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E. AMÉLINEAU

l'empereur Théodose ait tenu les propos qui lui sont prêtés, qu'il ait regardé
les actions des habitants de Siout comme antichrétiennes et que pour les
punir il ait voulu détruire la ville et massacrer les habitants, tous les habitants,
pour punir une poignée de séditieux, c'est ce qui me semble plus antichrétien
encore que de brûler dans un bain public ceux qui y sont entrés. Evidemment
tous ces événements ont été combinés pour faire ressortir le crédit de Jean de
Lycopolis, et le fonds du récit me semble avoir été inspiré par le massacre de
Thessalonique. L'invention de la nuée lumineuse qui transporte Jean de
Siout à Constantinople et l'en ramène entre dix heures et cinq heures du
matin ne fut point perdue, si elle était nouvelle ; la Vie de Schenoudi en
contient d'autres exemples, et la littérature copte en offre de nouveaux encore :
c'était un véhicule très commode pour les longs voyages qui devaient être
faits avec rapidité, et nous ne sommes pas encore arrivés à pouvoir lutter de
vitesse contre cet admirable moyen de locomotion ; mais un récit de cette
sorte ne peut être, au point de vue historique, le seul qui doit ici m'occuper,
qu'un assez grossier pastiche. Il en est de même des rapports entre Jean et
Théodose, des conseils que l'empereur envoie demander au reclus pour la
paix et pour la guerre : s'il avait fallu que Théodose attendît les conseils de
Jean pour prendre une décision d'importance, le temps propice se fût évanoui.
Il est facile de mettre de semblables contes dans les livres, mais il est plus
difficile de les faire adopter aux esprits qui réfléchissent à la vraisemblance.

Les fragments que je publie ici sont pris du Musée de Naples et de la
Bibliothèque Nationale de Paris. Celui du Musée de Naples est de beaucoup
plus important, parce qu'il est le plus long. Ils faisaient partie de divers
manuscrits qui me paraissent tous d'époque assez récente. Les copistes ont
pu, je crois, se donner libre carrière sur un sujet aussi propice ; cependant je
ne pense pas qu'ils aient porté l'irrévérence jusqu'à inventer de nouveaux
épisodes. Somme toute, je crois bien que Jean de Lycopolis a existé, qu'il a
mené la vie anachorétique sur la montagne d'Asiout et sans doute dans l'un
des tombeaux de cette montagne ; mais je ne crois pas un seul instant à tout
ce qui nous est raconté sur lui : ce sont là de simples amusements de l'esprit
destinés à étonner et à édifier le lecteur.

Quant à l'affirmation d'un sermon dont Zoéga a publié le titre 1 et qui dit

i. Zoéga, Cat. Cod. Co-pt., p. 107-108.
 
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