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avoir de doute, car c’est une épée et non pas un bâton que
porte ce personnage.
Ce qui frappe d’abord en examinant ce chef-d’œuvre,
c’est le bel effet de la lumière qui y est répandue avec un
éclat et une science extraordinaires. La légèreté des om-
bres, la vigueur des clairs, l’entente parfaite des demi-
teinles, enfin tout ce qui caractérise l’excellence du colo-
ris, se trouve réuni dans cet ouvrage. Le dessin, partie
dans laquelle Paul Véronèse a plus de grandeur que de
correction, n’offre pas ici de défauts , et il étonne par sa
force et sa hardiesse. Les caractères de tête sont heureuse-
ment variés;celui du petitS. Jean est d’une sévérité qui
fait contraster cette figure avec celle de l’Enfant Jésus, dont
les formes sont très-agréables. Les draperies sont largement
peintes et savamment ajustées; la peau d’agneau dont S.
Jean est revêtu offre une imitation exacte et vigoureuse;
mais on voit, à la facilité du pinceau, que l’artiste n’a pas
perdu beaucoup de temps à peindre cet accessoire. C’est
un exemple que les jeunes peintres doivent imiter : la per-
fection des détails finit presque toujours par nuire à l’exé-
cution des grandes parties d’une composition. Il est bon de
rappeler les principes les plus simples, lors même que
l’art se montre avec éclat. L’exposition actuelle des tableaux
a dû convaincre le public des progrès que la peinture fait
chaque jour en France; et l’on aura lieu de le prouver dans
ce Recueil où seront insérées avant peu la plupart des pro-
ductions de cette année; cependant on a pu remarquer en-
core que quelques-uns des peintres exposans se sont plus
attachés à la richesse, au fini des détails, qu’à la beauté de
l’effet général. Si l’étude des ouvrages de Paul Véronèse
peut devenir pernicieuse sous quelques rapports à ceux qui
seraient tentés d’en abuser, ce maître est néanmoins, quant
à l’accord de toutes les parties d’un tableau, l’un de ceux
qu’on doit le plus recommander aux élèves.
avoir de doute, car c’est une épée et non pas un bâton que
porte ce personnage.
Ce qui frappe d’abord en examinant ce chef-d’œuvre,
c’est le bel effet de la lumière qui y est répandue avec un
éclat et une science extraordinaires. La légèreté des om-
bres, la vigueur des clairs, l’entente parfaite des demi-
teinles, enfin tout ce qui caractérise l’excellence du colo-
ris, se trouve réuni dans cet ouvrage. Le dessin, partie
dans laquelle Paul Véronèse a plus de grandeur que de
correction, n’offre pas ici de défauts , et il étonne par sa
force et sa hardiesse. Les caractères de tête sont heureuse-
ment variés;celui du petitS. Jean est d’une sévérité qui
fait contraster cette figure avec celle de l’Enfant Jésus, dont
les formes sont très-agréables. Les draperies sont largement
peintes et savamment ajustées; la peau d’agneau dont S.
Jean est revêtu offre une imitation exacte et vigoureuse;
mais on voit, à la facilité du pinceau, que l’artiste n’a pas
perdu beaucoup de temps à peindre cet accessoire. C’est
un exemple que les jeunes peintres doivent imiter : la per-
fection des détails finit presque toujours par nuire à l’exé-
cution des grandes parties d’une composition. Il est bon de
rappeler les principes les plus simples, lors même que
l’art se montre avec éclat. L’exposition actuelle des tableaux
a dû convaincre le public des progrès que la peinture fait
chaque jour en France; et l’on aura lieu de le prouver dans
ce Recueil où seront insérées avant peu la plupart des pro-
ductions de cette année; cependant on a pu remarquer en-
core que quelques-uns des peintres exposans se sont plus
attachés à la richesse, au fini des détails, qu’à la beauté de
l’effet général. Si l’étude des ouvrages de Paul Véronèse
peut devenir pernicieuse sous quelques rapports à ceux qui
seraient tentés d’en abuser, ce maître est néanmoins, quant
à l’accord de toutes les parties d’un tableau, l’un de ceux
qu’on doit le plus recommander aux élèves.