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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Guiffrey, Jules: Le pensionnaire de l'Académie de France à Rome
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0188

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LE PENSIONNAIRE

DE

L'ACADÉMIE DE FRANCE A ROME

AUTREFOIS ET AUJOURD'HUI 1

Nous avons précédemment étudié l'histoire de l'Académie de France à Rome à un point de vue
général. Nous allons maintenant comparer la situation du pensionnaire d'autrefois à celle du pen-
sionnaire actuel.

Au commencement et pendant toute la durée du xvme siècle, l'art semblait le patrimoine exclusif
de quelques familles privilégiées. Est-il nécessaire de citer les nombreuses dynasties des Coypel, des
Stella, des Parrocel, des Bailly, des Lemoyne, des Dumont, des Vernet, dans lesquelles l'enfant
recevait dès ses plus tendres années, sous le toit paternel, les premiers enseignements de l'art?
A l'époque où les anciennes corporations d'arts et métiers brillaient de tout leur éclat, le père trans-
mettait à son fils, avec l'expérience qu'une longue pratique lui avait acquise, le droit d'exercer libre-
ment son industrie, et ainsi se perpétuait dans une même famille, comme un glorieux patrimoine,
quelquefois pendant plusieurs siècles, la môme carrière.

La fondation de l'Académie royale, en affranchissant les peintres et les sculpteurs de la tyrannie
tracassière de rivaux souvent médiocres, ne modifia pas sensiblement cet ancien état de choses. Pour
peu que l'enfant donnât les signes d'une aptitude naturelle, toutes ses études, dès les premières
années de sa jeunesse, n'avaient qu'un but : le pousser dans la voie qu'avait suivie son père.

Les artistes, rapprochés par de communs travaux et habitant ensemble sous cette grande galerie
du Louvre, dans l'asile inviolable que leur avait assuré la sollicitude de Henri IV, formaient ainsi un
milieu des plus favorables au développement du talent. Là le jeune apprenti peintre ou sculpteur avait
constamment sous les yeux l'exemple de ses aînés; de bonne heure toutes ses idées, toutes les facultés
de son intelligence se concentraient sur un point unique.

Il n'en sortait que pour entrer à l'école placée sous la direction immédiate des membres de
l'Académie. Là, il retrouvait des maîtres qu'il connaissait de longue date, qu'il avait vus depuis son
enfance fréquenter la maison paternelle, et qui devenaient désormais les amis, les protecteurs naturels
du jeune débutant.

Si la discipline était exacte et sévère, elle était facile aussi dans cette petite société dont tous les
membres étaient unis les uns aux autres par les liens de l'habitude, de l'affection et souvent de la
famille. Aussi le jeune homme, qui entrevoyait dans le titre de membre de l'Académie et de peintre du
roi un avenir assuré, prenait-il de bonne heure l'habitude de l'obéissance et du respect envers ces
maîtres dont il aspirait à devenir l'émule et le confrère.

11 y a plus, dans ces temps de pouvoir absolu, toutes les faveurs, toutes les grâces émanaient du
roi; c'est lui qui disposait souverainement de toutes les places, de toutes les pensions, de toutes les
commandes. Or l'artiste, môme logé au Louvre, même chargé de travaux pour les églises, pour les
palais ou pour les manufactures royales, aurait difficilement trouvé le moyen de vivre, d'élever sa
famille, d'amasser quelques ressources pour sa vieillesse, si la libéralité royale, par des gratifications
ou des pensions, ne fût venue au secours de sa pauvreté.

Je sais bien que plus d'un artiste éminent trouva le moyen d'amasser une véritable fortune.
Girardon possédait de magnifiques collections; Mignard laissait plus de cinq cent mille livres à ses

I. Voir p.ige io3.
 
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