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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Du Bois, Jules: Chronique néerlandaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0026

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CHRON IQ.UE NEERLANDAISE

[Correspondance particulière de l'Art.)

La Haye, 28 avril.

epuis deux ans .il se produit en Hollande, en ! le tohu-bohu le plus indescriptible du monde. Il y a là des anti-
faveur de l'étude des beaux-arts et de la conser- ' l^tés du moyen âge et de la Renaissance, des objets historiques,
vatior. des monuments, un mouvement heureux des collections chinoises et japonaises, des produits de l'Afrique
qui mérite d'être signalé. Pendant un demi-siècle j ec des Antilles, mêlés à des babioles insensées et à des jouets
le gouvernement, les municipalités, les fabriques j d'enfant. Point de catalogue, cela se comprend : on serait bien
d'église se sont rendus coupables de nombreux actes de vandalisme, empêché d'en faire un d'un bazar étourdissant comme celui-ci. Le
et la nation hollandaise, jadis si artistique, donnait à l'Europe civi- [ directeur du cabinet des tableaux, qui cumulait cette fonction avec
lisée le spectacle de la plus coupable négligence envers ses monuments j celle de secrétaire général aux affaires étrangères, n'a pas pen-

et ses objets d'art. Il n'y a pas de pays où les édifices du moyen
â<?e et de la Renaissance, où les églises et leurs trésors aient été
plus scandaleusement détruits, abîmés, dégradés et spoliés. Les
effets de cette barbarie en plein xix" siècle ne se sont pas fait
attendre. L'art en Hollande, si l'on excepte une demi-douzaine de
peintres et une couple d'architectes de premier ordre, se trouve
aujourd'hui dans une situation déplorable. La sculpture y est
nulle, l'architecture produit des choses tout à fait bouffonnes, et
il n'y a que les curés catholiques qui depuis une dizaine d'années
fassent édifier des églises qui aient le sens commun : les édifices
que construisent les villes et le gouvernement continuent à se dis-

dant trente-cinq ans trouvé le temps d'en faire un, jusqu'à ce
qu'un jeune avocat de la Haye, M. de Stuers, prit sur lui, il y a
quelques mois, d'écrire un catalogue, illustrant pour la première
fois d'une façon méthodique les trésors que le cabinet contient.

Depuis quelque temps il y a lieu d'espérer que cette situation
honteuse s'améliorera. Quelques hommes qui ont l'mstinct de
l'art et le goût du beau n'avaient pas discontinué de faire
des efforts malheureusement toujours stériles pour amener une
révolution dans l'état des choses et pour réveiller l'attention du
public et du gouvernement. Le dernier coup de collier fut donné
vers la fin de 1873, Par 1111 écrit de RI. de Stuers, dans lequel,

tinguer par une absence complète de goût et de science architec- j sans s'inquiéter des récriminations et de la mauvaise humeur de
tonique : enfin, — chose grave, parce qu'elle touche directement ceux dont la négligence en fait d'art était notoire, il dévoila impi-
aux intérêts matériels d'un peuple, — l'art industriel en Hollande toyablement l'incurie du gouvernement, l'apathie du public, le

n'existe qu'à l'état informe, et jusqu'à présent les hommes qui ont
tâché de porter l'attention sur cette branche de l'art, ne sont pas
encore parvenus à secouer la léthargie ni du peuple ni du gou-
vernement.

L'incurie du gouvernement en ces matières est devenue pro-
verbiale et les Hollandais étaient si bien habitués à cette incurie
que, pendant quinze ans, plusieurs hommes d'Etat ont pu avec

vandalisme régnant partout en maître et la décadence du goût
devenue générale.

Cette brochure, qui touchait la plaie du doigt, fut saluée avec
joie par tous ceux qui avaient conservé le culte des beaux-arts.
Par bonheur le ministre de l'intérieur qui gouvernait à cette
époque, M. Geertsema, était un homme éclairé et de bon vouloir.
Il comprit qu'il y avait quelque chose à faire, et il institua une

succès cacher leur manque absolu de goût artistique et voiler commission des monuments d'histoire et d'art, qui reçut pour

leur désastreuse négligence envers les intérêts de l'art sous un
paradoxe célèbre en Hollande : j L'art est une chose dont le
gouvernement n'a pas à s'occuper. » Pendant de longues années le
gouvernement en effet ne s'occupait des beaux-arts que pour
rogner annuellement le budget cjui leur était affecté. Il ne s'occu-
pait ni des exigences de l'art dans les édifices publics, ni de la
conservation des anciens monuments, ni des écoles d'art, ni même
des splendides collections d'art qui remplissent les musées de
l'Etat, et, il y a quelque temps, on résolut même d'abroger un
ancien arrêté royal qui avait été pris en vue d'empêcher la dé-

mandat de conseiller le gouvernement au sujet de toutes les
questions touchant au domaine de l'histoire et de l'art, et notam-
ment les monuments anciens, les musées et les édifices à con-
struire aux frais de l'Etat.

RIalgré certaines résistances qui n'ont pu échapper au public
et qui, d'ailleurs, n'ont rien d'étonnant, cette institution, qui ne
fonctionne que depuis une année, a néanmoins déjà porté des
fruits. Elle a surtout su réussir à appeler l'attention des Hollan-
dais sur une foule de questions qui jusqu'à présent semblaient
oubliées, et son avènement a marqué l'heure dernière de l'incurie

vastation des églises. traditionnelle et de la négligence officielle.

Les Français qui ont visité les musées de la Hollande doivent
souvent s'être demandé avec étonnement comment la richissime
patrie de Rembrandt et de Hais pouvait loger des collections
artistiques d'une valeur énorme dans des bouges infects qu'on
ose décorer du nom de Rlusée. L'installation du Musée d'anti-
quités et du Musée ethnographique à Leyde est quelque chose

Le repos solennel où sommeillaient le Mauritshms de la Haye,
ses deux collections et ses deux directeurs, a pris fin depuis ces
derniers mois. Le directeur du cabinet de tableaux a enfin pris
sa retraite et a été remplacé par RI. de Jonge, archiviste-adjoint
du royaume, un homme inconnu jusqu'à présent dans le monde
des arts, mais rempli d'activité et de bon vouloir. Sa première

d'inouï. Figurez-vous une maison assez petite où tout se trouve . visite après son entrée.en fonctions fut pour les combles du

entassé jusqu'au grenier. Le premier de ces musées possède des musée; il y découvrit sous les tuiles... cent sept tableaux plus

catalogues, le second n'en a pas ; mais ils en auraient tous les ou moins endommagés, chose qui n'est que naturelle si l'on songe

deux, que les directeurs ne seraient pas beaucoup plus avancés, que ces toiles n'avaient pas été remuées depuis 1815. Parmi ces

puisque la majeure partie des objets ne peut être ni étudiée tableaux on en cite de fort remarquables, entre autres deux pein-

ni même aperçue. Cures de Martin Heemskesk, un Titien, un paysage de Van

Le musée des tableaux à Amsterdam est dans les mêmes con- Huysum, une vingtaine de portraits de Van Ravesteyn, des

ditions : la Ronde de nuit de Rembrandt est honteusement Honthorst, etc.

déposée dans une chambre basse et obscure : les escaliers, les II fut décidé que le bâtiment entier du musée serait affecté au

couloirs sont bondés de toiles, et on prétend que les combles en cabinet de tableaux et que les curiosités ethnographiques qui

conservent quelques centaines qui ne voient jamais le jour. encombrent le rez-de-chaussée seraient installées dans une maison

Enfin, à la Haye, nous avons dans le Mauritshuis deux j avoisinante, qu'on vient de louer à cet effet,
collections distinctes qui chacune occupent un étage de l'édifice : Une partie des objets qui peuplaient ce cabinet de curiosité

au premier étage se trouve une collection de tableaux. Le rez-
de-chaussée contient un soi-disant cabinet de curiosités, qui forme

ne s'y trouve du reste déjà plus depuis quelque temps. Ils ont été
transportés dans un local où la commission des monuments esc

Tome II. 3
 
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