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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [6]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0152
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SALON DE 1875. 137

La Rêverie est une charmante jeune femme, dont le corps est perdu dans un élégant désha-
billé de velours rouge, et que l'on voit de face, assise dans un vieux fauteuil ou elle se replie déli-
cieusement sur elle-même, un sourire enivrant lui voltigeant aux lèvres, et ses yeux, tout baignés
de séduisantes langueurs paraissant faire écho aux déclarations passionnées de quelque adorateur.

Chercher querelle à M. Jacquet serait par trop facile; il est clair que la jambe droite absente est
remplacée par des flots de pourpre ; il est non moins clair que la gauche semble être en bois et que la
lumière qui frappe si vivement le dossier du fauteuil n'a aucune bonne raison pour né pas éclairer
d'autant la jeune femme ; mais que voulez-vous, l'enfant prodigue nous est revenu et nous ensorcelle si
bien qu'il y aurait mauvaise grâce à lui adresser des reproches. Glissons donc sur ses défauts et ne
ménageons pas les applaudissements aux mérites nombreux que nous avons l'heureuse fortune de
retrouver en lui.

J'ai entendu critiquer vivement l'énorme dimension de la toile de M. Jules Goupil : En ijgs
(n° 957), et je dois reconnaître que de semblables proportions données à une simple figure de femme
en costume de l'époque, cela sent en effet un peu son « coup de pistolet ». Et cependant je ne saurais
me laisser entraîner à faire chorus; il y a là une tète d'une qualité de peinture tellement distinguée
qu'on ne saurait mieux plaider les circonstances atténuantes et gagner sa cause. Seulement l'indul-
gence ne saurait aller jusqu'à pardonner certain Intérieur d'atelier (n° 958), et surtout une terrible
robe gorge de pigeon, pour ne parler que de celle-là; en somme un tableautin tout à fait indigne du
talent de M. Jules Goupil de qui l'on est en droit d'attendre désormais des toiles de sérieuse valeur.

Passons aux douze médailles de deuxième classe.

M. Jules Bastien-Lepage continue excellemment l'évolution qui le met au rang des meilleurs
portraitistes; il se débarrasse chaque jour davantage de l'influence des mauvais exemples qu'il a reçus,
et rien n'est plus difficile pour un artiste que de s'affranchir d'une pernicieuse éducation première; il
ne s'occupe pas de s'assurer une clientèle, ni de la développer en sacrifiant la question d'art aux goûts
mondains de ses modèles; loin de lui la pensée de chercher à leur plaire par des grâces convention-
nelles, une exécution blaireautée, veule et exsangue. Il s'inquiète de faire vivant comme les vrais
maîtres : son Portrait de. M. H... (n° 97). et sa Communiante (n° 96) ne sauraient sous ce rapport être
trop loués, mais je place le portrait bien au-dessus de cette jeune fillette dont la naïveté excessivement
voulue ne m'est pas sympathique. Le modèle qu'il s'agissait de représenter brille aussi peu que possible
par la distinction du type et de l'allure; M. Bastien-Lepage a cependant résolu de le représenter dans
la position qui lui est la plus familière et il y. a réussi sans que lui, peintre, se montrât un seul instant
commun. Un conseil : les lèvres ont une tonalité légèrement violacée qui . peut être très-vraie, mais
contre laquelle l'artiste fera bien.de se mettre en garde, car je la trouve aussi dans la Communiante.

M. Henri Fantin-Latour triomphe également par le portrait; celui de M"c E. C... (n° 783) est
bon; ceux de M. et Mme Edwin Edwards (n° 784) constituent une des meilleures toiles du Salon, il n'y
manque que bien peu de chose pour atteindre à la perfection. Le peintre aquafortiste anglais est
assis occupé à examiner un portefeuille; l'attitude est la nature même prise sur le fait, la tête d'une
très-remarquable finesse de modelé, pense, réfléchit, étudie ; cette figure fait le plus grand honneur
à M. Fantin-Latour. Debout près de son mari, Mmc Edwards fait face au public qu'elle regarde.
Là est le défaut que nous avons à signaler et qui dépare légèrement cette belle œuvre que recom-
mandent encore une grande sobriété de coloris d'une extraordinaire justesse, une harmonie générale
tenue sur une seule note qui est la vérité même. Il eût fallu relier la figure debout à la figure assise ;
il suffisait d'un simple regard dirigé par la femme sur les planches qu'examine son mari et la
composition devenait une au lieu de se diviser.

La transition n'est pas facile de MM. Bastien-Lepage et Fantin-Latour à M. Camille Bellanger.
Son Portrait du colonel P... (n° 133) est sans aucun doute très-recommandable ; son Abel (n° 134) a
des morceaux bien étudiés, mais c'est une académie d'une froideur extrême et d'une ligne étrange.
Et puis quelle absence de variété.dans l'exécution !

Pour M. Alfred Delobbe, je jette ma langue aux chiens plutôt que d'avoir à deviner ce qui a
pu cette fois le signaler au jury; son Portrait de M"" de [la G... (n° 630) est tout à fait médiocre;
Une Fille des champs (n° 631) ne serait pas avouée par le plus faible des imitateurs de M. Jules Breton;
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