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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Yriarte, Charles: Fortuny, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0414

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FORTUNY

(fin i )

Après la guerre de [870 Fortuny partit pour Grenade, il y resta deux années; ce ne fut
que vers la fin de 1872 que l'artiste retrouva son atelier de Rome et son petit cénacle. Quoi qu'on en
ait pu dire, il voyait Grenade pour la première fois. Jusque-là il avait séjourné en Catalogne ou à
Madrid, et tout ce qu'on connaît de sujets d'architecture arabe ou de scènes qui ont pour fonds des
palais de l'art mauresque a été exécuté à l'aide des études faites à Tétuan pendant le séjour de
1859 a ^éo. C'est ainsi que l'artiste avouait que la vue de l'Alhambra et la connaissance qu'il avait
acquise de cette architecture des Maures l'avaient beaucoup gêné pour son travail. Jusque-là il avait
l'intuition de cet art, il le comprenait dans ses lignes et dans sa coloration générale, et il peignait
largement ses fonds d'après son impression, s'appuyant sur des lignes connues, des silhouettes et des
constructions exactes. Désormais, en face de ces prodigieux détails de la réalité, il se sentait dérouté,
et, défait, Eugène Delacroix, qui lui aussi avait vécu ati Maroc, se contentait de l'impression dans
son rendu et la faisait éprouver plus profonde et plus juste que des peintres minutieux, qui joignaient
pourtant à la précision des architectes un certain sentiment de la lumière.

A Grenade, Fortuny s'établit d'abord aux Siete Suelos, dans cette auberge célèbre située clans
l'Alhambra même et si connue des voyageurs; plus tard il prit une maison avec un jardin et s'organisa
un atelier; il avait là des amis, artistes comme lui, d'abord l'excellent Don Rafaël Contreras, l'ingénieux
et le respectueux restaurateur de l'Alhambra, puis son compatriote Tapiro dont le nom est connu à
Paris, puis Jorris, un Italien détalent, un Romain du Cénacle, et Rico, un artiste bien original. Ces
deux années furent très-fécondes, il fit nombre d'études en pleine lumière, à l'heure où, abrité sous
le parasol, le peintre entend la boite de couleur crier sous la morsure du soleil. Il avait un jardin très-
pittoresque, mais celui de Don Rafaël, avec ses murs tapissés de larges feuilles et ses grands cucur-
bitacés aux riches couleurs, ses (leurs éclatantes et ses verdures sombres, avait encore plus de
caractère. 11 combina les deux études et en fit le fond d'un nouveau tableau, important aussi dans
l'œuvre, qui s'appelle « la Répétition d'une tragédie dans un jardin », et qu'il désignait plus volontiers
sous le nom « le Poêle ».

.le sais ce qu'il y a de désavantageux à parler d'une toile que presque personne n'a vue, mais s'il
y a un côté intéressant dans une étude sur cet artiste, c'est justement peut-être ce côté inédit de ses
œuvres. Le Poète est une composition très-inattendue. En y réfléchissant bien on arrive à cette
conclusion que la plupart du temps les œuvres de Fortuny lui ont été inspirées par le fond du tableau
lui-même. Chez tout autre la pensée précède, l'âme du sujet est le pivot, puis le peintre cherche le
fond qui convient à la scène qu'il a imaginée : il le trouve, il le subordonne, ses personnages vont se
mouvoir dans ce cadre plus ou moins exact et réel. Pour le Modèle, par exemple, les belles salles du
palais Colonna l'ont évidemment tenté, et il a cru que la scène qui conviendrait le mieux à ce décor
serait celle qui donnerait lieu à un déploiement de costumes chatoyants en opposition avec cette ligure
entièrement nue. Pour la Vicaria, il aura vu quelque belle sacristie comme on en voit en Espagne et
en Italie, et se sera dit : « La signature d'un acte de mariage au dernier siècle serait la mise en scène
qui se déploierait le mieux dans cette architecture. » Pour les Kabyles convulsionnaires, je sais person-
nellement qu'il a accommodé à un fond absolument copié sur nature, et que je reconnais, une scène
vue en d'autres lieux, et c'était d'ailleurs son droit d'artiste. Une autre toile très-intéressante, qui s'appelle
les Supplicies (qui appartient encore à M. Stewart), et qui a pour fond une des salles de l'Alca/ar de

1. Voir page 361.

Tome I 49
 
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