Crânes d'Abydos.
Élude anthropologique, par le Dr G. Papiliault.
Les ossements que M. Amélineau a bien voulu m'apporter présentent
un intérêt scientifique considérable malgré la faiblesse des séries que
j'ai pu former avec les crânes. Leur antiquité a rendu, en effet, leur
tissu tellement friable que plusieurs me sont arrivés dans un état qui
rendait impossibles ou incertaines les mensurations. Douze d'entre eux
seulement étaient suffisamment intacts pour être bien observés; en-
core ai-je dû mettre hors série un sujet atteint de nanisme. L'en-
semble des caractères offerts par ce dernier crâne ne laisse aucun doute
sur leur nature pathologique. Le front bombé a des bosses très saillantes ;
les os du nez sont atrophiés et aplatis, le nasion est rentré ; la région sous-
nasale déformée et atrophiée détermine artificiellement un prognathisme
sous-nasal considérable. La voûte palatine est profonde, ogivale, la base
du crâne, très infléchie sur elle-même, au niveau de la selle turique, est
très atrophiée dans son ensemble, puisque la longueur naso-basilaire n'a
que 81 millimètres au lieu de 99,5 moyenne des 7 crânes normaux ; mais
c'est surtout sa partie postérieure, comprise entre le trou occipital et
le vomer, qui a subi le plus grand arrêt de développement, car elle n'a
que 19 millimètres au lieu de 28mm,4. L'occipital, trop faible pour sup-
porter le cerveau, s'est affaissé autour des condyles, qui ne se détachent
plus des parties environnantes et ne font aucune saillie.
A eux seuls ces caractères sont assez significatifs, mais l'examen des
os longs lèvera tous les doutes. Le tibia, aux faces irrégulières, tour-
mentées, a son plateau articulaire très infléchi en arrière, en rétrover-
sion, et ne mesure que 21rm,5 de long. Le fémur de 26cm,3 de long, n'est
pas moins pathologique; son col est presque nul et porte une tète apla-
tie et déformée.
Le diagnostic est donc certain; une achondroplasie profonde avait
frappé cet individu pendant sa croissance, et sa morphologie échappe à
toute classification ethnique.
Les 11 crânes qui restent se divisent, selon toutes les probabilités, en
7 masculins et 4 féminins. Ce nombre est tout à fait insuffisant pour don-
ner une moyenne représentant le type de la population, d'autant plus que
Élude anthropologique, par le Dr G. Papiliault.
Les ossements que M. Amélineau a bien voulu m'apporter présentent
un intérêt scientifique considérable malgré la faiblesse des séries que
j'ai pu former avec les crânes. Leur antiquité a rendu, en effet, leur
tissu tellement friable que plusieurs me sont arrivés dans un état qui
rendait impossibles ou incertaines les mensurations. Douze d'entre eux
seulement étaient suffisamment intacts pour être bien observés; en-
core ai-je dû mettre hors série un sujet atteint de nanisme. L'en-
semble des caractères offerts par ce dernier crâne ne laisse aucun doute
sur leur nature pathologique. Le front bombé a des bosses très saillantes ;
les os du nez sont atrophiés et aplatis, le nasion est rentré ; la région sous-
nasale déformée et atrophiée détermine artificiellement un prognathisme
sous-nasal considérable. La voûte palatine est profonde, ogivale, la base
du crâne, très infléchie sur elle-même, au niveau de la selle turique, est
très atrophiée dans son ensemble, puisque la longueur naso-basilaire n'a
que 81 millimètres au lieu de 99,5 moyenne des 7 crânes normaux ; mais
c'est surtout sa partie postérieure, comprise entre le trou occipital et
le vomer, qui a subi le plus grand arrêt de développement, car elle n'a
que 19 millimètres au lieu de 28mm,4. L'occipital, trop faible pour sup-
porter le cerveau, s'est affaissé autour des condyles, qui ne se détachent
plus des parties environnantes et ne font aucune saillie.
A eux seuls ces caractères sont assez significatifs, mais l'examen des
os longs lèvera tous les doutes. Le tibia, aux faces irrégulières, tour-
mentées, a son plateau articulaire très infléchi en arrière, en rétrover-
sion, et ne mesure que 21rm,5 de long. Le fémur de 26cm,3 de long, n'est
pas moins pathologique; son col est presque nul et porte une tète apla-
tie et déformée.
Le diagnostic est donc certain; une achondroplasie profonde avait
frappé cet individu pendant sa croissance, et sa morphologie échappe à
toute classification ethnique.
Les 11 crânes qui restent se divisent, selon toutes les probabilités, en
7 masculins et 4 féminins. Ce nombre est tout à fait insuffisant pour don-
ner une moyenne représentant le type de la population, d'autant plus que