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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Véron, Eugène: Nicolas-Toussaint Charlet, [1]
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NICOLAS-TOUSSAINT CHARLET

Charlet est né à Paris le 20 décembre 1792- Son père, dragon de la République, mourut à
l'armée, lui laissant pour tout héritage « une culotte de peau, une paire de bottes fatiguées par les
campagnes de Sambre-et-Meuse et son décompte de linge, lequel se monta à neuf francs soixante-
quinze centimes ! »

Il était fils unique. Il fut élevé par sa mère, qui avait pour l'Empire ou plutôt pour l'empereur une
admiration qui allait jusqu'au fanatisme. Elle n'avait aucune fortune et s'imposa de très-lourds
sacrifices pour son éducation. Il n'en profita guère. En sortant du lycée Napoléon, où il avait fait des
études assez médiocres, il entra en qualité de commis dans une des mairies de Paris. Ses fonctions
consistaient surtout à enregistrer et à toiser les jeunes conscrits de l'Empire, qu'il devait un jour
illustrer avec tant de verve. En 1814 il combattit vaillamment dans les rangs de la garde nationale,
où il était sergent, pour défendre l'entrée de la capitale aux troupes coalisées. Après le combat, sa
compagnie le nomma capitaine.

Cela ne l'empêcha pas de perdre bientôt la place qui le faisait vivre. Il n'y avait plus guère de
conscrits à enregistrer, et d'ailleurs ses opinions politiques le rendaient impropre à cette fonction.
11 fallut se retourner d'un autre côté. Il savait alors « à peu près faire une tête sans beaucoup d'ombre ».
11 résolut de mettre à profit ce talent, qui avait grand besoin d'être complété. Son premier maître
fut, dit-il lui-même, « un croûton nommé Lebel, élève racorni de David, alors que la rotule des
Atrides se montrait, même à travers les pantalons, dans les tableaux d'un grand nombre des victimes
du grand maître u.

Il le quitta bientôt, en 1817, pour se présenter à l'atelier de Gros. Gros ne jurait que par
David, sans paraître se douter du désaccord de ses doctrines avec sa pratique. 11 avait un
autre défaut plus grave, qui était de n'avoir aucun respect pour les vocations particulières de ses
élèves. Cependant il fit une exception pour Charlet. Il comprit du premier coup que celui-là n'aurait
pas de prétentions aux prix de Rome et le laissa en repos de ce côté. Il l'encouragea très-vivement
à persévérer dans la voie où il était entré; plus d'une fois même il lui fit compliment des compo-
sitions qu'il publiait tout en suivant ses leçons, mais à voix basse, pour ne pas scandaliser ses élèves
habitués à un autre enseignement. En 1820, il le renvoya en lui disant : « Allez, travaillez seul,
suivez votre impulsion, abandonnez-vous à votre caprice, vous n'avez rien à apprendre ici. »

Gérard partageait l'opinion de Gros. Dans le Mercure du xixe siècle, numéro du 28 janvier 1836,
Jal raconte que Gérard, examinant un jour un dessin de Charlet, s'écriait : « Appelez cela comme
vous voudrez, mais c'est du génie! »

L'approbation de ces deux 'grands peintres avait de quoi flatter l'amour-propre de Charlet; mais,
s'il avait été homme à en tirer vanité, l'indifférence persistante du public aurait suffi pour le ramener
à des sentiments plus modestes. En 1820 il avait déjà composé et publié un grand nombre de dessins,
sans que personne ait paru s'en apercevoir. Sauf le Grenadier de Waterloo, qui eut un grand retentis-
sement, ses compositions ne trouvaient pas d'acheteurs. Le Grenadier lui-même n'eut qu'un succès
d'opposition. On l'achetait pour faire pièce à la Restauration, mais sans se douter que cette œuvre eût
une valeur artistique.

Aussi les lithographies datant de cette époque sont-elles fort rares. Plusieurs n'ont été tirées
que comme épreuves, d'essai. Les éditeurs les refusaient. Charlet, toujours philosophe, effaçait sa
pierre, croyant s'être trompé, et recommençait autre chose.

Cependant Charlet était dès lors en pleine possession de la plupart des qualités qui font la meil-
leure partie de son talent. 11 excellait déjà à rendre le mouvement et à saisir les lignes essentielles
qui constituent les types et les allures, à subordonner le détail à la masse. Quelques traits lui suffisaient
pour profiler et camper ses personnages et pour exprimer le caractère et la pbysionomie propre à
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