Annuaire de la Société Archéologique de la Province de Constantine (3.1856/57 (1858))

à la prière, on a devant soi une niche festonnée de gracieuses
arabesques et soutenue par quatre colonncltes. C'est la place
où se prosterne l'imam, afin de regarder l'orient, quand il
dirige la prière. Le temple, sous le rapport de la superficie,
forme un carré oblong. Le plafond, suivant l'usage, est un
assemblage régulier d'ais coloriés en rouge et en vert avec
quelques rosaces. Des colonnes en marbre supportent les ar-
ceaux qui divisent en plusieurs nefs ce vaste espace, où sont
ménagées deux coupoles, au-dessus et dans la direction de la
niche. Des faïences aux mille dessins lambrissent les parois,
et les rayons du soleil, après avoir été tamisés par des vitraux
peints, viennent se refléter sur les couleurs capricieuses
des tapis du Sahara et de Constantinoplc que le hasard a
réunis en cet endroit. Le luminaire est composé de grands
lustres en verre de cristal tout chargés de girandoles. Au
fond de la salle et du côté opposé au mihrab, se développe
une longue tribune, comme dans toutes les mosquées hané-
fites. Mais le morceau capital , celui auquel les touristes
accordent plus particulièrement leur attention, c'est la chaire
établie à droite delà niche. On ne sait en effet ce qu'on y doit
admirer le plus, ou de l'art ou de la matière. Presque toutes
les variétés de marbre y sont réunies. Il paraît que Salah-bey
n'en dota la mosquée qu'un peu plus lard, puisqu'on lit sur
le fronton qui simule une porte au-dessus de la première
marche, l'inscription que voici :

« Celui qui a élevé ce menber avec l'aide de Dieu, c'est
Salah, dont les bonnes œuvres sont nombreuses. La date est
contenue dans le mot rechcd « il fut juste. »

Or la valeur numérale des trois lettres va, vhin, dal, dispo-
sées dans cet ordre, donne le chiffre 1204, qui correspond à