Planche soixante—quatrième. — Enlèvement d’Orithye ;
Groupe en marbre du Jardin des Tuileries , par Marsy
et Anselme Flamen.
Borée, vent du nord, fils d’Astréus et de l’Aurore,
aima Orithye,fille d’Erechthée, roi d’Athènes. Orithye
lui ayant été refusée tant qu’il avait employé les
demandes et les prières pour l’obtenir, il s’émut
d’une fureur qui lui est trop ordinaire, et résolut
d’employer la force. « On a raison, s’écria-1-il (i)j
«pourquoi ai-je quitté mes armes, ma férocité,
« ma force, ma colère, mon pouvoir et mon courage,
« pour employer des prières dont l’usage m’est hon-
« teux ? La violence m’est naturelle ; c’est par elle
« que j’éloigne les nuages sombres , que je soulève
« les mers , que je déracine les chênes les plus
«forts , que je durcis les neiges, et que je chasse
« la grêle sur la terre. N’est-ce pas moi qui, lorsque
« je rencontre mes frères dans le ciel ouvert devant
« nous (car mon champ de bataille est dans ce lieu),
«lutte avec tant d’effort, que l’air retentit et tonne
« de notre choc , et que du sein des nues épaisses
« jaillisent la foudre et les éclairs ? C’est moi qui,
« pénétrant dans les antres les plus profonds, plaçant
« mon corps dans ces vastes cavernes, fais trembler
« la terre et les enfers. Ce sont-là les moyens que
« j’aurais dû employer pour obtenir Orithye. C’est par
« la force, plutôt que par les prières, qu’Erechthée
« devait consentir à devenir mon beau-père.
« Ainsi parle Borée , ou ne dit rien de moins vio-
« lent que ces expressions. Il secoue ses ailes, et
(i) Mdtamorph. d’Ovicl., liv- VI, fable XV.
Groupe en marbre du Jardin des Tuileries , par Marsy
et Anselme Flamen.
Borée, vent du nord, fils d’Astréus et de l’Aurore,
aima Orithye,fille d’Erechthée, roi d’Athènes. Orithye
lui ayant été refusée tant qu’il avait employé les
demandes et les prières pour l’obtenir, il s’émut
d’une fureur qui lui est trop ordinaire, et résolut
d’employer la force. « On a raison, s’écria-1-il (i)j
«pourquoi ai-je quitté mes armes, ma férocité,
« ma force, ma colère, mon pouvoir et mon courage,
« pour employer des prières dont l’usage m’est hon-
« teux ? La violence m’est naturelle ; c’est par elle
« que j’éloigne les nuages sombres , que je soulève
« les mers , que je déracine les chênes les plus
«forts , que je durcis les neiges, et que je chasse
« la grêle sur la terre. N’est-ce pas moi qui, lorsque
« je rencontre mes frères dans le ciel ouvert devant
« nous (car mon champ de bataille est dans ce lieu),
«lutte avec tant d’effort, que l’air retentit et tonne
« de notre choc , et que du sein des nues épaisses
« jaillisent la foudre et les éclairs ? C’est moi qui,
« pénétrant dans les antres les plus profonds, plaçant
« mon corps dans ces vastes cavernes, fais trembler
« la terre et les enfers. Ce sont-là les moyens que
« j’aurais dû employer pour obtenir Orithye. C’est par
« la force, plutôt que par les prières, qu’Erechthée
« devait consentir à devenir mon beau-père.
« Ainsi parle Borée , ou ne dit rien de moins vio-
« lent que ces expressions. Il secoue ses ailes, et
(i) Mdtamorph. d’Ovicl., liv- VI, fable XV.