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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Leroi, Paul: M. Émile Galichon, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0231

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M.

EMILE

GALICHON

i.

En janvier 18^9 paraissait la première livraison de la Galette des Beaux-Arts, Courrier européen de
l'Art et de la Curiosité; l'introduction signée par le rédacteur en chef, M. Charles Blanc, débutait
ainsi : « La Ga\etle des Beaux-Arts, que nous fondons aujourd'hui, n'eût pas été possible il y a quinze
ans ; elle n'aurait pas eu alors huit cents souscripteurs : maintenant, si elle est faite comme nous le
comprenons, elle en peut avoir facilement dix mille. » La prétention n'était que légitime; elle était
justifiée dès le début et continua à l'être. Le public n'en resta pas moins rebelle, il fut lent à se rendre
compte des mérites de la nouvelle Revue, des éminents services qu'elle était appelée à rendre; il ne
comprit pas qu'il y avait une question de patriotisme et d'intérêt bien entendu à l'encourager et à la
soutenir énergiquement; de là un énorme surcroît de frais et d'immobilisation de capital, fort peu
du goût du propriétaire, un transfuge de Y Artiste, M. Edouard Houssaye.

La bonne étoile de la Galette permit qu'elle comptât au nombre de ses amis les plus chaleureux
un jeune négociant, l'un des chefs d'une des maisons les plus considérables de Bercy, amateur passionné
de toutes les œuvres d'élite de l'intelligence, fanatique de tout ce qui touchait à l'art, fervent collec-
tionneur de gravures et de dessins, et riche à pouvoir se donner les loisirs nécessaires à ses études
favorites. En juin 1859, M. Emile Galichon prenait rang parmi les collaborateurs de la Galette des
Beaux-Arts, par un premier article sur l'Ecole primitive de Venise, consacré au peintre et graveur
Girolamo Mocetto, et peu de temps après, sans s'effrayer de charges assez lourdes, il devenait le
propriétaire et le directeur du recueil qui lui doit la grande notoriété et la large prospérité dont il jouit
aujourd'hui. M. Emile Galichon n'avait alors que vingt-neuf ans; ses nobles passions artistiques et
littéraires, pondérées par la pratique la plus sérieusj et la plus honorable des affaires, lui avaient
suggéré le désir de contribuer de toutes ses forces à répandre dans le public le goût de ce grand
art, qu'il aimait avec une ardeur si pleine d'enthousiasme. Rien n'était plus éloigné de sa pensée
et plus opposé à son caractère que de chercher dans la direction de la Galette autre chose que
l'intérêt de la cause à laquelle il se dévouait et à laquelle il était prêt à sacrifier, même s'il l'eût
fallu, une partie de sa fortune. Cet amour délicat des belles choses n'était en lui que l'ornement
suprême d'un esprit mûr et réfléchi, et assignait à sa vie, hélas! trop courte, la poursuite du but le
plus élevé. Q udh ^

Quand tant d'autres commerçants à sa place n'auraient pas résisté à la gloriole de poser en
Mécènes ou en rédacteurs en chef, M. Galichon, nature pleine de distinction, d'élévation, de modestie
et de tact, s'imposa avant tout pour règle d'une exquise délicatesse de toujours s'effacer devant ses
collaborateurs, de sembler disparaître même pour les mettre mieux en lumière, ce qui ne l'empêchait
pas de tenir d'une manière très-ferme le gouvernail et de ne se laisser mener par personne. Cette
conduite assura promptement à ce parfait galant homme, à cet homme d'esprit et de cœur, qui avait
soin de ne se dire ni artiste, ni écrivain, une autorité incontestée et qui n'a pas cessé un seul instant
d'être profondément respectée. C'est que si l'on pouvait différer avec lui sur une appréciation artis-
tique ou littéraire, il était impossible de ne pas toujours se rencontrer avec lui en matière de savoir
vivre, de bon goût, de droiture, de dignité et d'honneur. Si pas un des soldats de la vaillante pha-
lange qui a combattu sous ses ordres ne s'est jamais séparé de son chef, c'est que celui-ci, même
lorsqu'il avait un légitime sujet de rupture, mettait de si délicats ménagements à l'explication, que sa
franchise s'empressait à provoquer, — il avait la haine, il n'en connaissait point d'autre, des faux-
fuyants, des hésitations habiles et de tout ce qui sentait l'esprit d'intrigue, — il apportait, dis-je, tant
de courtoise netteté jusque dans ses reproches qu'on était conquis, subjugué, qu'on avait hâte de
confesser ses torts qui, à peine reconnus, étaient aussitôt oubliés par lui. Aussi n'avait-il autour de
lui que des amis qui pouvaient compter sur lui comme il comptait sur eux.
 
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