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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Rioux-Maillou, Pedro: Quelques mots sur l'art russe à Moscou, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0378

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QUELQUES

MOTS SUR

A MOSCOU

L'ART RUSSE

Voltaire dit dans son premier chapitre de Y Histoire de Russie : « Nous appelions autrefois la
Russie du nom de Moscovie, parce que la ville de Moscou, capitale de cet empire, était la résidence
des grands-ducs de Russie; aujourd'hui l'ancien nom de Russie a prévalu. »

Ce nom de Moscovie donné à la Russie n'était pas sans avoir une certaine logique ; et, au point
de vue de la justice historique, il n'eût peut-être pas été mauvais de le conserver. Mais les philosophes
ont beau, du fond de leur cabinet, décider du cours des choses, la voix de la coutume est plus forte
que la leur et l'étouffé. Après tout, les choses n'en vont peut-être que mieux ainsi.

Moscou est la ville sainte de l'empire russe. On peut dire que c'est sous son égide qu'il s'est
constitué. A partir du règne de Jean Danilovitch , surnommé Kalila , parce qu'il portait toujours une
bourse qui lui servait à faire des aumônes, nous voyons peu à peu la nation russe se former autour
de cette ville. C'est sous ce prince que le vertueux métropolitain Saint Pierre quitta Wladimir pour
occuper une ville qui, par son accroissement, commençait déjà à tenir le premier rang. Daniel, oncle
de Jean, prince de Péréiaslavle, avait jeté les premiers fondements de cette puissance. A l'origine, la
ville de Moscou était tout entière dans l'espace entouré de murs appelé Kremlin, comme les villes
de Grèce furent primitivement enfermées dans leur acropole. Plus tard , les accroissements de la
population firent déborder la ville hors de ces murs; mais à Moscou, comme en Grèce, la cité
première n'en resta pas moins le lieu sacré. Ce fut dans ces murs plusieurs fois détruits, et rebâtis
en dernier lieu sous le règne du grand prince Jean Vassiliévitch III, de 1485 à 1492, parles architectes
italiens Marco et Pietro-Antonio, que vinrent naturellement s'entasser toutes les grandes productions
du génie artistique russe; c'est là que nous pourrons étudier le développement de ce génie.

« De la péninsule Taurique à la Russie slave, écrit M. Batissier [Histoire de l'Art monumental),
il n'y avait qu'un pas; le style byzantin s'introduisit donc naturellement dans ce dernier pays, avec le
christianisme lui-même, et il s'y maintint avec ses formes natales, aussi longtemps qu'en une autre
contrée. Dès le xp siècle, Olga, devenue chrétienne sous le nom d'Hélène, fit bâtir, ou du moins
jeter les fondements d'une église à Kief. Wladimir le Grand ordonna l'érection d'un grand nombre
d'édifices sacrés. La première église dont il prescrivit la construction fut celle de Kherson, achevée
en 988. Ce temple fut une reproduction des monuments byzantins. L'abside circulaire en marquait le
sanctuaire, et des colonnes de beau marbre blanc cristallisé, nuancé de bandes bleues, exprimaient
dans le vaisseau de l'édifice les transepts ; un dôme les surmontait. De grandes croix byzantines
décoraient les fûts des colonnes et des chapiteaux, imités de l'ordre corinthien... A Kief, l'église dite
de la Dixme s'éleva bientôt par les soins de Wladimir (996-1007). A la mort de ce monarque, plus de
quatre cents églises embellissaient déjà cette antique cité des Slaves. La basilique de la dixme fut
promptement effacée en magnificence par celle que Jaroslaw fit dédier dans cette même ville de Kief
à sainte Sophie, à la sagesse divine, en même temps que, sur les ordres de ce grand prince, une autre
église était bâtie à Novgorod sous la même invocation. Ces deux édifices furent exécutés par des
artistes grecs. » •

L'influence byzantine est indéniable dans l'art russe, et l'on pourrait presque étudier
géographiquement ses progrès en commençant par les côtes de la mer Noire. Une autre influence
aussi indiscutable est l'influence orientale qui, en architecture, se révèle par la prédominance du dôme
à bulbe. Un des exemples les plus célèbres de ce style est la cathédrale de Vassili-Blagennoy : unp
légende rapporte qu'à la vue de ce chef-d'œuvre, Ivan le Terrible fit crever les yeux à l'architecte qui
l'avait élevé, pour l'empêcher d'en faire un autre.

Pénétrons dans l'église de l'Assomption, où sont conservées la célèbre vierge de Wladimir,
peinte par saint Luc. ainsi que l'image du Seigneur donnée par l'empereur grec Emmanuel à
Tome I. 45
 
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