Amélineau, Emile: Les nouvelles fouilles d'Abydos - Mission Amélineau: compte rendu in extenso des fouilles, description des monuments et objets découverts (Band 3,2) (Paris, 1905)

CHAPITRE XXII

DES OBJETS EN CORNE ET EN ÉCAILLE

Ce chapitre sera forcément très court, pour la bonne raison qu'il ne
comporte qu'un très petit nombre d'objets qui ressortissent au titre
qu'il porte. Ces objets qu'on trouvera représentés à la planche VII ne
sont qu'au nombre de 15, dont quatre cornes d'antilopes qui n'ont reçu
aucun travail et sont telles qu'elles appartenaient à l'animal qui les por-
tait, six provenant d'objets en corne travaillée, plus une petite boîte en
écaille polie. 11 y faut ajouter quatre fragments de cuir enveloppants
une légère ficelle, fragments qui ont été recueillis dans le tombeau de
Perabsen. Ce n'est pas la première fois qu'on trouve des cornes d'anti-
lopes ou d'autres animaux dans les tombes, ni même des ouvrages en
corne dans les sépultures préhistoriques : M. Pétrie avait trouvé à Xeg-
gadeh des harpons en corne1 et M. de Morgan dans la nécropole qu'il a
fouillée dans la même localité a trouvé des cornes de gazelle'. Mais
c'est bien, je crois, la première fois qu'on trouve des vases en cette
matière, et j'en ai trouvé des fragments évidents.

Je n'ai pas à rechercher quelle idée religieuse avait pu faire placer
des cornes d'antilope ou de gazelle dans les tombes de ces époques pri-
mitives : sans doute on pouvait ne les considérer que comme des tro-
phées de chasse, mais aussi les cornes pouvaient être regardées comme
jouant un rôle protecteur contre les esprits mauvais. Je n'affirme rien,
mais quand on sait le rôle que jouaient à ce point de vue les bucrânes
en pleine époque historique où on les rencontre encore figurés dans les

1. W. M. Flinders Pétrie, Nai/adâ and liallas, pl. LXI, n°» 19 et 1G.

2. J. de Morgan, Recherches sur les Origines de iEgypte, tome II, p. 198 et fig. 760.