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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Lazare Duvaux et la Marquise de Pompadour
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0011

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LAZARE DUVAUX

ET

LA MARQUISE DE POMPADOUR

l.

Tout le monde connaît les portraits de la marquise de Pompadour par Boucher et par La Tour,
et tous ceux qui les connaissent ont remarqué le soin qu'ont mis les deux artistes à réunir autour
d'elle les attributs les plus propres à rappeler ses habitudes et ses goûts. Aux pieds de son modèle,
sur le parquet, Boucher a semé un porte-crayon monté de sanguine et de crayon noir, un carton
de dessins ouvert, un plan de château à demi déroulé, des cahiers de musique, une pointe de
graveur emmanchée.

Le pastel de La Tour n'est pas moins expressif. Sur une table de marbre, l'artiste a placé
une sphère, le tome IV de Y Encyclopédie, un volume de l'Esprit des lois, la Henriade et le Pastor
fido; à côté, un volume bleu renversé, portant inscrit au dos : Pierres gravées. Une estampe
représente un graveur en pierres fines au travail, avec ces mots : Pompadour sculpsit; à terre, au pied
de la table, un carton de gravures et de dessins, marqué à ses armes; plus loin, sous la console,
on entrevoit un vase du Japon; derrière la marquise, un fauteuil avec une guitare.

C'est bien là la marquise telle qu'elle a voulu poser pour la postérité, avec toutes ses préten-
tions à la beauté et à l'esprit, car, tout étrange que cela puisse paraître aujourd'hui, Mme de Pompadour
se préoccupait fort de l'histoire; elle s'inquiétait plus qu'on ne saurait croire de la figure qu'elle
y ferait. Oui, cette femme rêvait la gloire et se croyait faite pour régenter son siècle. Devenue
maîtresse d'un roi, malgré la médiocrité de sa beauté et la bassesse de sa naissance, Antoi-
nette Poisson ne doutait plus de rien. Quand ses incommodités l'eurent réduite au rôle de maîtresse
in partibus et d'entremetteuse effective du Bien-Aimé, elle voulut en compensation devenir son
premier ministre. C'est alors qu'elle s'appliqua à mener de front les affaires du Parc-aux-Cerfs,
la guerre de Sept ans et les intérêts de l'art français, sans trouver entre ces soins divers la
moindre incompatibilité.

Nous laisserons de côté les deux premières parties de ce rôle multiple; nous ne nous arrêterons
qu'à la troisième, sur laquelle des découvertes récentes viennent de jeter un jour nouveau.
Mme de Pompadour avait un goût très-vif et très-sincère pour les arts.

Elle vécut entourée d'artistes : Boucher, Guay, Vien, Cochin, Chardin, Oudry, Vanloo, Gabriel,
Soufflot, L'Assurance, etc. Elle comptait sur leur concours pour donner à ce qu'elle appelait son
(i règne » un éclat qui fût pour elle auprès du roi un nouveau moyen de séduction. Elle avait installé
dans son appartement même, à Versailles, le touret et la table de Guay, et lui faisait graver
sous ses yeux les pierres fines qu'elle prenait ensuite pour sujets de ses propres estampes.

Car elle ne se contenta pas d'un amour platonique pourles arts : elle voulut être artiste elle-même
et pendant plusieurs années elle grava à l'eau-forte. Vien, Boucher relevaient pour elle, en les
agrandissant, les dessins des pierres gravées de Guay, et elle les copiait avec plus de docilité que
de succès sur des planches de cuivre.

("/est ainsi que s'affermit la laveur dont ces artistes, et surtout Boucher, jouissaient auprès
d'elle. Grâce à son remarquable talent de graveur, Boucher était plus capable qu'aucun autre de guider
et de soutenir les efforts de la marquise, et sa pointe vive et spirituelle savait mieux que toute autre
réparer ou dissimuler les maladresses trop visibles de son élève.

Boucher était né pour être l'artiste favori de la Pompadour et de la cour de Louis XV. H y
avait une « harmonie préétablie » entre le caractère de son talent et les goûts de son siècle; c'est ce
qui expbque l'immense succès de ses moindres pochades, l'incroyable engouement dont la cour et la
 
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