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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Tardieu, Charles: Gavarni, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0102

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G AVARNI. 07

et cette réponse de Musset lui-même :

Tu l'as bien dit, ami, mais tu l'as trop bien dit.
Tu ne prenais pas garde, en traçant ta pensée,
Que ta plume en faisait un vers harmonieux,
Et que tu blasphémais dans la langue des dieux.
Relis-toi, je te rends à ta Muse offensée ;
Et souviens-toi qu'en nous il existe souvent
Un poète endormi toujours jeune et vivant.

La poésie a de fréquents réveils dans l'œuvre de Gavarni, non pas la grande poésie lyrique des
premières années du romantisme, une époque qui n'est pas la sienne, mais une poésie plus intime
dont le souffle discret vient par moments rafraîchir et attendrir la verve du satirique.

Il rappelle Musset par une certaine élégance instinctive, par nous ne savons quelle aristocratie
innée qui se trahit jusque dans les plus furieux déhanchements de ses bacchanales; il le rappelle aussi,
dans maint passage de ses essais littéraires, par quelque
analogie dans le mouvement et l'expression de la passion.

Prenez cette phrase de son roman inachevé : « Marie!
Marie! quelle vie vous faites-vous? Que lisez-vous? Qu'é-
crivez-vous? Je vois dans les lettres que vous m'adressez
un reflet d'études graves. Des mots d'histoire et de philo-
sophie vous échappent. Vous croyez à l'histoire, et vous
doutez de la vie ! » Ce cri si humain est comme une réduc-
tion de la foudroyante apostrophe de Perdican à Camille
dans On ne badine pas avec l'amour : « On est souvent
trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux,
mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on
se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai
souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai
aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé
par mon orgueil et mon ennui. »

Enfin, pour noter, sans y insister toutefois, un trait
qui n'est pas sans avoir une signification, il tenait de
Musset par la Confession d'un enfant du siècle. Cette Arsène,
dont il est question dans le livre de MM. de Goncourt1,
est cousine de la première maîtresse d'Octave et sœur de
Marco. « Marco, malheur à qui t'aimerait! »

Il allait non-seulement de Balzac à Musset, mais en-
core, un étage au-dessous, de Paul de Kock à Murger. Un des derniers croquis de Gavarni.
Ses grisettes sont plus proches parentes de Zizine que de

Mimi Pinson et Bernerette, et ses étudiants n'ont pas la mélancolie de Frédéric Homhert. Il avait
crayonné les profils des bohèmes que Murger devait mettre en scène. 11 avait devine Schaunard,
Colline, Rodolphe et surtout Musette.

Tout cela, c'est Paris, dont Gavarni était imprégné depuis toujours; mais que ses affaires embar-
rassées l'exilent de France pour un temps, qu'il parte pour l'Angleterre, où il passe quatre années
(1847-1851), quand il ne comptait y passer que quelques jours, et son talent, sous l'influence d'un
milieu nouveau, manifeste des aptitudes qu'on ne lui supposait peut-être pas. Voici en même temps
que de nouvelles analogies apparaissent. A Londres, où l'amenait le déficit, où le retiennent la curio-
sité et le désir de se rendre maître d'un spectacle tout différent de celui qu'il avait eu jusqu'alors sous
les yeux, Gavarni, profondément impressionné, se transforme. 11 est sollicité de tous cotés par des

1. Pages 154 ù 159.
 
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