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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Soldi, Émile: La sculpture égyptienne, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0208

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i86

L'ART.

le basalte, le jaspe, la diorite et la serpentine, pour qu'on les employât communément; on ne
s'en servait généralement que pour les objets de petites dimensions.

Les matériaux les plus ordinaires étaient les briques non cuites. En général toutes les maisons,
les murailles qui entouraient les villes et les monuments, étaient construites avec ces briques1. Enfin
on constate également l'emploi fréquent du calcaire pour les stèles, les bas-reliefs et les statues,
dans les circonstances qui imposaient l'économie qu'offrent ces matières par leur peu de difficulté
au travail. Le grès même fut mis en usage à compter du moyen empire, étant probablement
recouvert de stuc sur lequel on gravait les inscriptions et les représentations figurées.

C'est le caractère de la jeunesse d'un peuple, comme de celle d'un individu, de ne douter de
rien, de tout entreprendre et de réussir en partie par la force même de la volonté. Voilà ce qui
explique comment les Égyptiens s'attaquèrent de très-bonne heure à des matières aussi dures et
aussi rebelles au travail que le granit, le basalte, la diorite, mais l'on a cru à tort qu'ils en furent
vainqueurs; ce furent ces matériaux qui imposèrent à leurs œuvres une tournure si grandiose, en
les forçant à rester dans le caractère architectural, à ne pas sortir de la verticale et de l'horizontale,
en leur imprimant cette raideur solennelle, cette simplicité de lignes, cette sobriété de détails qui
en font des modèles de grandeur de -style et de compréhension sculpturale.

On ne peut nier l'immense influence des procédés et des matériaux sur l'art. « On doit tenir
compte dans tout art, a dit justement M. Caro, d'un certain nombre de données premières abso-
lument indispensables, c'est un minimum de conditions dont le génie même ne dispense pas le
poète ou l'artiste. Macaulay a dit avec raison qu'Homère, réduit au langage d'une tribu sauvage,
n'aurait pu se manifester à nous et que Phidias n'aurait pas fait sa Minerve avec un tronc d'arbre
et une arête de poisson. Aucun art, même le plus intellectuel, ne peut s'affranchir de ces données,
que lui fournit la matière. »

Ce sont ces procédés que nous allons expliquer aussi succinctement que possible, mais toutefois
en'entrant dans des détails dont l'aridité aura pour excuse l'exactitude nécessaire à nos recherches.
Tout le monde a présent à l'esprit ce caractère de vie immobile, de mouvement figé, propre aux
statues égyptiennes, figures massives et roides dont les jambes sont rapprochées l'une de l'autre
et les bras collés au corps. Eh bien, nous croyons pouvoir affirmer que ces productions abrégées,
concises jusqu'à la sécheresse, doivent ce caractère aux difficultés qu'ont éprouvées les Égyptiens
à toutes les époques pour vaincre les matériaux, que les différentes raisons indiquées plus haut
leur avaient imposés. L'art monumental n'aurait pas ce caractère de raideur et de solidité, si dès
l'origine le bronze eût été mis à contribution.

Les égyptologues, se basant sur la quantité des monuments en pierre dure et la promptitude
des opérations sculpturales égyptiennes, ont supposé des procédés particuliers et inconnus. Nous
ne pensons pas que les moyens employés par les Égyptiens aient été différents des nôtres. En principe,
c'est surtout par le martelage ou le frappage à plat que l'on taille le plus facilement le granit.
On se sert d'abord d'un gros outil nommé pointe, que l'on fait entrer dans la matière afin de la
faire éclater à l'aide d'une masse. Cette pointe, outil des plus simples, est celle qui nous semble
avoir le plus souvent et le plus longtemps servi aux Égyptiens, non-seulement à tailler et dégrossir
les blocs, mais aussi à détailler la coiffure et à creuser des hiéroglyphes. Naturellement cet outil
ne peut tracer des sillons nets et droits, comme le ferait le ciseau, et nous retrouvons bien le
caractère propre du travail qu'il produit dans ces lignes éclatées et irrégulières que nous constatons
sur la plus grande partie des monuments du Louvre. Son effet le plus grossier se remarque distinc-
tement dans des parties non terminées, non polies, par exemple sur une portion de la colonne en
granit (G. 134) au Louvre.

L'outil qui vient ensuite, dans la série de ceux qu'on emploie aujourd'hui, est la boucharde, sorte
de marteau, dont la tête est formée d'un assemblage de pointes disposées symétriquement. La
boucharde, pour nous servir d'un terme technique, dresse assez bien le travail, et nous ne pouvons

t, Nous signalons au lecteur l'excellent chapitre sur les matériaux, dans VHistoire de l'architecture égyptienne^ de M. le comte de Merval.
Hachette, 1873.
 
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