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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: Gavarni, [1]
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Genevay, Antoine: Jean Baptiste Isabey, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0070

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ces grossièretés qui souvent font tache au milieu du luxe de son style. Plus de finesse et de justesse,
et plus d'élégance môme dans le débraillé. Rappelez-vous les étudiants, les grisettes, les débardeurs
de Gavarni, et cette devise qui souligne une de ses scènes de carnaval : « Canaille, tant qu'on
voudra; mais mauvais genre, jamais! » Balzac est parfois mauvais genre. Gavarni, jamais.

Du reste, après avoir comparé les œuvres et les esprits, comparez les types physiques. Peut-être
eût-il fallu commencer par là. Voyez les portraits, et notamment la belle eau-forte gravée par M. Léo-
pold Flameng, pour le livre de MM. de Goncourt, d'après un portrait de Gavarni, dessiné par lui-
même. Ces traits fins, ce regard curieux et légèrement sceptique, ce sourire dont l'ironie discrète se
dissimule comme à dessein sous la moustache, cette physionomie élégante et travaillée ne vous rappel-
lent en rien le « sanglier joyeux » que décrivait M. Champfleury sortant de chez Balzac. Il suffit
d'analyser cette figure pour deviner, sans autre information, que Balzac n'est pas tout Gavarni.

Gavarni, en effet, était poète autant qu'observateur et peintre. Il allait à la découverte des mille
et une réalités de la vie moderne, ayant dans son sac de voyage un petit flacon d'ambroisie. Il y
avait en lui du Musset.

Charles Tardieu.

(La suite au prochain numéro.)

JEAN-BAPTISTE ISABEY1

(suite et fin.)

On a dit et répété qu'Isabey se laissait aller à de très-grandes familiarités avec son hôte; d'abord
celui-ci ne les souffrait guère, et ensuite le peintre avait trop de tact pour jouer avec les griffes du lion.
Ces bruits n'ont aucun fondement: pour preuve, voici une anecdote que l'artiste nous a contée.

Il avait passé la nuit à la Malmaison. De très-bonne heure il s'éveille, la matinée était superbe, le
voilà dans le parc. Il va, il vient, il rôde à travers les arbustes et les fleurs. Sur une pelouse il aperçoit
un officier en petite tenue qui lui tournait le dos, il croit le reconnaître: aussitôt de prendre son élan,
en rasant sans bruit le gazon. Arrivé près du promeneur, il lui pose brusquement les mains sur les
épaules, lui saute par-dessus la tête et retombe devant lui en faisant une pirouette; il se retourne...
c'était Bonaparte qui, pâle de surprise et de colère, l'œil enflammé, lui dit : « Je croyais avoir un peintre
chez moi, ce n'était qu'un saltimbanque. »

Isabey n'eut pas le courage d'expliquer sa méprise, il s'éloigna d'abord à pas lents, puis s'enfuit à
toutes jambes. Dès qu'il put pénétrer jusqu'à Joséphine, il lui narra en tremblant sa mésaventure; elle
le gronda d'abord, mais le voyant véritablement désolé : « Allez-vous-en bien vite, ajouta-t-elle, il ne
faut pas qu'il vous voie, restez quelques jours sans venir. Je vous écrirai. » En effet, il fut bientôt rap-
pelé; Bonaparte oublia, mais Isabey se souvint toujours de la peur qu'il avait eue, tant la familiarité
qu'on lui prête avait toujours été loin de ses habitudes et de sa pensée.

Ce fut à la Malmaison qu'Isabey exécuta le portrait en pied de Bonaparte, celui de tous où il est
peint avec le moins de pose et de convenu.

En l'an VIII, le premier consul lui commanda une Repue passée au Carrousel; il désigna lui-même les
personnages dont il voulait être entouré. Le tableau lui plut, mais il se trouva mal représenté. « Comme
je me tiens mal! pourquoi cette tète penchée, ce dos voûté? cela peut-il se changer? — Sans doute;
mais si l'on avait peint, lui répondit spirituellement Isabey, le grand Frédéric droit Comme un gre-
nadier, pensez-vous qu'il eiit été ressemblant? »

Dans ce grand dessin de la Revue, l'artiste s'était fait aider par Carie Vernet, qui se chargea
des chevaux.

Lors du couronnement, Isabey fut, comme on dit en style de théâtre, chargé de régler la pièce ;
chose peu facile avec les acteurs qui lui étaient donnés. Celui-ci sortait des écuries, cet autre avait été

i. Voir le numéro 2 de l'Arc, p. 40.
 
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