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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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L'art
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L'ART

ffcour bien des gens l'art est affaire de luxe ou de simple amusement. Dis ne lui demandent -pas autre
chose que d'orner leur demeure ou de réjouir leurs jeux.

ZNjius aussi nous croyons que l'art est une des joies de la vie, une des plus nobles et des plus relevées, une
des plus durallcs surtout et que rien ne saurait suppléer; il répond à l'une des aspirations les plus hautes, il
satisfait a l'un des besoins les plus impérieux de l'intelligence humaine; cela suffirait pour justifier l'importance
que lui ont, de tout temps, accordée les peuples civilisés.

CMais pour nous l'art est encore quelque chose de plus.

précisément parce qu'il est la traductiori visible et tangible des impressions et des conceptions de l'homme a
travers les temps, parce que, en leur dormant une expression matérielle, il les perpétue et les transmet de génération
en génération, il devient pour la série des âges le plus sûr et le plus irrécusable des témoins. "C'est par l'étude
de l'art et par la comparaison de ses traits essentiels aux différentes époques que nous pouvons nous rendre le
compte le plus exact du degré et du caractère des diverses civilisations qui se sont succédé dans l'histoire.

^Dc tout temps l'homme s'est distingue de tous les êtres vivants par la recherche instinctive et persistante du
mieux en toutes choses. ^Dès l'origine, avant même que l'histoire ait commencé pour lui, lorsqu'il vit confondu
avec les animaux inférieurs, ce trait essentiel de la. nature humaine se manifeste par l'art. ^Dans ces sombres et
profondes cavernes ou les ossements de nos premiers ancêtres gisent depuis tant de siècles mêlés a ceux d'une faune
aujourd'hui disparue, on découvre chaque jour des ornements, des parures, des figures dessinées ou sculptées çt jusqu'à
de grossiers instruments de musique, qui démontrent que c'est par les manifestations artistiques que s'est d'abord révélée
la spontanéité intellectuelle des races humaines.

mesure que s'ccoulcnt les siècles, ces manifestations se complètent et s'élèvent, par un mouvement dont les
intermittences n'excluent pas le progrès, et qui atteste en somme un développement sensible dans les facultés
d'observer et de concevoir.

Si ce progrès était constant, uniforme, rectiligne eu quelque sorte, nous n'aurions qu'à nous abandonner sans
résistance au mouvement qui iwus porterait, qu'à accepter, les bras croisés, les bienfaits d'une civilisation spontanée,
qui ^n'aurait que faire de notre concours.

CMais l'histoire tout entière dément ce fatalisme trop commode. 'Jfandis que l'accroissement naturel des
observations et des expériences résultant de la vie journalière semblerait devoir ajouter sans cesse de nouvelles
forces à la puissance intellectuelle de l'humanité, mille obstacles, de nature diverse, se dressent devant la marche
des civilisations et semblent les condamner successivement à s immobiliser dans des impasses ou trop souvent elles
ne tardent pas a périr.

"L'histoire de ces décadences, depuis ^Babvlonc et ^Cinivc jusqu'à l'Espagne, en passant par ï%gvptc, la
•Qrècc et l\ome, est trop connue pour que nous nous arrêtions à la retracer.

cX)e toutes les causes qui ont contribué à la corruption et à la chute de ces sociétés puissantes, nous n'en
voulons retenir ici qu'une seule, parce qu'elle nous parait avoir été de beaucoup la plus funeste, surtout en ce
qui concerne l'art, et que, par une coïncidence heureuse, c'est peut-être celle qu'il est aujourd'hui le plus facile
de combattre et d'annuler.

31 semble que deux tendances contraires se disputent l'intelligence humaine : la recherche du progrès et le
respect du passé. "Lorsqu'une idée ou une situation nouvelle s'impose à un peuple, toutes ses énergies intellectuelles,
surexcitées dans le même sens, le portent en avant. 2)c là résultent ces brillantes civilisations qui sont restées
dans l'histoire comme les grandes étapes de l'humanité, et où l'art se trouve naturellement associé à ces épanouissements
de force créatrice.

Mais, quand le but parait atteint, les ressorts se détendent, l'effort fait place au repos et l'admiration
plus ou moins incric du passé se substitue à l'élan vers l'avenir. "Cette recherche ardente du mieux, ce Ixsoin de
renouvellement qui stimulait les âmes, se transforment en un sentiment contraire, et les mêmes peuples qui tout
a- l heure rêvaient, comme ffcromcthcc, de créer une- humanité nouvelle, s'affaissent dans la contemplation immobile
de leur propre gloire. <

Tome I. i.
 
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