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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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L'affaire Frédéric van de Kerkhove, [3]
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Correspondance particulière de l'Art
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0432

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CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE DE L'ART.

p.ir M. Barthélémy Du Mortier, membre de la Chambre et de
l'Académie, ministre d'Etat et botaniste émérite :

Tournay, 6 avril 187s.

« Monsieur et honoré confrère,

« Laissez-moi vous adresser mes félicitations pour le courage
ec l'énergie avec lesquels vous combattez les calomnies indignes
débitées sur le jeune Fritz Van de Kerkhove. Quand on voit la
personnalité si saillante des petits tableaux de cet enfant si extraor-
dinaire, il faut n'avoir fait aucune étude des chefs-d'œuvre de la
peinture pour concevoir la moindre hésitation, et l'on ne peut
assez flétrir cet esprit de dénigrement qui s'attache à enlever au
pays ses gloires nationales, comme on ne le voit malheureusement
que trop. Ne s'est-il pas trouvé des hommes qui ont cru se grandir
en cherchant à enlever Charlemagne à Liège, Godefroy de
Bouillon à Baisy, Rubens à Anvers, etc.i1 Courage donc, courage;
défendez ce jeune phénomène contre la calomnie, vous ferez
œuvre patriotique et de bon citoyen.

« Recevez, monsieur et honoré confrère, l'assurance de mes
sentiments les plus distingués.

t B.-C. Du Mortiïr. »

Bien que M. Du Mortier ait fait apparemment une étude
approfondie des chefs-d'œuvre de la peinture, son opinion aurait
plus de valeur, si sa^collection de tableaux anciens contenait un
plus grand nombre d'authentiques et un moins grand nombre
d'apocryphes.

D'ailleurs, il n'a jamais été question d'enlever Fritz Van de
Kerkhove à Bruges. Il y est né. On le lui laisse, mais il s'agit de
le lui laisser tel qu'il est.

M. Dumortier est bien sévère pour les hommes qui ont eu la
coupable pensée d'enlever Rubens à Anvers. Leur crime n'est
pas grand, puisqu'il est démontré que le grand peintre est né à
Siegen, ce qui ne l'empêche pas d'être Flamand et Anversois jus-
qu'au bout des ongles. Enfin l'indignation de M. Dumortier est
d'autant plus étrange qu'un des faits les plus mémorables de sa

CORRESPONDANCE PA

Une exposition organisée au bénéfice de la Caisse centrale
des artistes belges est installée depuis quelques jours au Musée
de Bruxelles, dans les salles contiguës à la rotonde du premier
étage. Elle se compose de quelques toiles de MM. Louis G al-
lait, J ean Portaels et Alexandre Robert, membres de l'Académie
royale de Belgique, et de la collection de M. Cardon, peintre
décorateur et amateur distingué.

M. Alexandre Robert a envoyé deux portraits excessivement
soignés, une dame et un enfant; la dame est évidemment ressem-
blante, l'enfant est très-joli.

Une salle spéciale est affectée aux envois de MM. Portaels et
Gallait.

Depuis quelques années, au grand regret des admirateurs de
son talent, M. Gallait s'abstient de prendre part aux luttes du
Salon, mais il prend généreusement sa revanche aux expositions
de bienfaisance, où son nom fait recette. Il a prêté à la Caisse des
artistes trois portraits qui offrent un vif intérêt : l'Ouvrière
anglaise, portrait-étude, un peu décolletée pour une ouvrière et
surtout pour une Anglaise, mais charmante ; le portrait de la
petite princesse Clémentine, une des filles du Roi des Belges, et
un portrait d'enfant, dont la tête est un petit chef-d'œuvre d'ex-
pression vivante et d'exécution franche, simple et magistrale, une
tête blonde et frisée qu'éclairent deux grands yeux noirs dont le
regard vif et profond a un charme magique et fascinateur, que
fait ressortir encore une petite bouche arquée, au caractère
décidé, aux lèvres minces, nettes et serrées. Si cet enfant devient
quelqu'un, ce portrait sera pour les biographes un précieux docu-
ment et comme une prophétie.

longue carrière est d'avoir essayé, sans succès, il est vrai, sinon
d'enlever Simon Stevin à Bruges, ce qui eût été difficile, mais de
flétrir sa mémoire, ce qui est plus grave assurément que de con-
tester l'authenticité des peintures attribuées à un enfant.

Je fuis la polémique et j'y retombe. Brisons là, et, pour
finir, un mot au sujet d'un fait que je vous ai signalé. Je vous
ai dit à propos de la donation des tableautins de Fritz à l'Etat :
« Le ministre de l'intérieur a fait prier le père de retirer sa do-
nation. Le père s'est exécuté. »

A ce propos, je lis dans le Journal des Beaux-Arts du 15 avril :

« Il n'y a rien de vrai dans l'épisode concernant le retrait de
la donation. M. Van de Kerkhove a rendu, spontanément et sans
pression aucune, toute liberté à l'État. C'était là une démarche
dont la délicatesse a été généralement comprise. J'ajouterai, dussé-
je commette une indiscrétion, que l'Etat a regretté, tout en la
comprenant, la décision prise par M. Van de Kerkhove et lui a
exprimé le désir de la lui voir retirer plus tard. Voilà la vérité. »

D'autre part la Chronique des Arts et de la Curiosité, numéro
du 17 avril, publie une « correspondance de Belgique » signée
C. L., où je remarque ce passage :

« L'œuvre de Fritz Van de Kerkhove a été montré successi-
vement à Bruxelles et à Anvers, et il est question de l'exposer
aussi à Paris; mais je ne le garantis pas. Au reste, il n'est déjà
plus la propriété du père qui en a fait l'abandon à l'Etat, et l'Etat
a accepté. »

La vérité est que l'état n'a pas accepté.

Je dois reconnaître que les faits officiels donnent raison au
journal de M. Siret sur un point, à savoir que le père a rendu
spontanément toute liberté à l'Etat. J'ignore si l'Etat a regretté
sa décision et exprimé le désir de la lui voir retirer (la décision, pas
la donation). Mais si l'Etat manifeste ce désir, il va sans dire que
c'est à la condition que l'authenticité des tableautins sorte victo-
rieuse des discussions et des enquêtes. Cette condition est trop
dans la nature des choses pour n'avoir pas été formulée ou sous-
entendue. »

RTICULI ÈRE DE L'ART

Bruxelles, 22 avril.

M. Portaels a rapporté d'un voyage au Maroc toute une
collection de souvenirs ethnographiques et pittoresques, études de
types, croquis de paysages, esquisses de scènes caractéristiques,
parmi lesquelles il faut citer surtout les Aissan as (Fête religieuse
à Tanger), composition mouvementée à laquelle il ne manque
qu'un rayon de lumière pour faire un Decamps. A part quelques
études de types féminins, Juives et Moresques, caressés con amore
par le pinceau d'un connaisseur, tout cela n'est guère qu'indiqué ,
et la seule couleur qui se manifeste avec éclat dans ces feuillets
détachés du carnet d'un peintre touriste, c'est la couleur locale.
Le reste viendra plus tard. Tout cela est vu par un voyageur qui
a de l'œil et un artiste qui a de la patte. Ce paquet de notes
africaines est une mine à tableaux, et la veine est trop riche pour
n'être pas complètement exploitée.

La collection Cardon est un choix capricieux qui dénote un
goût éminemment éclectique. Troyon y coudoie Verbœkhoven,
et Kœkkœk s'y pavane en face de Corot. Cette collection n'en
renferme pas moins un assez grand nombre d'œuvres d'un mérite
réel et d'un grand prix : Delacroix : le Christ sur les genoux de
la Vierge, le Christ surtout, d'un beau mouvement et d'un sen-
timent élevé qui élargit le cadre; du même, une poétique
esquisse, Hamlet, la scène du cimetière, une de ces inspirations
de peintre lettré, une trouvaille qui sans ■ doute eût arraché à
Shakespeare, s'il avait vécu, le mot de Gœthe à propos des
études picturales de Delacroix sur le Faust : < La puissance
supérieure d'imagination d'un tel artiste nous oblige à nous
figurer les situations telles qu'elles se sont offertes à sa pensée. «
Decamps : le Singe savetier, vigoureuse et lumineuse sépia
 
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