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Planche cent-unième. — Serment de Titus à Bérénice ;
Dessin de M. Serangélî.
Dans le moment que Titus , plus que jamais ir-
résolu, balance s’il renverra Bérénice, ou s’il couron-
nera son amour , on vient lui annoncer que la reine
demande à lui parler ; elle s’avance vers son amant, et
le remercie des honneurs dont il l’a comblée ; mais
elle s’étonne qu’il ne soit pas venu lui-même lui an-
noncer ses nouveaux bienfaits.
BÉRÉNICE.
J’entends que vous m’offrez un nouveau diadème,
Et ne puis cependant vous entendre vous-même.
Hélas ! plus de repos, seigneur , et moins cl’ëclat !
Votre amour 11e peut-il paraître qu’au sénat ?
Ah ! Titus ( car enfin l’amour fuit la contrainte
De fous ces noms que suit le respect et la crainte),
De quel soin votre amour va-t-il s’importuner ?
N’a-t-il que des états qu’il me puisse donner ?
Depuis quand croyez-vous que ma grandeur me touche ?
Un soupir , un regard , un mot de votre bouche ,
Voilà l’ambition d’un cœur comme le mien.
Voyez-moi plus souvent et ne me donnez rien.
Tous vos momens sont-il dévoués à l’empire ?
Ce cœur , après huit jours, n’a-t-iî rien à me dire ?
Qu’un mot va rassurer mes timides esprits !
Mais parliez-vous de moi quand je vous ai surpris ?
Dans vos secrets discours étais-je intéressée,
Seigneur? étais-je au moins présente à la pensée?
TITUS.
N’en doutez pas , madame ; et j’atteste les dieux
Que toujours Bérénice est présente à mes yeux ;
L’absence ni le temps , je vous le jure encore ,
Ne vous peuvent ravir ce cœur qui vous adore.
BÉRÉNICE.
Eh quoi ! vous me jurez une éternelle ardeur ,
Et vous me la jurez avec cette froideur !
Pourquoi même du ciel attester la puissance ?
Faut-il par des sérmens vaincre ma défiance ?
Mon cœur ne prétend point, seigneur, vous démentir,
Et je vous en croirai sur un simple soupir.
Bérénice , acte // , scène 1V,
I ' Coll. T. Comp, 3i
Planche cent-unième. — Serment de Titus à Bérénice ;
Dessin de M. Serangélî.
Dans le moment que Titus , plus que jamais ir-
résolu, balance s’il renverra Bérénice, ou s’il couron-
nera son amour , on vient lui annoncer que la reine
demande à lui parler ; elle s’avance vers son amant, et
le remercie des honneurs dont il l’a comblée ; mais
elle s’étonne qu’il ne soit pas venu lui-même lui an-
noncer ses nouveaux bienfaits.
BÉRÉNICE.
J’entends que vous m’offrez un nouveau diadème,
Et ne puis cependant vous entendre vous-même.
Hélas ! plus de repos, seigneur , et moins cl’ëclat !
Votre amour 11e peut-il paraître qu’au sénat ?
Ah ! Titus ( car enfin l’amour fuit la contrainte
De fous ces noms que suit le respect et la crainte),
De quel soin votre amour va-t-il s’importuner ?
N’a-t-il que des états qu’il me puisse donner ?
Depuis quand croyez-vous que ma grandeur me touche ?
Un soupir , un regard , un mot de votre bouche ,
Voilà l’ambition d’un cœur comme le mien.
Voyez-moi plus souvent et ne me donnez rien.
Tous vos momens sont-il dévoués à l’empire ?
Ce cœur , après huit jours, n’a-t-iî rien à me dire ?
Qu’un mot va rassurer mes timides esprits !
Mais parliez-vous de moi quand je vous ai surpris ?
Dans vos secrets discours étais-je intéressée,
Seigneur? étais-je au moins présente à la pensée?
TITUS.
N’en doutez pas , madame ; et j’atteste les dieux
Que toujours Bérénice est présente à mes yeux ;
L’absence ni le temps , je vous le jure encore ,
Ne vous peuvent ravir ce cœur qui vous adore.
BÉRÉNICE.
Eh quoi ! vous me jurez une éternelle ardeur ,
Et vous me la jurez avec cette froideur !
Pourquoi même du ciel attester la puissance ?
Faut-il par des sérmens vaincre ma défiance ?
Mon cœur ne prétend point, seigneur, vous démentir,
Et je vous en croirai sur un simple soupir.
Bérénice , acte // , scène 1V,
I ' Coll. T. Comp, 3i