( !û5 )
Planche soixante-dix-septième. — Mort de Phèdre ;
Dessin de M. Girodet.
Thésée , irrité contre son fils , l’a dévoué à la colère
de Neptune , qui l’a fait périr. Théramène , témoin de
la mort du malheureux Hippolyte , annonce cette af-
freuse nouvelle à Thésée. Phèdre, qui n’a pas désabusé
son époux lorsque (Enone a accusé Hippolyte , ne pou-
vant supporter les remords qui la déchirent, justifie
l’innocence et s’avoue seule coupable.
THÉSÉE.
Ah ! père infortuné !
Et c’ est sur votre foi que je l’ai condamné !
Cruelle , pensez-vous être assez excusée ?
PHÈDRE.
Ees momens me sont chers , écoutez-moi , Thésée.
C’est moi qui, sur ce fils chaste et respectueux
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Te ciel mit dans mon sein une flamme funeste.
La détestable Œnone a conduit tout le reste.
Elle a craint qu’Hippolyte , instruit de ma fureur,
Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur.
La perfide , abusant de ma faiblesse extrême ,
S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.
Elle s’en est punie ; et, fuyant mon courroux,
A cherché dans les flots un supplice trop doux.
Le fer aurait déjà tranché ma destinée ,
Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée.
J’ai voulu , devant vous exposant mes remords,
Par un chemin plus lent descendre chez les morts.
J’ai pris , j’ai fait couler dans mes brûlantes veines,
Un poison que Médée apporta dans Athènes.
Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenu ,
Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu.
Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuage
Et le ciel et l’époux que ma présence outrage 5
Et la mort , à mes yeux dérobant la clarté,
Rend au jour, qu’ils souillaient, toute sa pureté.
P A N O P E.
Elle expire , seigneur.
THÉ S É E.
D’une action si noire
Que ne peut avec elle expirer la mémoire !
Phèdre, acte V , scène VIL
Ire Coll. T. Comp,
20
Planche soixante-dix-septième. — Mort de Phèdre ;
Dessin de M. Girodet.
Thésée , irrité contre son fils , l’a dévoué à la colère
de Neptune , qui l’a fait périr. Théramène , témoin de
la mort du malheureux Hippolyte , annonce cette af-
freuse nouvelle à Thésée. Phèdre, qui n’a pas désabusé
son époux lorsque (Enone a accusé Hippolyte , ne pou-
vant supporter les remords qui la déchirent, justifie
l’innocence et s’avoue seule coupable.
THÉSÉE.
Ah ! père infortuné !
Et c’ est sur votre foi que je l’ai condamné !
Cruelle , pensez-vous être assez excusée ?
PHÈDRE.
Ees momens me sont chers , écoutez-moi , Thésée.
C’est moi qui, sur ce fils chaste et respectueux
Osai jeter un œil profane, incestueux.
Te ciel mit dans mon sein une flamme funeste.
La détestable Œnone a conduit tout le reste.
Elle a craint qu’Hippolyte , instruit de ma fureur,
Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur.
La perfide , abusant de ma faiblesse extrême ,
S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.
Elle s’en est punie ; et, fuyant mon courroux,
A cherché dans les flots un supplice trop doux.
Le fer aurait déjà tranché ma destinée ,
Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée.
J’ai voulu , devant vous exposant mes remords,
Par un chemin plus lent descendre chez les morts.
J’ai pris , j’ai fait couler dans mes brûlantes veines,
Un poison que Médée apporta dans Athènes.
Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenu ,
Dans ce cœur expirant jette un froid inconnu.
Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuage
Et le ciel et l’époux que ma présence outrage 5
Et la mort , à mes yeux dérobant la clarté,
Rend au jour, qu’ils souillaient, toute sa pureté.
P A N O P E.
Elle expire , seigneur.
THÉ S É E.
D’une action si noire
Que ne peut avec elle expirer la mémoire !
Phèdre, acte V , scène VIL
Ire Coll. T. Comp,
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