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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0118

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io6 L'ART.

De Vigne : Domenica1 n'est autre chose qu'une petite Italienne agenouillée et priant. Mais le type, le
costume, ne sont pas seuls à être essentiellement contemporains; l'expression ne l'est pas moins, ce
qui n'empêche pas cette charmante figure, d'une grâce si décente, d'être bien l'incarnation de la prière.
Et c'est par là que triomphe cette œuvre si distinguée ; elle pouvait n'être qu'une aimable statuette,
tandis que c'est bien une œuvre. Ne crée pas qui veut. J'insiste d'autant plus sur le mérite de M. Paul
De Vigne qu'il n'est pas commun chez ses compatriotes et qu'en outre l'exécution de ce plâtre per-
met de bien augurer de sa traduction en marbre ; on est en droit d'espérer qu'il saura se garer des
rondeurs inhérentes en général au faire des sculpteurs belges. Vous en avez un exemple frappant dans
la statue de M. Fraikin : une Mère", et malheureusement ce n'est pas la mollesse qui est son prin-
cipal défaut; c'est la conception même qui est vraiment déplorable et qui étonne de la part de cet
homme de mérite. M. Fraikin nous montre une jeune femme vêtue d'un costume moderne et allaitant
son enfant ; mais désireux sans doute de prouver qu'il sait traiter le nu, — c'est vraiment la seule
explication admissible, — il a eu la fâcheuse pensée de relever terriblement la jambe gauche qui est
nue et de non moins relever la robe qui couvrait cette jambe. Inutile d'ajouter que ce marbre verse
immédiatement dans la statuette, et qu'au lieu de créer un type, comme le fait supposer le titre, l'artiste
n'a engendré qu'une œuvre hybride, répulsive au sentiment élevé qu'elle devrait inspirer, profondé-
ment choquante par le contraste de cette nudité partielle si étrangement détaillée qu'elle provoque
l'attention au détriment du sujet même. Le pied droit, très-correctement chaussé, et la chaussure du
pied gauche, que l'on aperçoit posée avec soin sous le siège pour accentuer davantage encore le côté
égrillard d'un nu aussi peu en situation que possible, vous font bondir ; on est révolté quoi qu'on en
ait. De pareilles erreurs peuvent seules rendre indécente la nudité sculpturale, qui sans cela ne frois-
sera jamais les natures droites, les esprits sains et moraux.

C'est aussi un sujet moderne qu'a traité M. Bartholdi, dont on sait tout le talent. Faire un
Champollion monumental n'était pas chose aisée. L'artiste s'en est tiré à son honneur, mais ce n'est
point là un de ces ouvrages qui ajouteront à sa légitime réputation; la faute en est au sujet.

Paul Leroi.

(La suite au prochain numéro.)

1. n° 30;j.

2. n° 3079.
 
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