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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Ménard, René: La gravure en médailles sous la Renaissance franc̨aise, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0062

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LA GRAVURE EN MÉDAILLES. 51

L'art puise à deux sources qui sont l'observation et l'invention : si le talent dérive de la première,
c'est la seconde surtout qui donne la marque du génie. Il nous a semblé que la gravure de médailles
en France, pendant la période sur laquelle l'Académie avait appelé l'attention, avait parcouru plusieurs
phases différentes, qui répondent à la marche de l'histoire générale. Nous avons cherché à caracté-
riser chacune de ces phases dans un chapitre spécial.

Après avoir parlé des origines, nous avons étudié le style primitif qui comprend les médailles
exécutées avant ou pendant le règne de Louis XII. Une grande précision de dessin, une recherche
vaine de la réalité, sont les traits distinctifs de la première époque. Comme l'Italie nous a paru
exercer une grande influence sur la gravure en France, nous avons cherché à déterminer quelle avait
été cette influence et comment elle s'était exercée.

Le style mythologique, qui caractérise la seconde période, embrasse les règnes de François Ier
et Henri II. Les divinités païennes paraissent à tout propos. Souvent elles servent d'allusion et s'accor-
dent avec le fait qui a déterminé la commande : quelquefois elles ne figurent sur une médaille qu'à titre
d'ornements et sans autre raison que le besoin de faire reparaître les titres de l'antiquité.

La troisième époque, celle où domine le style emblématique, répond à nos guerres religieuses.
Les emblèmes se multiplient, et les médailles, moins gracieuses que celles de l'époque précédente,
sont plus raisonnées dans leur signification. La mythologie continue à se montrer, mais elle est toujours
subordonnée au sujet. Le temps n'est plus aux tournois et aux fêtes galantes : l'enthousiasme catholique
et le grave protestantisme sont aux prises; l'art traduit cette lutte, où nul n'est indifférent.

Pour expliquer le rapport qui existe entre l'expression symbolique de nos médailles protestantes
et les médailles allemandes de la même époque, nous avons cru devoir dire un mot du style allemand
au temps de Luther.

Le style allégorique comprend les règnes de Henri IV et Louis XIII. Les divinités de la mytho-
logie ne sont plus employées seulement comme allusions, elles s'identifient avec les personnages de
la vie réelle : Hercule prend les traits de Henri IV, Pallas ceux de Marie de Médicis. Les person-
nages ne sont ni complètement réels, ni complètement imaginaires, et l'allégorie se trouve partout.
Rubens a été l'expression la plus complète de ce style en peinture; les médailles de Dupré nous
montrent le même ordre d'idées exprimées par un artiste d'un génie entièrement différent.

Le style pompeux répond au règne de Louis XIV. Si les artistes ont cru honorer Henri IV en
lui donnant les attributs d'Hercule, c'est l'inverse qui aura lieu pour Louis XIV, et Apollon devra
se trouver honoré de paraître sous les traits d'un si grand roi. La personnalité royale efface tout, et
l'élément divin n'apparaît que comme une de ses qualités. A force d'épuration, le naturel disparaît et
la décadence n'est pas loin.

Warin occupe une belle place dans le panthéon de l'art; mais aussitôt après lui la symétrie deviendra
de la froideur, la précision de la sécheresse, l'élégance de la manière. Une autre époque va com-
mencer, mais elle est en dehors de notre programme, et nous devons nous arrêter avec Louis XIV,
qui marque en effet un point décisif dans l'histoire de l'art.

Les modifications apportées dans l'exécution et dans la commande des médailles nous ont paru
s'adapter aux grandes divisions que nous avons admises pour la composition. Les médailles, fondues
pour être reciselées par l'artiste pendant une certaine période, sont dans une autre frappées avec le
marteau ou bien avec le balancier. Enfin la commande qui semble toute de caprice, sous François Ier,
paraît une nécessité de l'histoire pendant la Ligue et n'est plus qu'un hommage sous Louis XIV.

Nous verrons, sur un grand nombre de médailles, que l'artiste, bien que préoccupé de la noblesse
et du style, a fait une œuvre de fantaisie qui peut nous charmer, mais qui ne répond pas à sa destina-
tion, parce que la disposition n'est pas en rapport avec la commande, c'est-à-dire avec le motif pour
lequel il a été décidé qu'on ferait une médaille.

D'autres, au contraire, nous montreront des emblèmes, des rébus que nous pouvons apprécier
comme jeux d'esprit, souvent ingénieux et significatifs, mais auxquels il manque dans l'arrangement
ce sentiment du beau qui seul constitue l'œuvre d'art.

René Ménard.

(La suite au prochain numéro.)
 
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