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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Carr, J. Comyns: Les dessins de William Blake, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0191

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LES DESSINS

DE WILLIAM BLAKE

ans la courte histoire de l'art anglais la carrière de Sir Joshua
Reynolds forme une brillante page. Parmi ses critiques posthumes il
a peu d'ennemis, et même pendant sa vie il n'a point manqué
d'éloges. Mais il s'est trouvé un artiste anglais, un contemporain du
grand portraitiste, qui a été son antagoniste déclaré.

William Blake, qui a parlé contre Reynolds et ses œuvres avec
plus d'amertume qu'aucun autre critique, était un peintre dont on
peut à peine penser que le jugement ait été influencé par le chagrin
d'une rivalité désappointée. Les deux artistes suivirent des voies
différentes dans la poursuite de leur art; leurs buts, de même que
leurs fortunes, n'avaient rien de commun. En aucun temps l'esprit public ne songea à la possibilité
d'une rivalité entre eux, et l'histoire nous apprend que lui et Reynolds ne se rencontrèrent que
deux fois dans leur existence. L'une de ces entrevues ne laisse paraître aucun signe d'inimitié du
côté de Reynolds qui, probablement, ne regardait pas les prétentions de Blake comme bien sérieuses.
« Eh bien! monsieur Blake, » lui dit l'aimable Président de l'Académie, j'entends dire que vous
méprisez la peinture à l'huile. » — « Non, Sir Joshua, » répliqua Blake, « je ne la méprise pas,
mais j'aime mieux la fresque. » A d'autres moments Blake a parlé avec plus de décision et de véhé-
mence au sujet de la peinture à l'huile telle que la pratiquait Sir Joshua. Il existe un exemplaire
des fameux discours de Reynolds, dont les marges sont couvertes de notes écrites par Blake.
Voici le jugement qui y est exprimé à l'égard de Reynolds. « Cet homme était né pour déprécier
l'art : c'est l'opinion de William Blake. » On pourrait multiplier les citations équivalentes, ou même
plus fortes; mais pour le but que nous nous proposons, la simple constatation de cet antagonisme
suffit. Quant aux critiques sur la valeur de Reynolds, tout ce que son adversaire en dit est sans
valeur, mais le fait qu'il méprisait la peinture de Reynolds et l'acharnement qu'il mit à condamner une
œuvre qu'il n'essaya jamais d'apprécier a son importance par rapport à sa propre peinture. La raison
véritable de cet antagonisme doit être cherchée, non pas dans l'appréciation de l'œuvre elle-même,
mais dans la divergence même de la conception artistique.

La peinture telle que la comprenait Reynolds répondait au sentiment général, Blake travailla
toute une longue vie sans autre récompense que l'estime de quelques hommes de goût et d'imagi-
nation. Ses qualités artistiques échappaient à l'appréciation anglaise, et son œuvre n'a point déplace
définie parmi celles de son temps; c'est seulement au point de vue plus large de l'histoire de l'art que
ses ouvrages méritent d'être pris en considération, et ce n'est peut-être qu'aujourd'hui seulement qu'ils
pourront être jugés équitablement. Quels qu'aient été les mérites de Reynolds et de Gainsborough,
ils n'étaient certes pas de grands dessinateurs; leurs œuvres manquent d'imagination et de poésie.
Toute leur grâce est superficielle, et leur poésie est quelque peu bourgeoise; la passion telle qu'ils la
comprennent ne sort jamais du cadre d'une vie calme et paisible. Les émotions qu'ils expriment n'ont
rien de profond, les caractères qu'ils analysent n'ont rien de compliqué ; ils s'attachent surtout à
rendre le charme et l'amabilité des existences ignorantes des problèmes difficiles et vierges des grandes
infortunes. L'art de Blake a un caractère essentiellement opposé. Quelles qu'aient été ses fautes (et
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