( io6 )
Planche quatre-vingtième.—Hermione menaçant Pyrrhu s ;
Dessin de M. Girodet.
Pyrrhus , loin de revenir auprès d’Hermione avec de
tendres sentimens, lui annonce son mariage prochain
avec Andromaque. Hermione s’abandonne à toute sa
colère , et lui rapelle avec une ironie sanglante les
cruautés qu’il a exercées devant Troye. Pyrrhus impute
à Plélène le sang qu’il a versé ; et se justifiant de ne pas
tenir à Hermione la foi p -omise , il ajoute .
Nos cœurs n’étaient pas faits dépendans l’un de l’autre :
Je suivais mon devoir, et vous cédiez au vôtre ;
Rien ne vous engageait, à m’aimer en effet.
HERMIONE.
Je ne t’ai point aimé , cruel ! qu’ai-je donc fait ?
J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes ;
Je t’ai cherché moi-même au fond dotes provinces ;
J’y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes hontes.
Je t’aimais inconstant , qu’eussé-je fait fidèle ?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m’annoncer le trépas ,
Ingrat, je doute encor si je ne t’aime pas.
Mais seigneur , s’il le faut, si le ciel eu colère
Réserve à d’autres yeux le bonheur de vous plaire,
Achevez votre hymen , j’y consens ;mais du moins
Ne forcez pas mes yeux d’en être les témoins.
Pour la dernière fois je vous parle peut-être.
Eifférez-le d’un jour , demain vous serez maître....
Vous ne répondez point ? Perfide! je le voi,
Tu comptes les momens que tu perds avec moi.
Ton cœur , impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre qu’à regret qu’un autre l’entretienne.
Tu lui parles du cœur , tu la cherches des yeux.
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux ;
Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée;
Va profaner des dieux la majesté sacrée.
Ces dieux , ces justes dieux n’auront pas oublie»
Que les mêmes sermçns avec moi t’ont lié.
Porte aux pieds des autels un cœur qui m’abandonne ,
Va, cours : mais crains encor d’y trouver Hermione.
Andromaque, acte IV , scène V,
Planche quatre-vingtième.—Hermione menaçant Pyrrhu s ;
Dessin de M. Girodet.
Pyrrhus , loin de revenir auprès d’Hermione avec de
tendres sentimens, lui annonce son mariage prochain
avec Andromaque. Hermione s’abandonne à toute sa
colère , et lui rapelle avec une ironie sanglante les
cruautés qu’il a exercées devant Troye. Pyrrhus impute
à Plélène le sang qu’il a versé ; et se justifiant de ne pas
tenir à Hermione la foi p -omise , il ajoute .
Nos cœurs n’étaient pas faits dépendans l’un de l’autre :
Je suivais mon devoir, et vous cédiez au vôtre ;
Rien ne vous engageait, à m’aimer en effet.
HERMIONE.
Je ne t’ai point aimé , cruel ! qu’ai-je donc fait ?
J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes ;
Je t’ai cherché moi-même au fond dotes provinces ;
J’y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes hontes.
Je t’aimais inconstant , qu’eussé-je fait fidèle ?
Et même en ce moment où ta bouche cruelle
Vient si tranquillement m’annoncer le trépas ,
Ingrat, je doute encor si je ne t’aime pas.
Mais seigneur , s’il le faut, si le ciel eu colère
Réserve à d’autres yeux le bonheur de vous plaire,
Achevez votre hymen , j’y consens ;mais du moins
Ne forcez pas mes yeux d’en être les témoins.
Pour la dernière fois je vous parle peut-être.
Eifférez-le d’un jour , demain vous serez maître....
Vous ne répondez point ? Perfide! je le voi,
Tu comptes les momens que tu perds avec moi.
Ton cœur , impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre qu’à regret qu’un autre l’entretienne.
Tu lui parles du cœur , tu la cherches des yeux.
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux ;
Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée;
Va profaner des dieux la majesté sacrée.
Ces dieux , ces justes dieux n’auront pas oublie»
Que les mêmes sermçns avec moi t’ont lié.
Porte aux pieds des autels un cœur qui m’abandonne ,
Va, cours : mais crains encor d’y trouver Hermione.
Andromaque, acte IV , scène V,