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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0018
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SALON DE 1B75. 9

qui pis est, — une olla podrida dans laquelle Millet se heurtait à Meissonier, Puvis de Chavannes à
Bonnat, et Gérôme à je ne sais plus qui, peut-être bien à M. Matout.

Il y a des gens qui aiment la macédoine culinaire, — affaire de palais vicié ; — moi qui ne suis
cependant pas gourmand, je l'ai en horreur ; —jugez ce que je dois penser de la macédoine artistique !

Je viens de vous dresser le débit du bilan de M. de Chennevières ; voyons son avoir :

i" L'exposition des Musées de province ;

20 L'Académie nationale des artistes français.

Je m'entends déjà traiter de vil flatteur. Un instant de patience, je vous prie ; vous avez l'invective
trop prompte.

Je loue, et sans réserve aucune, la pensée d'exposer à Paris les Trésors d'art des Musées de pro-
vince et je ne saurais trop blâmer les municipalités qui ont fait échouer cette intelligente exhibition ;
elle eût été du plus haut intérêt pour la capitale et pour tous les départements surtout. Personne n'est
moins que moi fanatique de centralisation, et c'est précisément au nom de la décentralisation que j'ap-
prouve vivement la mesure proposée qui est venue si piteusement échouer devant les plus misérables
préjugés de clocher.

Pour un habitant des départements qui se rend dans l'un ou l'autre chef-lieu, il y en a cent au
moins qui font régulièrement le voyage de Paris. Il est donc puéril de dire que l'exposition n'eût été
utile qu'aux Parisiens; la vérité, c'est que la population flottante de la grande ville aurait été renforcée
dans d'énormes proportions, grâce surtout au déplacement de tous les hommes de loisir et de goût de
la province, de tous ses lettrés, de tous ses artistes. Si beau, par exemple, et si admirablement organisé
que soit le Musée de Lille, celui qui prime indiscutablement toutes les autres collections départe-
mentales, soyez certain que bien peu de personnes en France se dérangeront uniquement pour aller
visiter la galerie lilloise ; on n'aurait au contraire pas hésité du moment où l'on aurait eu la certitude
d'en pouvoir étudier les œuvres les plus précieuses en même temps que celles de toutes les collec-
tions départementales.

Mais si importante que pût être cette considération, elle n'était que secondaire comparée à des
avantages bien autrement considérables que les principales villes de France eussent infailliblement
conquis par le seul fait de cette exposition initiatrice.

En provoquant une première tentative de cette nature, l'administration des Beaux-Arts, si essen-
tiellement routinière, posait un acte qui l'engageait personnellement à une prochaine et constante
réciprocité; M. de Chennevières ne l'ignorait pas et ce n'est point un mince mérite que d'avoir voulu
faire enfin entrer la France officielle, pusillanime au possible en matière de progrès, dans la voie
féconde où l'Angleterre marche librement de succès en succès depuis la fondation du South Ken-
sington Muséum. Au lieu de comprendre la portée de la proposition du directeur des Beaux-Arts, au
lieu de pousser à sa brillante réalisation, la plupart des municipalités se sont mises à l'encontre
mues par les considérations les plus mesquines. Il va sans dire que je ne prends pas un seul instant
au sérieux l'objection tirée du danger auquel auraient été exposés les tableaux. Est-ce que depuis plus
de vingt ans l'Angleterre, sans parler de la fameuse Exposition des Trésors dArt de Manchester, ne
fait pas circuler constamment de Londres à Dublin, à Edimbourg, à Liverpool, et de ville en ville,
mille œuvres d'art bien autrement fragiles que des tableaux? Est-ce que chacun ne sait pas que
jamais ces exhibitions successives n'ont été suivies d'un accident, tandis qu'elles ont formé le goût
public mieux et plus promptement que tous autres moyens, et permis au Royaume-Uni, dont les
applications de l'art à l'industrie avaient soulevé la risée générale en 1851, de se poser en bien des
choses comme un rival avec laquelle la France doit désormais compter? Est-ce que les Italiens ont eu
de ces terreurs niaises quand il s'est agi d'organiser les deux expositions rétrospectives de Milan, ou
les Hollandais, lorsqu'ils ont réuni à Amsterdam les richesses artistiques de leur illustre passé dans
les galeries de la Société Arti et Amicitiœ? En France même, a-t-on hésité à faire voyager d'un bout à
l'autre du pays des milliers d'objets précieux destinés à l'exposition des œuvres d'art religieux à Lille?

Se prêter à enrichir la réunion temporaire à Paris des meilleures toiles des musées départemen-
taux, c'était s'assurer par tout le pays une succession ininterrompue d'exhibitions de Trésors d'Art de
toute nature et y acclimater les mœurs administratives que nous admirons tant en paroles chez nos
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