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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: Gavarni, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0064

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GAVARNI

i.

Tout est dit sur Gavarni.

Après le livre de MM. de Goncourt', il se peut qu'on trouve encore à glaner dans l'histoire de sa
vie, de ses pensées, de ses travaux, mais ce livre n'en est pas moins une biographie définitive. Il y
aura lieu peut-être d'y ajouter quelques renseignements et documents complémentaires, peut-être
aussi d'en élaguer quelques surcharges d'appréciation et d'ornement; mais le livre existe, et si le sur-
vivant des deux auteurs a le droit de le retoucher, il est improbable qu'on songe jamais à le refaire.
C'est une étude fouillée avec un soin extrême, un portrait travaillé, détaillé avec une précision que la
sincérité du sentiment sauve de la minutie, bien que par moments on se prenne à craindre que les
grandes lignes de la ressemblance, la personnalité' de la physionomie, ne se noient sous la profusion
des mille et une délicatesses de la touche. C'est un monument qu'il ne s'agit plus que d'entretenir
et de restaurer, mais qui, 'élevé par des amitiés vraies, par des admirations éclairées, doit être consi-
déré comme durable.

Si la bibliographie gavarnesque n'est pas tout à fait aussi achevée que la biographie, il s'en faut
relativement de bien peu. Le catalogue de Gavarni, ce catalogue que demandait Sainte-Beuve, alors
que les amateurs ne possédaient encore que l'essai, déjà très-utile, mais insuffisant, publié par
M. Morère à la fin du petit recueil de Paulin et Lechevalier % ce catalogue complet, on ne peut plus
dire qu'il reste à faire. Il est fait, et bien fait, pour une bonne et large part, la plus vaste et la plus
importante, l'œuvre lithographique, recherchée avec passion et classée avec méthode par deux
bénédictins, MM. Armelhaut et Bocher. Leur catalogue raisonné3, qui ne mentionne pas moins de
2,674 pièces, est bien « le guide, le fil conducteur » que Sainte-Beuve aurait voulu avoir sous
la main afin de ne pas s'égarer dans l'inextricable « labyrinthe » de l'œuvre de Gavarni.

Ce sont là des hommages posthumes rendus à la mémoire du plus célèbre et du plus fécond dessi-
nateur de l'époque, à l'artiste qu'un autre virtuose du crayon, Gustave Doré, son émule sous le rapport
de la fécondité, proclamait, dit-on, le plus grand peintre de nos jours. Mais, de son vivant, les éloges
n'ont pas manqué à cette verve intarissable qui caractérise tout d'abord le talent de Gavarni. Il a
connu toutes les nuances du succès et de la popularité : les applaudissements des masses, la vogue des
salons, l'admiration des ateliers, les louanges de la presse. Pendant près de trente ans, les maîtres de la
critique artistique et littéraire ont pris plaisir à signaler et à caractériser les faces si nombreuses et
si brillantes de son multiple et scintillant génie. Il semblait que ce fût un devoir, un honneur et une
joie pour tous les distributeurs de la renommée, pour les plus illustres comme pour les plus modestes,
de dire son fait à Gavarni, d'analyser avec une sympathie enthousiaste son originalité et de le con-
duire jusqu'au seuil de la postérité entouré d'un imposant cortège d'acclamations.

Cette unanimité laudative de la critique contemporaine a épuisé la matière. L'enthousiasme s'est
manifesté avec un tel éclat sous les yeux du héros de ces ovations répétées, que la postérité essayerait
vainement de le dépasser; elle ne petit plus que le ratifier. Il est signé de tels noms et accompagné
d'appréciations tellement compétentes ; le jugement sur l'ensemble et les détails, sur les causes géné-
ratrices et sur les dessous de ce merveilleux talent est si complet et si autorisé, qu'il ne reste plus à ceux
qui n'ont point connu Gavarni, qu'à s'incliner sans avoir la prétention d'ajouter à ce qui a été dit, ou
l'impertinence de reprendre un thème consacré qu'ils risqueraient de gâter en y touchant.

Mais cette unanimité même éclaire peut-être d'un jour nouveau cette popularité que la génération
actuelle a recueillie toute faite, et qu'elle conserve pieusement sans la moindre velléité de réaction
paradoxale.

En effet, si Gavarni n'a pas attendu, comme tant d'autres, dans les souffrances du doute, du

1. Gavarni, l'homme et l'œuvre, par Edmond et Jules de Goncourt. Paris, Henri Pion, 1873.

2. Masques et Visages} Paris, 1857.

■}.■ L'Œuvre de Gavarni, lithographies originales et essais d'eaux-fortes et de procédés nouveaux; catalogue raisonné par J. Armelhaut
et E Bocher. Paris, librairie des bibliophiles, 1873.
 
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