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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Pougin, Arthur: M. J. Massenet et son "Mystère" ève
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0401

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M. J. MASSENET

ET SON « MYSTÈRE » ÈVE

La critique s'est beaucoup occupée, en ces derniers temps, d'une production musicale fort
intéressante, Eve, « mystère » en trois parties, dont trois exécutions magistrales ont été faites au
Cirque des Champs-Elysées, par la Société de l'Harmonie sacrée, sous l'excellente direction de
M. Charles Lamoureux. L'auteur de cette jolie partition, M. Massenet, est l'un des mieux doués
entre tous les membres de notre jeune école musicale, il en est le plus fécond et peut-être le plus
absolument distingué; il paraît être celui sur lequel on a le plus droit de compter pour l'avenir et la
gloire de l'art français, et à ces divers titres sa physionomie est particulièrement intéressante à étu-
dier. Avant de parler de son œuvre la plus récente, nous allons donc parler un peu de lui et retracer
les principaux traits de sa carrière, courte encore, mais prodigieusement laborieuse.

La figure de M. Massenet surgit, souriante et vivace, du petit groupe de jeunes compositeurs
qui, depuis quelques années, ont fixé sur eux l'attention publique. En première ligne, et parmi les
plus actifs de ces artistes qui forment la génération nouvelle, il faut citer MM. Georges Bizet, Léo
Delibes, Ernest Guiraud, Emile Pessard, Charles Lenepveu, Saint-Saëns; viennent ensuite MM. Théo-
dore Dubois, Paladilhe, Charles Lefebvre et quelques autres. De tous ceux-là, M. Massenet est celui
qui s'est le plus produit; soit fortune, soit habileté, soit vigueur d'esprit, c'est lui qu'on retrouve un
peu partout; ses œuvres ont été entendues successivement au Théâtre-Lyrique et à l'Opéra-Comique ;
on les connaît aux concerts populaires, au concert national du Chàtelet, à la Société de l'Harmonie
sacrée, et jusqu'à la Société des concerts du Conservatoire, généralement peu accessible aux jeunes
musiciens, comme chacun sait, et un peu confite en son admiration des chefs-d'œuvre du passé.
Quoi que l'on puisse dire, un accueil si général ne saurait être seulement l'effet d'un hasard heureux ;
ce qui le prouve bien d'ailleurs, c'est que le nom de M. Massenet exerce déjà une véritable influence
sur le public, et que l'annonce d'une œuvre signée de ce nom excite à elle seule l'intérêt et la curio-
sité. Il n'en est que plus utile sans doute de faire connaître par quelques détails l'artiste qui est
l'objet de telles sympathies.

M. Jules Massenet, qui n'a pas encore accompli sa trente-troisième année, puisqu'il est né le
12 mai 1842 à Montaud, dans le département de la Loire, est le dernier d'une famille de onze enfants.
Il étudia la musique de fort bonne heure, et était à peine âgé de dix ans lorsqu'il fut admis au Conser-
vatoire, dans une classe de solfège, où il obtint un troisième accessit au concours, dès l'année 1853.
Étant entré ensuite dans la classe de piano de M. Laurent, il remporta le troisième accessit de piano
en 1854, le premier en 1856, et le premier prix en 1859. Pendant qu'il suivait son cours de piano, il
était aussi devenu élève de M. Bazin pour l'harmonie ; mais on peut dire que son professeur ne sut
guère le comprendre, car un jour, après lui avoir fait un affront en pleine classe, devant tous ses
camarades, il le traita de telle façon que l'enfant n'osa plus revenir.

11 faut noter qu'à cette époque celui-ci avait à peine achevé sa treizième année. Il fut découragé
pendant assez longtemps. Cependant il finit par entrer dans une autre classe d'harmonie, celle de
M. Reber, un excellent maître, dont je m'honore, moi aussi, d'avoir été l'élève. Il y obtint un premier
accessit en 1860, et, sur le conseil de son maître, qui trouvait que le jury avait été bien parcimo-
nieux à son égard, il entra alors, sans attendre un autre concours, dans la classe de composition de
M. Ambroise Thomas. Déjà, à cette époque, il était dévoré de la fièvre de la production, fièvre que
nous connaissons tous pour en avoir été plus ou moins atteints au temps même de nos études, mais il
l'était, si l'on peut dire, d'une façon dévergondée, car il ne se passait point de classe qu'il n'apportât
à son professeur, soit toute une série de romances ou de mélodies (il mit ainsi en musique une grande
partie des poésies d'Auguste de Chatillon : A la grancfpinte), soit un ou deux morceaux de symphonie,
soit même une scène d'opéra. D'ailleurs très-réservé, rempli de modestie, c'était presque en trem-
 
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