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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Genevay, Antoine: William Hogarth, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0139

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WILLIAM HOGARTH

S'il est nécessaire de mettre une statue, un tableau dans son jour, il faut agir avec le môme
soin lorsque l'on veut reproduire la vie d'un artiste. Il importe de le placer dans son milieu, dans
la société des hommes, bons ou mauvais, pervers ou justes, avec lesquels il a vécu. Ce qui l'entoure
l'éclairé; ce qui l'accompagne l'explique, le relève; c'est sa lumière, son point, son piédestal naturel.
Jules II, ce pape cuirassé, Savonarole, les guerres de Florence et des Républiques italiennes défendant
leur liberté expirante, font comprendre les figures dantesques de la Sixtine; Van Dyck, la cour
de Charles Ier; Philippe de Champaigne, le Jansénisme; Lebrun, Louis XIV et Versailles ; et les
cavaliers de Géricault reviennent d'Austerlitz ou de la Bérésina. Pour ne point sortir de l'école
française, Clouet avec ses figures efféminées à l'oeil cruel et faux, Boucher, David, H. Vernet et
tant d'autres, que sont-ils, sinon les peintres des scènes cruelles, voluptueuses, héroïques, ou
« chauvines », dont ils ont été les vibrants témoins? On peut apprendre son histoire en se promenant
dans les galeries du Louvre. A chaque période, avec les costumes, non-seulement les mœurs,
mais les physionomies changent; à chaque pas on se sent en présence d'une génération différente
et nouvelle. Qu'y a-t-il de commun entre les traits des soudards de nos guerres religieuses, tètes
sèches, anguleuses, et le front rayonnant des volontaires de l'armée de Sambre-et-Meuse? Certes,
nulle ressemblance physique n'existe entre les mignons du Valois et les courtisans pompeux du
grand Roi; entre les boutiquiers de nos jours et ceux d'autrefois; entre les banquiers modernes
et les lombards de jadis. ^"ubhP)

Si cette connaissance des temps est toujours utile, combien n'est-elle pas indispensable lorsqu'il
s'agit d'un peintre qui, de parti pris, a consacré sa palette et son génie à peindre ses contemporains,
à nous transmettre leur physionomie morale, leurs passions et leurs ridicules? Tel fut William Hogarth.
Né à la fin du règne de Guillaume « de glorieuse mémoire », comme ne manquent pas de dire les
Anglais, ses premières années se passèrent sous la reine Anne, qui consacra et consolida définitive-
ment, et non sans éclat, la révolution de 1688. Les fils des puritains, des « Iron sides » de Cronrwell
étaient à peu près disparus ou laissaient dormir leurs colères, tandis que les Jacobites vaincus,
retirés dans leurs manoirs, croyaient montrer leur courage en portant des toasts séditieux ou en
dépensant leur activité en des intrigues ou des plaisirs bruyants qui achevaient de les déconsidérer.
Ils s'imaginaient faire preuve de race et de loyalisme en imitant, d'une façon grossière, les scandaleux
exemples laissés par les derniers Stuarts. Mais la jeune aristocratie ne possédait plus le secret de ces
élégantes corruptions dont le chevalier Lély et le rapace Kneller avaient été les peintres précieux.
Bien moins encore eùt-on trouvé dans Londres un de ces gentilshommes si fiers et si fins dont
Van Dyck nous a transmis les traits et l'attitude superbe. Avec le régime parlementaire et ses
honteuses vénalités se développait le sens critique; Addison et Johnson faisaient pour la prose
anglaise ce que Milton avait fait pour la poésie, Swift étincelait d'un génie satirique que n'a point
surpassé Voltaire, la presse prenait le rang et le rôle qu'elle doit avoir chez les nations libres : c'était
une époque de reconstruction. Le peuple, devenu plus heureux et plus riche, orgueilleux et grossier
encore, ne pratiquait plus dans leur sévérité les mœurs austères des premiers jours de la Réfor-
mation et il célébrait son émancipation par des joies bruyantes. Si les hautes classes avaient leurs clubs,
lui, il hantait les tavernes où se dilataient son sensualisme épais, son tempérament sanguin et
querelleur.

Oubliant que c'est précisément cette époque qui est celle de Hogarth, Gainsborough, Joshua Rey-
nolds, le frivole Horace Walpole l'accuse de stérilité artistique. Il prétend, — ce qui fut vrai pendant
quelques années, — qu'à partir des guerres civiles l'art déclina, et il attribue ce temps d'arrêt « .au
manque de modèles ». Le paradoxe ne vaut pas la peine d'être réfuté. Horace Walpole eût été dans
lq vérité s'il se fût contenté de dire que, pendant les troubles armés, tout entière à la défense de ses
droits, l'Angleterre s'était détournée de l'art, que Charles II restauré n'avait à peu près encouragé
 
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