Musée et l'Ecole Moderne des Beaux-Arts <Paris> [Hrsg.]: Annales du Musée et de l'Ecole Moderne des Beaux-Arts / Salon: Salon de 1819 (1819)

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touchante. Si tout ïe tableau était de cette force, on
pourrait le citer comme un des chefs - d’œuvre de notre
école : mais le bas de la figure de la sainte ne se des-
sine pas d’une manière satisfaisante; la main droite est
beaucoup trop petite; la tunique de lin, quoique d’un
ton léger, est lourdement drapée, et les dessous en
sont écrasés. Le dessin des nus est d’un assez bon style :
cependant il est un peu rond et manque de ressort; le
pinceau est léché, un peu froid, et beaucoup trop fondu
pour des figures demi-colossales, qui, sans doute , seront
placées à un point de vue très-élevé. Le coloris est géné-
ralement suave et léger ; mais il est égal, et la carnation
des bourreaux n’est guère plus vigoureuse que celle de
la sainte. La plupart des têtes, excepté deux ou trois,
entre autres celle du vieillard qui paraît exhorter S.te Ju-
litte, sont d’un caractère mesquin, peu régulières dans
l’ensemble des traits, et le peintre n’y a guère montré
que l’intention d’être expressif.
Toute la partie inférieure du tableau est dans le clair;
le haut est relégué dans l’ombre ou dans la demi-teinte, a
l’exception du nuage sur lequel on aperçoit un ange
tenant une palme et une couronne. Ce contraste trop
frappant est loin de produire l’effet que sans doute l’ar-
tiste s’était promis : en coupant en deux moitiés la com-
position , il nuit à l’union des parties et détruit la gran-
deur de l’ensemble. Ni le Dominiquin, ni le Guide, ni
le Sueur, n’auraient adopté un parti semblable; ils au-
raient trouvé le moyen de produire une opposition d’esfet,
si toutefois ils l’avaient jugée nécessaire, sans l’acheter
par le sacrisice des parties essentielles de la composition.

1. Salon de 1819,

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