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Planche première – Planche soixante-douzième [inkl. Tafelbeschreibung]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24994#0161
(
force, mais autant de dignité et plus de suavité que
le grand style. On le rencontre dans les ouvrages de
Raphaël, du Carache , du Dominiquin , et quelquefois
dans ceux du Guide et de l’Albane -, son exécution,
moins fière que celle du style sublime, peut se rappro-
cher davantage de la vérité individuelle. C’est encore
aux monumens antiques qu’il faut recourir pour trou-
ver des modèles de ce style : le Méléagre, l’Antinous
grec, les Niobé , le groupe de Laocoon, celui de Castor
et Pollux, le Gladiateur, etc., en offrent, chacun dans
leur genre, des exemples divers. Ce style fut plus par-
ticulièrement celui des Grecs, qui sacrifièrent souvent
la force de l’expression à la beauté des formes qu’ils
craignaient d’altérer.
Le style gracieux admet des mouvemens plus mo-
dérés, des contours plus délicats, plus arrondis, une
grande variété , du goût dans les ornemens, ces efFets
piquans et combinés qui ne s’allient guère avec la sévé-
rité du grand style, de l’abandon, de la légèreté dans
l’exécution. Selon le témoignage des anciens, Apelle
posséda la grâce dans sa perfection -, le Corrège est le
seul, parmi les modernes , qu’on ait jugé digne de lui
être comparé sous plus d’un rapport. On pourrait ré-
clamer cet avantage en faveur de Raphaël. Quoi qu’il
en soit, si, selon toute apparence , le Corrège est in-
férieur au peintre grec pour la pureté des formes et
caractères, on est fondé à croire qu’il l’a au moins
égalé dans le coloris , et qu’il l’a surpassé dans le clair-
obscur. Cette partie de l’art, à en juger par les frag-
mens de peintures antiques cpii nous ont été transmis,
est celle où les anciens ont le moins excellé : le Corrège
l'a portée au plus haut point, on pourrait même dire
qu’il l’a créée. ( La fin de ces observations à un article
prochain. )
force, mais autant de dignité et plus de suavité que
le grand style. On le rencontre dans les ouvrages de
Raphaël, du Carache , du Dominiquin , et quelquefois
dans ceux du Guide et de l’Albane -, son exécution,
moins fière que celle du style sublime, peut se rappro-
cher davantage de la vérité individuelle. C’est encore
aux monumens antiques qu’il faut recourir pour trou-
ver des modèles de ce style : le Méléagre, l’Antinous
grec, les Niobé , le groupe de Laocoon, celui de Castor
et Pollux, le Gladiateur, etc., en offrent, chacun dans
leur genre, des exemples divers. Ce style fut plus par-
ticulièrement celui des Grecs, qui sacrifièrent souvent
la force de l’expression à la beauté des formes qu’ils
craignaient d’altérer.
Le style gracieux admet des mouvemens plus mo-
dérés, des contours plus délicats, plus arrondis, une
grande variété , du goût dans les ornemens, ces efFets
piquans et combinés qui ne s’allient guère avec la sévé-
rité du grand style, de l’abandon, de la légèreté dans
l’exécution. Selon le témoignage des anciens, Apelle
posséda la grâce dans sa perfection -, le Corrège est le
seul, parmi les modernes , qu’on ait jugé digne de lui
être comparé sous plus d’un rapport. On pourrait ré-
clamer cet avantage en faveur de Raphaël. Quoi qu’il
en soit, si, selon toute apparence , le Corrège est in-
férieur au peintre grec pour la pureté des formes et
caractères, on est fondé à croire qu’il l’a au moins
égalé dans le coloris , et qu’il l’a surpassé dans le clair-
obscur. Cette partie de l’art, à en juger par les frag-
mens de peintures antiques cpii nous ont été transmis,
est celle où les anciens ont le moins excellé : le Corrège
l'a portée au plus haut point, on pourrait même dire
qu’il l’a créée. ( La fin de ces observations à un article
prochain. )