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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Lafenestre, Georges: Jean-Louis Hamon
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0425

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marqué. Le crayon d'Hamon, léger et timide, n'a jamais fait'qu'effleurer le papier; la poussière
qu'il y dépose est aussi fine que la poudre laissée en voltigeant par le papillon sur la chair de la rose;
il semble qu'un souffle va tout faire envoler; ce sont des ombres de fantômes, mais des ombres
souriantes et gracieuses qu'il n'est pas besoin de toucher pour se sentir pénétré par leur bienveillante
innocence et par leur expressive simplicité.

Lorsque Hamon envoyait des tableaux au Salon, il s'efforçait, autant qu'il était en lui, de leur
donner un style plus ferme et des formes plus accentuées. L'idylle célèbre, Ma Sœur n'y est pas, qui
établit sa réputation dans le public en 1853, malgré quelques-unes de ces lourdeurs de contours dont
l'artiste ne put jamais se défaire, se tenait à cet égard dans des limites très-acceptables. On y salua
avec raison le retour à des compositions simples, d'un sentiment moderne sous un aspect antique ;
quelques-uns crurent à l'apparition d'un André Chénier dans la peinture française: malheureusement
Hamon n'avait ni la clarté fière, ni la force savante, ni l'abondance aisée du génie de Chénier. Des cri-
tiques peu bienveillants, mais perspicaces, dépistèrent déjà, dans ce tableau admiré, les traces d'un
maniérisme sentimental où pouvait s'égarer l'artiste, et qui l'empêcherait toujours de s'élever bien haut
dans l'ordre de la conception générale.

Du premier coup, en effet, le peintre avait donné la mesure du talent qu'il pouvait mettre dans les
compositions de ce genre. Lue grâce parfois naïve jusqu'à l'enfantillage, mais très-personnelle et très-
constante, des délicatesses exquises de gestes et d'expressions accompagnées d'incorrections can-
dides, des recherches de colorations précieuses dans un désaccord de tons souvent criard, les raffine-
ments quintessenciés de la rêverie La plus subtile exprimés souvent par des formes épaisses et mas-
sives, tels sont à peu près les qualités et les défauts qui, pendant une dizaine d'années, signalèrent
les tableaux d'Hamoji dans les expositions et qui lui attirèrent, d'une part, l'admiration souvent exces-
sive des esprits délicats et rêveurs, et, d'une autre part, les critiques non moins excessives des esprits
précis et froids qui, ne pouvant pardonner au peintre le sans-gène de ses allures et les mollesses de sa
manière, en vinrent à considérer son succès et celui des néo-grecs, comme un véritable danger pour
l'art français. Le joli morceau, Ma Sœur n'y est pas, reparut à l'Exposition universelle de 1855, accom-
pagné de plusieurs autres fantaisies archéologiques, allégoriques ou poétiques : Ce n'est pas moi!
l'Amour et sou troupeau, les Orphelins, ['Affiche romaine, et surtout l'inexplicable et attachante Comédie
humaine, qui montrèrent le talent du peintre sous son jour le plus varié. Nous n'avons pas plus qu'alors
la prétention de trouver dans ce dernier tableau, où devant la baraque de Guignol s'assemblent, dans un
pêle-mêle bizarre, Homère, Shakespeare, Molière mêlés à des fillettes d'en face et des marmots de la
rue, les profondeurs philosophiques que quelques-uns y ont voulu découvrir et que l'auteur n'y a certes
pas mises. Avec les fantaisistes du tempérament d'Hamon, c'est niaiserie et malveillance de leur
demander, dans leurs songes, une logique rigoureuse qu'ils n'y pourraient apporter qu'aux dépens du
charme et de la grâce. Tels qu'ils sont, il les faut prendre et rêver avec eux autant que possible. Leurs
charades et leurs logogriphes sont, la plupart du temps, moins mystérieux qu'ils n'en ont l'air; chez
Hamon en particulier ces gros problèmes se résolvent presque toujours en plaisanteries familières,
d'une bonhomie candide qui avoisine l'enfantillage. L'homme, en cela, expliquait l'artiste. Ce paysan,
mal déprovincialisé, gros et lourd, à figure épaisse, prenait parfois à plaisir des attitudes de matador
ou de mystificateur, l'âme resta toujours, par certains cotés, l'âme tendre et facile d'un enfant; il
adorait les enfants, il vivait volontiers avec eux, il resta toujours leur naïf camarade, exprimant avec
une grâce un peu gauche qui lui fut toute particulière, leurs petites mines ébaubies ou curieuses,
leurs bons sourires épanouis, leurs allures de châteaux branlants, leurs attitudes sans gène, leurs
gestes satisfaits. Les figures amusantes des gamins qu'il groupe toujours en grand nombre, mêlés à
de jolies fillettes, de formes un peu engoncées, mais d'une carnation délicate et d'une aimable allure
dans ses scènes allégoriques, ont suspendu plus d'une fois la critique sur les lèvres des gens moroses
qui auraient volontiers demandé à {'Escamoteur comme à la Comédie humaine, à la Çahtharide esclave
et à bien d'autres fantaisies, leur raison d'être positive et logique.

11 suffit d'avoir connu un peu Hamon, d'avoir eu entre les mains quelques-unes de ses notes ou
de ses croquis pour ne pas douter de la sincérité, tout à fait primitive, qu'il apportait dans la
conception de ces scènes d'aspect mystérieux , où l'on verrait à tort l'effort laborieux et prétentieux
 
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