( 4< )
Planche vingt-septième. — Captivité du Tasse ; Tableau
de M. Ducis.
Les historiens du Tasse ne sont pas d’accord sur
les motifs qui le privèrent de la saveur d’Alphonse,
duc de Ferrare. Mais le désespoir du poète fut ex-
trême , et dans ses sureurs il ne gardait aucune mesure.
Il éclatait en injures contre toute la maison d’Est,
contre le duc , contre toute sa cour. Ces violences
furent considérées comme Fefifet d’une entière aliéna-
tion d’esprit. Alphonse le lit arrêter et conduire à l’hô-
pital de Sainte-Anne , où l’on enfermait les fous.
On ne peut expliquer, encore moins justifier les
indignes traitemens que le Tasse éprouva dans cette
humiliante détention. Il resta plusieurs mois dans un
tel abandon , dans un dénuement si absolu, qu’il pa-
raît avoir manqué des secours les plus nécessaires.
« Le désordre de ma barbe et de mes cheveux, écri-
vait-il à un de ses amis, le défaut de vêtemens et
l’horrible malpropreté qui m’environne, ne sont qu’une
partie de mes maux ; la solitude, mon ennemie na-
turelle, la solitude, que j’ai en horreur, aggrave le
poids de mes souffrances et rend ma situation af-
freuse. » C’est dans cet éiat. déplorable que Michel
Montagne le vit en passant à Ferrare. M. Ducis en a
fait le sujet du petit tableau dont nous donnons ici
l’esquisse ; il a pour pendant celui qui représente le
Tasse lisant ses vers à la princesse Eléonore (i) , par
le même artiste.
(i) Planche 17 de ce volume, page 27.
Salon de i8i4-
6
Planche vingt-septième. — Captivité du Tasse ; Tableau
de M. Ducis.
Les historiens du Tasse ne sont pas d’accord sur
les motifs qui le privèrent de la saveur d’Alphonse,
duc de Ferrare. Mais le désespoir du poète fut ex-
trême , et dans ses sureurs il ne gardait aucune mesure.
Il éclatait en injures contre toute la maison d’Est,
contre le duc , contre toute sa cour. Ces violences
furent considérées comme Fefifet d’une entière aliéna-
tion d’esprit. Alphonse le lit arrêter et conduire à l’hô-
pital de Sainte-Anne , où l’on enfermait les fous.
On ne peut expliquer, encore moins justifier les
indignes traitemens que le Tasse éprouva dans cette
humiliante détention. Il resta plusieurs mois dans un
tel abandon , dans un dénuement si absolu, qu’il pa-
raît avoir manqué des secours les plus nécessaires.
« Le désordre de ma barbe et de mes cheveux, écri-
vait-il à un de ses amis, le défaut de vêtemens et
l’horrible malpropreté qui m’environne, ne sont qu’une
partie de mes maux ; la solitude, mon ennemie na-
turelle, la solitude, que j’ai en horreur, aggrave le
poids de mes souffrances et rend ma situation af-
freuse. » C’est dans cet éiat. déplorable que Michel
Montagne le vit en passant à Ferrare. M. Ducis en a
fait le sujet du petit tableau dont nous donnons ici
l’esquisse ; il a pour pendant celui qui représente le
Tasse lisant ses vers à la princesse Eléonore (i) , par
le même artiste.
(i) Planche 17 de ce volume, page 27.
Salon de i8i4-
6