LES NOUVELLES FOUILLES D'ABYDOS
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trouvé complètement ruiné, je n'aurais pu assurer que les spoliateurs
le rencontrèrent presque intact, puisque je ne l'aurais pu savoir sans
crainte de m'aventurer trop loin ; mais comme il est encore dans son
intégrité presque entière, il faut bien que les spoliateurs l'aient trouvé,
puisqu'ils l'ont laissé dans cet état. Je n'ai pas été obligé d'aller au bas
des chambres chercher les traces des fondations des murs pour en
dresser le plan: les murs étaient encore tous debout, ainsi que je le
constaterai tout au long, et chambre par chambre, dans le chapitre sui-
vant; mais je dois dire que trop souvent les spoliateurs avaient ruiné ces
murs pour les sonder. Toutefois, grâce à la nature des matériaux em-
ployés dans la construction, il me semble plus que croyable que le
monument avait déjà souffert de la ruine par le temps en un assez
grand nombre d'endroits : j'ai en effet trouvé en certaines chambres
des murs ayant reçu une poussée, s'étant étalés et ayant ainsi rempli
une partie des corridors. Comme ce fut précisément sous ces murs
étalés que je rencontrai des objets intacts, je crois pouvoir avec assez
de raison en tirer la conséquence que, si ces objets ont échappé aux
spoliateurs, c'est qu'ils leur ont été cachés par les murs éboulés. D'ail-
leurs, je peux dire que la spoliation ne me semble pas avoir été faite
avec beaucoup de soin, car j'ai trouvé un certain nombre d'objets en
cuivre, et des plus beaux, à l'entrée des chambres qui n'avaient aucune
partie de leurs murs éboulés. Si l'on veut se rappeler que dans la vie de
Moyse il est dit que son œuvre néfaste fut contrecarrée par les indigènes
de la ville sainte d'Osiris peut-être sera-t-on tenté de croire que
l'un des effets de cette opposition fut la hâte apportée à la spoliation, à
moins de croire que les spoliateurs aient dédaigné de propos délibéré
tous les objets de métal. Le lecteur choisira telle raison qui lui semblera
la meilleure pour expliquer ce fait.
J'ai dit aussi que les spoliateurs trouvèrent l'entrée libre et parfaite-
ment connue d'eux : cela demande explication. La toiture du monument
1. E. Amélineau, Monuments pour servir à l'histoire de l'Égypte chrétienne aux ive, ve
et vi« siècles dans les Mémoires publiés par les membres de l'Ecole du Caire, t. IV,
26 fasc., p. 684-685.
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trouvé complètement ruiné, je n'aurais pu assurer que les spoliateurs
le rencontrèrent presque intact, puisque je ne l'aurais pu savoir sans
crainte de m'aventurer trop loin ; mais comme il est encore dans son
intégrité presque entière, il faut bien que les spoliateurs l'aient trouvé,
puisqu'ils l'ont laissé dans cet état. Je n'ai pas été obligé d'aller au bas
des chambres chercher les traces des fondations des murs pour en
dresser le plan: les murs étaient encore tous debout, ainsi que je le
constaterai tout au long, et chambre par chambre, dans le chapitre sui-
vant; mais je dois dire que trop souvent les spoliateurs avaient ruiné ces
murs pour les sonder. Toutefois, grâce à la nature des matériaux em-
ployés dans la construction, il me semble plus que croyable que le
monument avait déjà souffert de la ruine par le temps en un assez
grand nombre d'endroits : j'ai en effet trouvé en certaines chambres
des murs ayant reçu une poussée, s'étant étalés et ayant ainsi rempli
une partie des corridors. Comme ce fut précisément sous ces murs
étalés que je rencontrai des objets intacts, je crois pouvoir avec assez
de raison en tirer la conséquence que, si ces objets ont échappé aux
spoliateurs, c'est qu'ils leur ont été cachés par les murs éboulés. D'ail-
leurs, je peux dire que la spoliation ne me semble pas avoir été faite
avec beaucoup de soin, car j'ai trouvé un certain nombre d'objets en
cuivre, et des plus beaux, à l'entrée des chambres qui n'avaient aucune
partie de leurs murs éboulés. Si l'on veut se rappeler que dans la vie de
Moyse il est dit que son œuvre néfaste fut contrecarrée par les indigènes
de la ville sainte d'Osiris peut-être sera-t-on tenté de croire que
l'un des effets de cette opposition fut la hâte apportée à la spoliation, à
moins de croire que les spoliateurs aient dédaigné de propos délibéré
tous les objets de métal. Le lecteur choisira telle raison qui lui semblera
la meilleure pour expliquer ce fait.
J'ai dit aussi que les spoliateurs trouvèrent l'entrée libre et parfaite-
ment connue d'eux : cela demande explication. La toiture du monument
1. E. Amélineau, Monuments pour servir à l'histoire de l'Égypte chrétienne aux ive, ve
et vi« siècles dans les Mémoires publiés par les membres de l'Ecole du Caire, t. IV,
26 fasc., p. 684-685.