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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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GOYA, par Charles Vriarte. Sa biographie, les fresques, les
toiles, les tapisseries, les eaux-fortes et le catalogue de l'œuvre,
avec cinquante planches inédites, d'après les copies de Tabar,
Bocourt et Ch. Yriartc. i vol. grand in-8" de 150 pages. Paris,
Henri Pion, imprimeur-éditeur, rue Garancière, 10. 1867.

Le titre donne le résumé du livre et la disposition des ma-
tières. Pour la facilité des recherches, l'auteur a multiplié les
divisions. Après avoir raconté la vie du peintre et avoir placé cha-
cune de ses œuvres à leur date et au milieu des circonstances qui
l'expliquent, il étudie successivement chaque groupe et arrive ainsi
à nous faire connaître les faces diverses de ce talent excentrique.

La biographie, qui occupe un peu plus du tiers du volume,
est des plus curieuses. La lecture de ces pages laisse une impres-
sion d'une nature étrange. Non-seulement on se sent en face
d'une figure qui ne ressemble à rien de ce que nous sommes

habitués à voir, mais on a peine à s'imaginer qu'il s'agisse d'un
temps aussi rapproché du nôtre. On se croirait volontiers trans-
porté au xvi' siècle, au milieu de ces mœurs à la fois raffinées
et violentes des petites cours d'Italie, ou parmi ces artistes de
cape et d'épée qui succédèrent aux grands génies de la Renais-
sance, et que d'impérieuses vanités ou des rivalités farouches
mettaient sans cesse aux prises.

11 faut un effort pour se résigner à admettre que ce soit là
l'histoire d'un homme qui a été presque notre contemporain ; et
cependant rien n'est plus vrai, puisque Goya, né le 30 mars 1746
à Fuendetodos, dans la province d'Aragon, est mort à Bordeaux
le 16 avril 1828. Mais comment voir un contemporain, un homme
du xix* siècle, dans un arciste qui a passé sa vie à lutter contre
l'Inquisition? Outre l'étrangeté du caractère de l'homme, celle
du milieu dans lequel il a vécu s'ajoute pour dérouter toutes
nos habitudes et reculer à plusieurs siècles en arriére la perspec-
tive des temps.

L'I ndustr1e.

médaillon à la fresque, peint par Goya, dans le palais du prince de la Paix.
Dessiné par Ch. Yriartc; gravé par I . Dumont.

Cette biographie fait très-bien comprendre l'œuvre de Goya.
L'artiste est en complet accord avec l'homme, et le premier serait
assez difficile à saisir pour qui ne connaîtrait pas le second. Il
faut savoir gré à M. Yriartc de l'avoir si bien compris et d'avoir
conservé à toute cette histoire une chaude et vigoureuse teinte
de couleur locale qui ressort de l'ensemble et qui contribue pour
sa part à la compréhension du personnage et à la pleine mise en
lumière de son caractère.

Ce travail, quand il a paru, était d'autant ■ plus utile que,
malgré le nombre des critiques d'art qui, depuis quelques années,
s'étaient occupés de Goya, il n'était.guère de figure moins
connue en France. De l'homme, le romanesque et le fantastique
avaient étouffé le réel; de l'artiste tout à peu près restait à ap-
prendre, sauf quelques eaux-fortes, car, lorsqu'il s'agit d'un
peintre, les descriptions les plus minutieuses soutenues des plus
exactes appréciations sont lettres mortes, tant qu'on en est réduit
à elles. En toutes choses qui touchent aux arts plastiques, pour
connaître et juger, il faut voir. Tout ce qu'on n'a pas vu de ses
propres yeux n'existe qu'à l'état de vague renseignement, de
possibilité douteuse ou même suspecte.

M. Ch. Yriarte a publié de Goya cinquante planches abso-
lument inédites, qui ne peuvent, il est vrai, remplacer la vue
directe des œuvres, mais qui du moins fournissent déjà une

base d'appréciation personnelle, un moyen de contrôle à l'égard
des descriptions écrites, qu'on peut considérer enfin comme la
meilleure des introductions à l'intelligence de l'œuvre même. 11
fiut bien d'ailleurs s'en contenter à moins de faire le voyage
d'Espagne, puisque, pour une bonne part, il s'agit de fresques
ou de grands tableaux qui, très-probablement, ne viendront ja-
mais en France.

Ainsi nous trouvons dans le livre de M. Yriarte les grandes
fresques de Saragosse, de San-Antonio de la Florida, le Saint
Joseph de Calasanz, le Judas de Tolède, le Saint François de
Borja. à Valence, etc.

La compétence de M. Ch. Yriarte en matière d'art n'est
contestée par personne. Nous acceptons donc volontiers son.
jugement sur des œuvres qu'il a étudiées de près. Or la con- •
clusion de M. Yriarte est qu'en somme Goya, sans être au
rang des grands maîtres, est cependant un maître très-remar-
quable par l'ensemble et l'énergie de ses qualités. Violent, em-
porté, exagéré dans ses œuvres comme dans ses actes, il peignait
avec fureur. « Il exécutait une toile comme on exhale sa rage,
dit son biographe. Il ne prit jamais un pinceau sans y être
impérieusement poussé par l'inspiration OU par un besoin de pro-
duction qu'il ne maîtrisait pas ; il est l'homme de la violence et
du paroxysme; il n'a que rarement su rendre les sentiments pai-
 
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