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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Ménard, René: Le Bernin en France
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Rousseau, Jean: Corot, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0291

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COROT. a69

politique qu'à une adoration fétichiste, fut choqué de ce que le roi semblait faire un effort. Est-ce
qu'un regard du roi ne suffit pas pour décider la victoire et faire naître les talents? La statue de
Louis XIV, reconnue indigne de transmettre à la postérité les traits d'un pareil monarque, fut
retouchée et finalement métamorphosée en un Curtius qui se dévoue aux dieux infernaux.
Quatre-vingt-treize n'aurait pas mieux fait. Ainsi transformée, elle n'eut même pas les honneurs
du parc de Versailles, et on la plaça au bout de la pièce d'eau des Suisses, à l'entrée du bois
de Satory, où elle est encore. De là, l'image du grand roi, travestie en héros républicain, a vu
crouler la monarchie, et si, dans la tourmente révolutionnaire, une bande cherchant les portraits des
rois pour les détruire est venue à passer par là, elle s'est inclinée devant ce Romain qui se dévoua
pour la patrie. Aujourd'hui le promeneur égaré dans ce bois solitaire pourra, devant la statue du
Bernin, réfléchir aux vicissitudes humaines, mais il n'y doit pas chercher d'autre impression, car
au point de vue de l'art, elle est de la plus absolue médiocrité.

René Ménard.

COROT

(««».)

Les Études de Corot sont presque toujours exquises. Il suffit d'en rappeler au hasard quelques-
unes, par exemple :

Son délicieux tableau de 1872, Près d'cdn'as, avec ses arbres légèrement estompés sur le ciel
et la silhouette de son clocher surgissant dans un lointain doucement lumineux;

Son joli Souvenir de Ville-d'Avray, de 1869, avec ses maisons entrevues dans des vapeurs et
baignées d'une lumière poudroyante qui leur donne des aspects de palais féeriques;

La Vue de Marisselle, avec sa poésie naïve et faite d'éléments si peu recherchés, un chemin
montant, un clocher, quelques maisonnettes, un effet gris;

Ou encore son Soir, du dernier Salon : des arbres penchés au bord de l'eau et ne formant plus
qu'une masse conf use d'où se détache çà et là une branchette folle, délicieusement silhouettée avec
ses feuilles tremblantes sur un ciel lumineux, — les derniers rayons qui miroitent sur le flot dormant,
— et, au pied des arbres, une vieille blanchisseuse accroupie qui prend dans l'ombre une tournure
michelangesquc.

Ces simples motifs sont toujours lestement enlevés. Corot a évidemment en horreur ce fini vul-
gaire qui détruit la spontanéité et trouble toute la franchise de l'impression première. 11 est de ceux
qui ont osé penser les premiers qu'un tableau est fait dès qu'il est à l'effet, et que tous les ratissages
du monde n'y ajoutent rien. Il est devenu ainsi le fondateur et le père de ce qu'on nomme aujour-
d'hui l'école de l'impression, — système qui peut avoir ses abus, mais qui repose sur une vérité
évidente.

Les Etudes de Corot brillent aussi — comparées à ses tableaux composés — par des qualités de
netteté particulières. Nulle part ses terrains ne sont mieux établis, — ni ses ciels, — un détail où
personne ne l'a égalé — plus prodigieux de lumière, de limpidité, de profondeur, — ni sa perspective
plus délicatement juste, plus prestigieuse ; s'il y a quelque part une figure cheminant dans un
chemin, on peut calculer son éloignement, on la voit marcher, tant les rapports et les valeurs sont
exactement observés, tant la note particulière est juste dans la symphonie générale. Ces peintures,
qui, de près, n'ont l'air que d'un mauvais frottis jeté au hasard sur la toile, donnent à trois pas toutes
les illusions du stéréoscope. Comprend-on, par ce résultat môme, tout ce qu'il y a de science et de
précision au fond de cette indécision apparente?

Mais ces études se relient à ses poèmes classiques en ceci que là comme ici il est poursuivi,

I. Voir page 241.
 
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