypte était en révolte:
on peut lire les récits partiaux, de ces rébellions dans l'ouvrage
nommé Chronique de Jean de Nikiou. L'Egypte a toujours été un
pays aimant les révolutions politiques : à peine avait-elle changé
de maître qu'elle ne pouvait plus supporter le nouveau qu'elle
venait de se donner. Le clergé se mêlait à ces soulèvements : les
archevêques d'Alexandrie avaient trop bien stylé les moines
contre les païens et les Juifs, pour que ces mêmes moines et les
membres inférieurs du clergé restassent tranquilles en face de
leurs despotes grecs.
Tout se réunissait donc pour faire de l'Egypte un siège per-
pétuel d'anarchie. Il faut ajouter à cela les Barbares, Blemmyes,
Begas ou autres, toujours en éveil, toujours à rôder sur les fron-
tières, pour saisir l'occasion de tomber sur l'Egypte, la piller
et disparaître quand apparaissaient les troupes romaines ou
grecques. Dès le temps des plus anciens Pharaons, il en était
ainsi. Les princes des dynasties les plus reculées avaient à courir