Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Hinweis: Your session has expired. A new one has started.
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

DOI article:
Leroi, Paul: Italia fara de se
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0375

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
35o L'ART.

privilégiée dans laquelle vous pénétrez si subitement. Cette absence de toute préparation centuple
l'impression de grandeur qui s'impose à vous ; il est évident que vous trouvez plus de caractère, plus de
tournure à ces sites superbes entrevus ainsi à l'improviste, que si vous pouviez les détailler petit à
petit; quelque chose de fantastique, de surnaturel semble par là se mêler à la beauté de ce rapide
voyage; c'est une jouissance imprévue qui donne une saveur plus vive à toutes celles que vous atten-
diez ; il en est ainsi à la sortie de la plupart des tunnels qu'il faut traverser de Modane à Turin, et
Dieu sait s'ils sont nombreux !

III.

TURIN.

La régularité de ses rues a fait crier à la monotonie, c'est injuste ; le vrai est qu'on ne s'y arrête
pas assez pour bien apprécier tous ses mérites qui sont très grands. La cité piémontaise, loin de déchoir
depuis qu'elle a cessé d'être capitale, voit sa population s'accroître d'année en année ; les édifices
importants et les monuments s'y multiplient; Turin, qui compte près de 220,000 âmes, n'aura jamais
l'aspect d'une ville de province, et cependant les étrangers n'en ont point parlé d'une manière digne
d'elle. Je ne connais qu'une seule exception sérieuse, et c'est à un architecte de beaucoup de savoir
et de non moins de passion, qu'on la doit. M. Adolphe Lance, qui est mort tout récemment, est loin
d'avoir écrit sur l'Italie des pages enthousiastes, et je ne suis personnellement pas disposé à absoudre
celles qu'il a consacrées à Venise, mais personne n'a mieux décrit la Via Dora Grossa 1 et la vie
turinaise qui y est plus exubérante que partout ailleurs. Avec lui on voit grouiller « cette foule
où tous les rangs se confondent avec un laisser-aller et une bonhomie inconnue chez nous. Les
boutiques qu'une ample portière d'étoffe légère à larges rayures clôt hermétiquement du côté exposé
au soleil, sont ouvertes à l'ombre et deviennent pour tous ces gens, que rien ne presse ni ne gêne, un
lieu de rendez-vous et de repos où chacun s'établit à son aise, avec aussi peu de façons que chez soi.
Aux étages supérieurs des maisons, les balcons en saillie sont, pendant le soleil, ombragés par des
tendines flottantes qui enveloppent de leurs plis jusqu'aux balustrades en fer forgé, et forment ainsi une
sorte de réduit impénétrable à la chaleur; mais dès que l'ombre est arrivée, ces toiles, habilement
manœuvrées, remontent en se repliant sur elles-mêmes et découvrent ainsi sur les balcons, à chaque
fenêtre, une infinité de petites réunions intimes, où figure toujours la jeune femme penchée sur quelque
travail d'aiguille et lorgnant les passants du coin de l'œil2. »

En traversant la Pia^-a Castello pour me rendre à YArmcria Rcalc, j'apercevais la longue perspective
de la Via Dora Grossa et son pittoresque fourmillement; les Alpes semblent servir de toile de fond à
cette curieuse rue, qui a l'air d'avoir été créée par quelque habile metteur en scène de la Scala de Milan
ou de l'Opéra de Paris.

C'est Benvenuto Cellini qui me décidait à commencer par le Musée d'armures. J'avais hâte d'étudier
le célèbre bouclier qui lui est attribué.

Cette Galerie d'armes a un charme tout spécial; c'est bien un Musée et très-riche et très-important,
puisqu'il ne renferme pas moins de trois mille pièces3; mais ce cabinet, de création récente, — c'est à
Charles-Albert qu'on en doit la réunion, — a conservé un cachet de collection particulière dont les
curieux apprécieront fort les séductions intimes. Établi dans une des dépendances du palais, dans une

1. Excursion en Italie, par Adolphe Lance. Un volume in-8° de 317 pages, tiré à joo exemplaires sur papier de Hollande, avec
15 eaux-fortes, par Léon Gautherel. Paris, veuve Morel et C", éditeurs, 1873.

2. Excursion en Italie. Page 28.

3. En 1840, le catalogue, aujourd'hui épuisé, publié pour la première fois par M. le comte Victor de Seyssel, — Armeria antica c
moderna di S. M. Carlo Alberto, — comprenait i,5J4 numéros. M. le général comte Louis de Seyssel, qui a succédé à son cousin dans la
direction de YArmcria Rcalc, et qui met tout plein de bonne grâce à renseigner les étrangers qui s'adressent à son extrême courtoisie,
prépare un nouveau catalogue qui sera illustré et qui promet, d'après ce que j'en ai appris, d'être un travail aussi complet qu'on peut le
désirer.

1
 
Annotationen