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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Salon de 1875, [9]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16675#0231
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L'ART.

choix de ces deux artistes comme les représentants des deux expressions les plus ambitieuses de
style que nous offre le Salon. » L'auteur se hâte d'ajouter qu'un petit nombre d'individualités ont su
donner à leur pensée un caractère plus élevé, et que, dans des genres inférieurs, le Salon renferme
quelques tableaux excellents, sans aucun doute, au moins autant que la Royal Academy.
Examinant le rôle de la critique, il ajoute :

« Mais quoique l'Art français et l'Art anglais soient réellement cette année dans une situation
aussi peu brillante l'un que l'autre, l'attitude de la critique dans les deux pays (et par conséquent
l'attitude du public) est bien différente. A Paris la critique d'art est sous tous rapports bien plus
avancée que chez nous. Dans trop de nos journaux, l'étude de l'exposition de la Royal Academy n'est
guère mieux qu'un procès-verbal complimenteur, et nous ne possédons que peu de journaux de haute
réputation, de grande autorité, qui traitent exclusivement des questions d'art. Les résultats de l'im-
perfection de ce système sont manifestes dans une circonstance comme celle qui nous occupe. Nous
avons une mauvaise exposition, inférieure à coup sûr à toutes celles que nous avons vues depuis cinq
ans, et le public est induit à croire, non-seulement par le prince de Galles, mais aussi par la Presse,
qu'elle est en tous points égale aux précédentes. Telle est la vraie et déplorable cause de notre déca-
dence artistique. Une sorte de banale complaisance remplace une vive censure, et les critiques sont
ou incapables d'indiquer et de condamner la faiblesse native de notre style, et l'éducation imparfaite
de nos artistes, ou indifférents à signaler ces défauts. Mais les écrivains français n'ont pas cette indul-
gence pour les erreurs des peintres, leurs concitoyens. Prenons pour exemple l'opinion de M. Paul
Leroi sur le Salon de cette année. M. Leroi écrit dans une revue périodique intitulée l'Art, qui a été
récemment fondée à Paris. La direction énergique et le succès de ce recueil sont par eux-mêmes des
faits qui témoignent de la position élevée conquise par la critique d'art en France. L'Art paraît chaque
semaine, et ses pages sont accompagnées d'eaux-fortes et de gravures sur bois qui illustrent l'histoire
et les progrès de l'Art. On n'y trouve pas de dessins des événements quotidiens, de cérémonies reli-
gieuses dans les villes de province, etc., mais des reproductions de croquis et de compositions d'ar-
tistes, et de belles planches d'après les chefs-d'œuvre incontestés de la peinture. Et M. Paul Leroi,
écrivant dans ce journal, a le courage de parler du Salon comme peu de critiques anglais oseraient le
faire à propos de la Royal Academy. Il caractérise en deux mots la moyenne des tableaux exposés
cette année, comparés à ceux des années précédentes; « fort pauvre, » dit-il tout bonnement, au lieu
de les proclamer « au-dessus de la moyenne habituelle » ou de parler de « la puissance de l'art fran-
çais toujours sans égale ». Quant au jury et à la façon dont il a rempli son mandat, il est d'avis « qu'il
s'est montré d'une indulgence extrême et a toléré l'admission d'œuvres tellement informes qu'elles ne
touchent à l'art par aucun côté ». Et lorsque le même critique étudie M. Cabanel, un peintre
renommé en France et donné en exemple aux élèves, il n'hésite pas à s'exprimer avec une entière
franchise au sujet de ses œuvres. M. Cabanel n'est pas seul critiqué ; d'autres œuvres à grandes
prétentions ne sont pas moins clairement condamnées. De la sorte, on empêche une pauvre exposition
d'exercer la plus désastreuse influence sur le goût public; en Angleterre, pareille critique des favoris
populaires serait considérée comme audacieuse, si même on ne la déclarait un manque de cour-
toisie. Pour certaines raisons parfaitement inexplicables, il semble exister un accord tacite de traiter

l'Art comme nous en agissons envers un mort et de ne rien en dire qui ne soit favorable.....Il y a des

tableaux à l'Académie, — et on peut en compter par demi-doiizaines, qui sortent des ateliers de
Royal Academicians et qui ne méritent que la plus sévère critique. Mais parce que nous, dans notre
folie, nous avons — ou eux-mêmes et leurs collègues — assigné à ces hommes une place à vie
parmi l'aristocratie du génie, parce que nous nous sommes compromis pour les poser en peintres de
mérite, pas un mot ne leur est adressé qui ne soit un doux compliment. La généralité du public qui
comprend ceux qui ont besoin d'être renseignés et qui le désirent, est ainsi amenée à croire que des
peintres tels que M. Horsley et M. Frith sont réellement de grands artistes. Il n'en est pas de même
de la minorité qui a du goût et du discernement ; mais il en est de notre art comme de notre religion ;
il règne une sorte de décorum accepté, d'après lequel il doit exister une opinion pour les gens intel-
ligents et une autre pour les masses, et, de la sorte, des deux parts, le scepticisme se dissimule sous
des apparences trompeuses. »
 
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