DOI Heft:
Planche première – Planche soixante-douzième [inkl. Tafelbeschreibung]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24995#0092
( H )
« le diamant le plus pur. Son front n’a rien de mena-
« eant, ses regards n’ont rien de farouche , ils semblent
« respirer la paix.
« La fille d’Agénor, Europe , l’admire ; il est si beau,
« il paraît si doux! Cependant elle craignit d’abord de
« le toucher ; bientôt elle en approche et lui présente
« des fleurs. Tantôt il folâtre et bondit sur l’herbe;
«tantôt il s’étend sur le sable. Europe, quittant
« peu ~ à - peu la crainte , le caresse d’une main
« timide ; elle retient ses cornes par des liens de
« fleurs ; elle ose même s’asseoir sur son dos. Elle ne
« connaissait pas celui à qui elle se confiait ainsi.
« Alors le dieu , s’éloignant doucement de la terre ,
« imprime des pas trompeurs dans les premiers flots ;
« bien tôt il va plus loin ; il emporte enfin sa proie au
« travers des ondes. Europe tremble , elle regarde le
« rivage qu’elle vient de quitter; d’une main elle tient
« les cornes du taureau , de l’autre elle s’appuie sur son
« dos, et ses habits flottent, agités par le souffle des
« vents. »
Ce sujet, peint par Paul Yéronèse, est peut-être
un de ceux qui convenaient le moins au pinceau de
ce grand maître. Ce n’est pas qu’on n’y trouve beau-
coup de vérité et une touche savante; mais un sujet
mythologique exige un style plus poétique que n’est ce-
lui dePaulYéronèse, un dessin plus élégant, un costume
plus exact, et des expressions plus nobles. Le talent
extraordinaire de ce peintre, le plus habile peut-être
sous le rapport de l’exécution , de la couleur générale,
et du vif sentiment des grands effets de la nature,
se retrouve clans ses vastes compositions, telle par
exemple cpie le tableau des Noces de Cana. On n’a rien
produit depuis Paul Yéronèse qui puisse être com-
paré à ce chef-d’œuvre, pour le grandiose de la compo-
sition , la richesse et la simplicité du coloris , la magie
de l’effet, et l’admirable dégradation des plans.
« le diamant le plus pur. Son front n’a rien de mena-
« eant, ses regards n’ont rien de farouche , ils semblent
« respirer la paix.
« La fille d’Agénor, Europe , l’admire ; il est si beau,
« il paraît si doux! Cependant elle craignit d’abord de
« le toucher ; bientôt elle en approche et lui présente
« des fleurs. Tantôt il folâtre et bondit sur l’herbe;
«tantôt il s’étend sur le sable. Europe, quittant
« peu ~ à - peu la crainte , le caresse d’une main
« timide ; elle retient ses cornes par des liens de
« fleurs ; elle ose même s’asseoir sur son dos. Elle ne
« connaissait pas celui à qui elle se confiait ainsi.
« Alors le dieu , s’éloignant doucement de la terre ,
« imprime des pas trompeurs dans les premiers flots ;
« bien tôt il va plus loin ; il emporte enfin sa proie au
« travers des ondes. Europe tremble , elle regarde le
« rivage qu’elle vient de quitter; d’une main elle tient
« les cornes du taureau , de l’autre elle s’appuie sur son
« dos, et ses habits flottent, agités par le souffle des
« vents. »
Ce sujet, peint par Paul Yéronèse, est peut-être
un de ceux qui convenaient le moins au pinceau de
ce grand maître. Ce n’est pas qu’on n’y trouve beau-
coup de vérité et une touche savante; mais un sujet
mythologique exige un style plus poétique que n’est ce-
lui dePaulYéronèse, un dessin plus élégant, un costume
plus exact, et des expressions plus nobles. Le talent
extraordinaire de ce peintre, le plus habile peut-être
sous le rapport de l’exécution , de la couleur générale,
et du vif sentiment des grands effets de la nature,
se retrouve clans ses vastes compositions, telle par
exemple cpie le tableau des Noces de Cana. On n’a rien
produit depuis Paul Yéronèse qui puisse être com-
paré à ce chef-d’œuvre, pour le grandiose de la compo-
sition , la richesse et la simplicité du coloris , la magie
de l’effet, et l’admirable dégradation des plans.